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Carte plate de la Cote d'Angola, pour servir aux voyages de L. De Grand Pré, levée par luimeme en 1787; Quibangua et intérieur d'un comptoir européen sur la cote d'Angola en Afrique; Sanga; Noir au bois Mayombe; Plan du cap de Bonne Espérance crt. ...Télécharger gratuit Voyage à la côte Occidentale d'Afrique, fait dans les années 1786 et 1787 contenant la description des moeurs, usages, lois, gouvernement et commerce des États du Congo, fréquentés par les Européens, et un précis de la traite des Noirs, ainsi qu'elle avai pdf
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continue. *■
Page 2 <j5 , 7/£. 3 , je n’aurais 5 Zita? je naurai.
VOYAGE
A LA CÔTE OCCIDENTALE
D’ AFRIQUE,
Fait dans les années 1 786 et 1 787 ;
Contenant la description des mœurs, usages j
lois, gouvernement et commerce des États du Congo,
fréquentés parles Européens , et un précis de la traite
des Noirs , ainsi quelle avait lieu avant la Révolu**
tion française $
Suivi d’un Voyage fait au cap de Bonne-Espérance ^
contenant la description militaire de cette colonie.
Par L. DEGRAN DP RÉ, Officier
de la Marine française. 1
ORNÉS DE VUES, CARTES, ET DU ELAN
DE LA CITADELLE DU CAP.
TOME SECOND.
PARIS, *
DE NT U, Imprimeur-Libraire, Palais du Tribunal,
galeries de' bois , n.° 240.
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VOYAGE
A I, A COTE
OCCIDENTALE D’AFRIQUE.
CHAPITRE IV.
V
Commerce et Ports .
O n sc rend a là coté d Angola par Rouies,
deux routes distinguées sous les noms
de petite et grande route ; la grande
consiste à passer entre les îles et le
cap Verd , à laisser courir au sud-
ouest pour couper la ligne à-peu-près
par z5 degrés de longitude, occidentale
de Paris. Les vents variables facilitent
ce passage, et lorsqu’on est parvenu
dans la bande des vents généraux , on
serre le vent pour la traverser. Cette
manœuvre approche de la côte du Bré-
sil , où l’on ne tarde pas à trouver lés
2. 1
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vents de ouest; on revient alors vent
arrière sur l’Afrique , et l’on territ
entre 20 et 2 5 degrés de latitude , d’où
l’on redescend facilement la côte avec
vent et marée. Cette manœvrc est à-
peu-près la même que celle que l’on
emploie lorsqu’on veut aller au cap
de Bonne-Espérance. *
Pour prendre la petite route , il faut
encore passer entre le cap Verd et les
îles de ce nom ; puis , dès que l’on
quitte les vents alizés , serrer à l’est
le plus qu’on peut pour terrir au sud
du cap Gonzalvo ou Lopez-Gonzalvo ,
que nous appelons cap de Lopc. On
rencontre dans ce parage des brises
régulières de sud-ouest tous les après-
midi , et les matins on reçoit une brise
de terre ; la nuit il fait calme ; les sizi-
giés sont marquées par un reverse-
ment de courant qui porte alors au
sud , on en profite pour remonter ; on
vient mouiller tous les soirs près de
terre par huit ou dix brasses : de là k
*
( 3 )
quatre heures du matin on appareille
pour courir au large ayec la brise de
terre, on mouille par cent vingt brasses,
et la brise de sud- ouest qui souffle vers
une heure, ramène à terre. Si pendant
ce tems les courans remontent , cette
manœuvre conduit en fort peu de jours
à la destination que Ton a en vue.
Cette route est généralement préfé-
rée, on prétend que le pis-aller est d’être
aussi long - tems à se rendre de cette
manière que par la grande route. Mon
opinion n’est pas telle , je pense qu’elle
est dangereuse quant à la durée. Il
s’est trouvé un vaisseau dont la tra-
versée par cette route a duré onze
mois ; en un mot , sa longueur dépend
du bonheur que l’on peut avoir , car
on ne peut compter sur rien de cer-
tain à cet égard , tout étant subordonné
aux courans que l’on rencontre sur la
côte , et au plus ou moins de calme
que l’on éprouve depuis les vents alizés
jusqu’au passage de la ligne.
i-
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1
(4 )
La grande route au contraire est
infaillible , elle peut n’être pas aussi
courte que l’autre , mais elle n’est assu-
jétie à aucun événement, et n’a rien
d’incertain.
Ste-Cathe- ' En venant par la petite route , le
iüe '* premier endroit abordable que l’on
reilc ontre , est cette petite baie que les
Portugais ont nommée Sainte -Cathe-
rine. 11 y a un village en cet endroit ,
mais il est petit et misérable ; j’ai déjà
dit que le chef de ce petit état s’est
soustrait à la domination du roi de
Mayombe , et s’est rendu indépendant
sous la suzéraineté du roi de Loango.
Ce port n’ offre aucune ressource , on
peut y faire de l’eau et traiter en pas*
sant quelques rafraîchissemens et peut-
être une demi-douzaine de Noirs : mais
«
il serait imprudent de se fier de prime-
abord aux habitans. Ils ont la réputa-
tion d’être traîtres et malfaisans. L’u-
sage est d’armer les bateaux avec pré-
caution, lorsqu’on se décide & commu-
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C 5 )
niquer avec eux. En général le pays
offre si peu de ressource f qu’il ne vaut
pas la peine qu’on y perde vingt-quatre
heures/ si l’on n’a pas d’autre objet
que de commercer.
En tirant vers le sud / on rencontre Majorai,
la baie de Mayombe par la lat. mérid.
de d deg. et demi rcet endroit vaut
mieux pour la traite que le précédent y il
se reconnaît à une terre ronde et assez
haute / tombant brusquement pour for-
mer l’entrée de la baie. On doit navi-
guer avec précaution , dès que l’on
arrive* par dix brasses. Droit dans le
nord-est de l’entrée, il y a un rocher sur
lequel il n’y a que deux brasses d*eau,
et au pied duquel il y à sept brasses
tout autour. C’est le seul écueil que
F on puisse trouver depuis le cap
de Lope jusqu’à Loango. Si l’on se
trouve à Mayombe , lors du passage
d’une horde destinée pour un des trois
ports ordinaires ou la traite abonde ,
on peut tFaiter une centaine de captifs.
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( 6 )
Cette traite n’est pas mauvaise, ce-
pendant les hommes ont la fibre molle,
ne sont point propres à la fatigue ,
et sont plus sujets que bien d’autres
au scorbut.
Si le besoin sans cesse renaissant
d’esclaves à Saint-Domingue n’avait
pas concentré toutes les spéculations du
commerce de cette côte dans l’achat des
Noirs, on aurait pu former quelque
branche lucrative d’échange dans le
port de Mayombe. Les habitans de ce
pays sont plus intelligens que ceux
des autres royaumes ; eux seuls tra-
vaillent le cuivre , ce sont ordinaire-
ment eux qui procurent l’ivoire que
l’on achète dans les autres ports ; ils
connaissent le gommier, et quelquefois
ils ont vendu de la gomme ; il ne fau-
drait que les encourager pour établir
chez eux des marchés abondans . dans
ces trois objets.
L’endroit est sûr,» le mouillage est
bon, et les Noirs y sont assez doux;
( 7 )
<m peut se fier à eux sans risque. *Uir
petit vaisseau auquel il ne faut que
deux cents esclaves, peut en traiter la
moitié à Mayombe , et venir achever le
reste àLoango avec supériorité; mais
un grand vaisseau ne doit point songer
à ce port , et doit aller d’emblée à
Malembe.
Tout ce que je dis au surplus dans
ce chapitre est assez inutile, si l’on
n’est pas obligé par la suite de recourir
encore à l’Afrique pour fournir des
bras aux Antilles. Je n’écris donc ici '
que pour ceux que le commerce pourra
conduire dans ce pays ; les autres n’y
trouveront qu’un récit, dont le seul
usage serait de fournir quelques nuan-
ces au tableau des misères humaines.
En continuant vers le sud on trouve Quilou
la rivière de Quilongue : cette rivière
est -dans la dépendance immédiate de
Loango ; et comme les bateaux y vont
quelquefois en traite * le roi y tient un
mafouc Indépendamment du gouyer-
(8 )
neur. Il est d’usage que les vaisseaux
qui font leur séjour à Loango , en-
voient leurs chaloupes traiter une
douzaine de captifs en ce petit en-
droit. L’approche de cette rivière n’est
pas facile , la mer deferle avec fureur
sur la barre , on reste en-dehors , et
les pirogues du pays apportent à bord
la traite et les vivres ; on ne fait aucuns
paiemens à terre , tout se fait à bord ;
on descend rarement sur le rivage r
parce que le débarquement est si dif-
ficile , qu’un tiers des pirogues chavi-
rent en passant la barre. Les. Noirs de
Quilongue sont voleurs, mais point
dm tout médians ; ils sont craintifs
comme ceux des trois autres ports.
Loango. Cinq, lieues au sud de cette petite
rivière on arrive à Loango : cette
baie se- reconnaît à des falaises ronges*
qui sur les huit heures du matin sont
frappées des rayons du soleil r qu’elles
réfléchissent de manière à ressembler
à des flammes. L’entrée de kt*baie est
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( 9 )
dangereuse et barrée d’un bâtie de.
rochers y qui part de la pointe du sud
et vient jusqu’au - delà de moitié
baie. On doit s’entretemir par tlix et
douze brasses , sans moins , jusqu’à ce
qu’on ait amené le bois maquimbe
au sud-est. On nomme ainsi un petit
bosquet de palmier, qui se remarque
sur une iriK^ntagifie au fond de la baie*
et qui est éloigné d’un quart de lieue
du bord de la mer : alors on peut
donner dedans en gouvernant &uçl-esfc*
c’est-à-dire , sur le milieu de; ce bois
maquimbe; on vient mouiller par quatre
brasses, l’on affourché nord-est et sud-
ouest ; la plus forte au sud-ouest a un
petit quart de lieue de terre.
La traite de ce pays est alternative,
tantôt fort abondante , et tantôt très-
faible; un grand vaisseau ne doit s’y
fixer, que lorsqu’il sait que les autre»
ports sont pleins , et qu’il craint une
concurrence qu’il ne peut pas balan-
cer. Les Noirs de Loango» saut moins
( lo )
difficiles sur les marchandises que ceux
de Malembe, et lorsqu’on en a d’infé-
rieures , c’est un motif de se fixer en
ce port où l’on parvient à les passer ;
ce que l’on ne saurait faire ailleurs.
Dans ce cas , il faut que pour profiter
de toute la traite Mayombe , le capi-
taine l’empêche de passer à jyialembe ;
il faut qu’il ait assez de crédit et fasse
assez de sacrifices , pour faire boucher
les chemins entre lui et les autres
ports, au moyen de quoi les marchands
ne pouvant passer, sont forcés de re-
fluer chez lui.
• La traite se fait sur une petite mon-
tagne située sur le bord de la mer : je
ne sais pourquoi l’on a prétendu que
ce pays était mal-sain, et que l’on ne
pouvait coucher à terre sans s’exposer
à des maladies graves: il en résulte
que l’on vient tous les soirs coucher
à bord. On n’est jamais bien établi à
terre, on est toujours en camp volant,
et 1,’on est forcé d’abandonner le soir.
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( II )
aux habitans du pays , les coffres > les
marchandises , et généralement tout
ce qui sert au commerce. Cette apti-
tude est gênante , et sur-tout lorsqu’il
y a un raz de marée , l’embarquement
est difficile alors , et il n’est pas rare d’y
chavirer, car l’on ne peut mettre à terre
qu’avec des pirogues.
J’ai bravé le préjugé , et j’ai sou-
vent couché à terre sans qu’il me soit
arrivé d’accidens ; il est vrai que je
couchais tantôt àBanze, et tantôt dans
les petites terres voisines appartenantes
à quelques-uns de mes courtiers. Je
suis persuadé que cette coutume de se
rembarquer tous les soirs a été établie
par les Noirs , qui n’aiment pas à voir-
ies Européens faire chez eux des éta-
biissemens fixes , et que les premiers
-accidens qui ont fait au pays la répu-
tation d’insalubrité étaient dûs au poi-
son qu’ils passent pour savoir parfai-
tement administrer.
. C’est encore par obstination dans les
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( ti )
anciens u sages , qu'ofc resté sut cette
montagne ; car rien ne serait plus aisé
que de se fixer ailleurs. Il y a entre le
rivage et la terre un lac, que Ton
appelle Baracliouas ; on en trouve
beaucoup sur toute cette côte. Ce lac
communique à la mer , dans le tems
des raz de marées , parce que la lamé
surmonte le rivage. Ou bien On y fait
une ouverture, mais lorsque la mer est
devenue tranquille, alors la communi-
cation se referme , et le Bara/cÈtouas
s’égoutte par la filtration au travers des
sables. Quand il est à moitié vide, on le
passe facilement à gué , mais quand* il
est plein , il est fort dangereux: ; il ne s’é-
coule pas d’année sans accident. Je l’ai
souvent vu rempli au point de ne pou-
voir le traverser en kamac sur l'a tête
des Noirs, et cependant il faut le passer
pour arriver au lieu de la traite , où
les comptoirs sont établis.
Les esclaves qu’on amène à ce mar-
ché sont de la nation nonftnée Monte-
C *3 )
que ou bien Mayombe , ou enfin Qui-
bangue î ces derniers appartiennent à
une petite peuplade fort peu nom-
breuse de l’intérieur de l’Afrique. Ce
sont les plus beaux N oir6 que l’on puisse
voir, ils sont supérieurs auxCongues,
ils sont bien faits, très-noirs, d’une
jolie figure, et ont les dents d’une
beauté admirable ; mais ce peuple a le
bonheur de fournir fort peu de traite.
La traite Mayombe est inférieure ;
les Noirs y ont la poitrine étroite , les
épaules serrées , la fibre molle et les
dents vilaines ; c’est cependant la plus
abondante , et c’est une des raisons
pour lesquelles on évite le port de
Loango , parce que toute la traite que
l’on y fait est de beaucoup moins belle
que celle de Malembe.
Les montequés ou montekès sont
beaux , mais ils se gâtent les dents eu
les limant pour les rendre pointues.
Cet usage leur valut d’abord la répu-
tation d’être antropophages , mais ce
Malembe.
I
C * 4 )
soitpçon n’étant fondé que sur une
apparence aussi légère , ne s’est pas
vérifié ; il est prouvé qu’ils se liment
les dents , parce que chez eux c’est une
beauté de les voir ainsi, et c’est par
la meme raison qu'ils se déchirent le
visage, se font de longues cicatrices sur
les deux joues, et quelquefois sur le
corps et en travers sur le haut du bras.
Le marché deLoango réunit à-peu-près
un quart de cette traite , un sixième de
Quibangue, tout le reste estMayombe.
Seize lieues au sud de Loango on
trouve Malembe , c’est une rade fo-
t
raine que rien n’indique . et qu’il faut
connaître pour y venir mouiller ; on
en reconnaît cependant l’approche, par
les hautes montagnes deCacongue qui
dominent une médiocre baie dans la-
quelle se décharge une petite rivière
du meme nom. On ne mouille pas dans
la baie de Cacongue , la ténue n’y est
pas bonne, on la laisse au nord , et
l’on vient mouiller vis à>vis de la mon-
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( i5 )
tagne de Malembe à une lieue et demie
du rivage , par sept brasses d’eau fond
de sable; on affourché nord et sud, la
grosse au sud. Rien n’empêche l’ap-
proche de cette rade , il n’existe pas
lin danger, pas un rocher, rien en un
mot qui puisse obliger à la plus légère
précaution en venant du nord et % dü
large.
Malembe est bien une montagne ,
puisqu’elle est élçvée de plus de 70
toises , mais du large elle ne se pré-
sente que comme une très-haute terre,
de niveau avec toutes celles qui l’avoi-
sinent : elle est presque escarpée sur
le bord de la mer, et le sommet offre
une plaine qui s’étend dans l’inté-
rieur par une pente insensible. Il n’est
pas facile de classer cette montagne ;
c’est , pour me servir des expressions
d’un grand philosophe moderne , un
de ces petits monts hermaphrodites,
qui produits à -la -fois du feu et des
eaux , ne s’élèvent sur le sol du globe,
/
( i6 )
qu’en vertu des catastrophes modernes
qu’ii a essuyées.
Ce qu’il y a de certain , c’est qü’en
examinant sa composition on n’y trouve
aucuns lits de productions marines*
point de coquillages , point de stalac-
tites : c’est une montagne de terre-
ghrise ; et si elle repose sur un noyau
plus solide , si elle s’adosse à quelque
niasse de roche , soit calcaire , soit
primitive, on ne peut s’en aperce-
voir sans faire des fouilles , et jusqu’à
présent on n’en a point fait.
Quoique l’Océan se retire journelle-
ment et généralement des divers en-
droits qu’il submerge , cependant il
envahit quelquefois partiellement.
On pourrait donc sans légèreté pré-
sumer que la mer a donné à cette monta-
gne la forme qu’elle a maintenant ; il est
possible que la côte se soit jadis avancée
jusqu’à des rochers formant aujour-
d’hui une barre qui défend le débar-
quement, et au pied desquels il y a
( «7 )
douze pieds d’eau; ces rochers sont
évidemment volcaniques, d’où je con-
clus que le feu a organisé tout ce pays
à des tems bien reculés.
La mer , après avoir détruit par ses
assauts répétés pendant une longue
suite de siècles la. masse de terre que
ces rochers soutenaient, les a franchi,
et continuant insensiblement à miner
un terrein qui n’offrait aucune résis-
tance , a formé le petit cric que l’on
appelle le Paradis ou port aux canots ,
et l’anse que l’on nomme port aux
chaloupes , emportant toujours les
terres à mesure qu’elles s’éboulaient ,
et poussant son invasion jusqu’au point
où on la voit aujourd’hui battre le
pied de la montagne, escarpée sur ses
vagues; il n'y a pas quinze toises de
quelques endroits du sommet de cette
montagne, à la perpendiculaire de l’en-
droit du rivage baigné des flots de la
mer.
✓
j Los rochers dont je viens de parler
a. % :
1 /
( i8 )
partent de la pointe du pçtit crîô
nommé Paradis oü port aux canots ,
et s’étendant directement au nord ,
, forment une barre souvent redoutable
aux bateaux , qui ne peuvent pas tou-*
jours la franchir , et qui souvent y
éprouvent des accidens. On doU la
passer avec précaution , et donner rai-
sonnablement du tour à la pointe.
Quand on est en dedans de cet écueil ,
on débarque facilement dans le cric ;
mais ce qu’il y a de pénible , c’est que
Aiguade. l’aiguade est au fond de la baie dans
- l’endroit nommé port aux chaloupes.
Comme la distance de la barre au ri-
vage est au moins d’une grande demi-
lieue, la mer y reçoit l’impression du
vent, et bat avec fureur sur le rivage;
c’est cependant là qu’il faut faire l’eau.
On y mouille de fortes ancres avec de
bons grelins ; les chaloupes viennent
se mettre dessus , au moyen de quoi
elles bravent l’effort de la vague ; mais il
faut débarquer les barriques à la nage et.
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< *9 )
f les rembarquer de même bien bondées,
et quelquefois , non sans dispute avec
les requins , qui de tems en tems y
occasionnent des accidens fâcheux.
- On établit autour de la source de
* ,
vastes tentes pour les tonneliers, et
l’on y descend les futailles qui ont
besoin de réparations , ainsi que tout
ce qui est relatif à cette partie. $
. A dix pas du bord de la mer s’élève
en cet endroit la montagne de Ma-
lembe, sur laquelle on monte par deux
falaises. L’une, yers le nord, a con-
servé le nom de Montagne Hollandaise,
parce que , dans le tems que les vais-
seaux de cette nation fréquentaient la
côte d’Angola , leurs capitaines étaient
.dans l’usage de s’établir de ce côté ;
t
l’autre , plus au sud , se nomme Mon-
Xagne Française. Elle est très-longue
et très - pénible « à monter ; c’est une
crevasse que la filtration des eau* a
formée , et doht la terre grasse est
jsu jette à s’ébouler quand il pleut ; le
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( 2 ° )
chemin est environné de précipices ;
et se trouve pratiqué sur la crête de
petites éminences qui s’élèvent du fond
de la crevasse , comme autant de pii*
liers , témoins que laissent les ingé-
nieurs lorsqu’ils creusent un terrein-i
pour leur indiquer le niveau dont ils
sont partis. On a bien essayé de con-
tenir la terre par des rouleaux et des
piquets ; mais malgré tous les efforts
que l’on a faits, c’est toujours un m au-
vais chemin , et dans lequel le plus
léger faux pas peut faire courir le ris*
que de la vie.
. Les comptoirs européens sont éta-
blis sur le sommet de cette montagne*
autour d’une grande place carrée que
l’on y a pratiquée. Quelques capitaines
ont fait planter une avenue qui con^
duit du carré au bord de .l’escarpe-
ment. On : y a placé des bancs , et cé
lieu sert < de promenade L et de rendez*»-
vous le soir, lorsque 1 les affaires de la
journée sont finies. Cet endroit est à
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C 21 )
propreipent parler la pointe. Lemafouc
y réside ,mais le gouverneur , pour
éviter le conflit d’autorité , s’est retiré
avec son village, au-dessus de la pointe
< du Paradis, où le terrein est beaucoup
meilleur, l’air plus salubre et l’eau plus.
à portée. .
;j C’est bien par une obstination dé-
placée , pour ne pas dire coupable,
que l’on persiste à habiter le lieu ordi-
naire de la traite , plutôt* que de se-
fransporter au ; village du gouverneur.
On perd beaucoup de monde en ce'
port ; il est d’usage d’envoyer les con-
yalescens; se rétablir à bord ; d’où il
guit qiie Jl’endToit est mal-sain , et cela
n’est pas étonnant , parce qu’il est sous
le vent des falaises de la montagne ,
éiloù* s’exhalent des miasmes d’autant
plus mal-faisans , que ce lieu est con-
verti en un cimetière pour les Euro-
péens -Y ce qui lui a fait donner le
nom de Paradis. Rien ne serait plus
facile que de s’établir au village .sus-
C 22 )
dit , dans lequel on éprouverait moins
d’insalubrité, et où Ton verrait cer-
tainement diminuer la mortalité qui
afflige les équipages.
. »
Malembe abonde en fruits et légu-
mes', en bétail et gibier. J’entends par
bétail , cabris et cochons. Le lac de
Loanguily, situé à-peu-près à une lieue
et demie dans le sud-est, fournit d’ex-
cellent poisson d’eau douce : on est
établi à poste fixe à terre en ce port ,
il est dp beaucoup préférable aux
autres.
Le mambouc habite une petite terre
à quatre lieues de l’établissement de
Malembe ; et comme par sa puissance
et sa richesse il influe sur le commerce,
on le ménage beaucoup ; il n’est pas
rare qu’on aille le voir. J’ai r fait ce
petit voyage à son invitation , bien-
: aise d’ailleurs de voir un peu l’intérieur
du pay6 en cet endroit. Il m’a paru
\ que tout ce canton . avôit été soumis
à l’empire des eaux; par -tout on en
i
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C*3 )
trouve» des vestiges. A quelque dis-
tance de Malembe on trouve le lac de
Loanguily, qui peut avoir une lieue
de diamètre ; plus loin ce sont de pro-
fondes crevasses formées incontesta-
blement par des torrens , dont les
traces sont visibles à chaque pas. Ces
crevasses sont autant de précipices ,
dont la profondeur m’a paru atteindre
un niveau inferieur à la surface de la
mer. Dans ces précipices on trouve
encore de petits ruisseaux peu rapides,
restes épuisés des flots qui ont creusé
leurs lits. Quand je dis , il m’a paru j
c’est que mes observations faites à la
hâte , n’ont point ce degré d’exactitude
qu’elles devraient avoir, pour être don-
nées au public comme des certitudes.
Il n’en est pas de même des obser-
vations astronomiques que j’ai faites
dans tous mes voyages ; mais comme
elles sont en très -grand nombre, je
n’en parle point dans cet ouvrage f
parce que mon projet est de les pu-
C H )
blier dans un recueil à l’usage de*
marins.
Le village du mambouc est extrê-
mementjoli et dans une position admi-
rable ; il est logé dans un guibangua
â l’européenne , parfaitement meublé
en sièges , lits , canapés , tapis , tapis-r
sériés, etc.; presque tout est de ve-
lours. Les Français lui ont fait faire
une très-belle argenterie, entre autres*
deux grandes fontaines d’argent ayant
chacune quatre robinets , à l’usage de
quatre compartimens séparés il > les.
remplit de diverses liqueurs , et les.
pose sur les deux bouts de sa table*
où elles servent à donner à boire à ses.
convives ► Ce prince aime le bon vin *
il en tient grande provision ; et pour
se donner les moyens de faire toujours
bonne chère, il a envoyé un de ses
garçons en France pour y apprendre
la cuisine ; de sorte qu’aujourd’hui sa
table est servie avec goût. Il ma donné
un dîner* certainement de beaucoup.
( 25 )
meilleur qu'aucun que je pusse lui
rendre , et cette particularité dans un
pays sauvage et dans une hutte de
\ paille , m’a paru assez étonnante pour
en faire mention.
La traite de ce port se compose de
la fleur de la traite Mayombe et de la
traite Congo proprement dite. Ces der-
niers sont des Noirs magnifiques , ro-
bustes , durs à la fatigue , et sans con-
tredit les meilleurs de nos colonies ;
ils sont doux et tranquilles , façonnés
à la servitude : à Saint-Domingue ils
sont fort estimés , et paraissent tou-
jours contens de leur sort ; leur seule
jouissance dans cette colonie est d’a-
Yoir du tabac et quelques bananes
qu’ils cultivent , èt s’ils ont ces deux
articles à souhait , ils travailleront
gaiement , chanteront beaucoup , et ne
désireront rien au-delà. Il n’en est pas
de- même de ceux de la Côte-d’Or:
guerriers et très - énergiques , suppor-
tant le joug très -impatiemment , mais
\
C 26 )
dont je ne dirai rien ici ; j’en parlerai
dans un ouvrage que je rue propose de
publier dans la suite.
Cabende. Cinq petites lieues au sud de Ma*
lembe est la petite baie de Cabende^
Cet. endroit est nommé le Paradis de
la côte , et il mérite bien ce nom. C’est '
une position délicieuse , le plus beau
site , la plus grande fertilité , en im
mot , c’est l’endroit le plus riant de
tous les environs ; la mer y est cons*
tamment belle, par conséquent le dé-
barquement facile ; on échoue les ba-
teaux dans les lames sur le rivage *
et l’on saute à terre à pieds secs. En
venant du nord f on doit naviguer avec
précaution entre Malembe et Cabende 9
et ne pas approcher la terre plus près
que douze brasses d’eau. Une lieue et
demie au sud du mouillage de Ma-!
Bancs, lembe on rencontre la tête des bancs
de Bêlé , ainsi nommés , parce qu’on
y trouve un coquillage bivalve , dont
un des côtés représente une lame de
t
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( 2 7 )
couteau. On se rappelle que bêlé en
congo, veut dire couteau ; ainsi ce sont,
à proprement parler, les bancs des
couteaux. L’approche en est d’autant
plus dangereuse , qu’ils sont accords ,
et que le dernier coup de plomb avant
de toucher, amène sept brasses. Si l’on
était donc surpris par le calme dans
ce parage , et que la sonde ne donnât
que sept brasses , on doit aussitôt
mouiller et attendre une brise pour
gagner le large.
Ces bancs sont extrêmement poisson-
neux, et fournissent à la pêche de toute
la côte voisine. Quelques personnes ont
prétendu que le nom de bancs des cou-
teaux leur avoit été donné, parce que les
pêcheurs vendent ordinairement leur
poisson pour des couteaux * de traite ,
et qu’en conséquence ce sont ces bancs
qui les leur fournissent ; mais que ce
soit là la véritable étymologie , ou que
ce soit l’autre , peu importe ; la chose
essentielle à savoir est que , dès qu’on
( *8 >
atteint sept brasses d’eau dans leurs en>
rirons y il est déjà trop tard pour les
éviter. 1
On reconnaît Cabende à une hauté
montagne en forme de pain de sucre f
couverte de bois , et isolée. Sa forme;
sa position au milieu d'une grande
plaine basse , son voisinage de la mer ,
tout m’avait porté à croire que c’étaitr
une montagne volcanique ; il est même
à présumer qu’elle est telle , mais que
l’incendie qu’elle recélait , étant éteint
depuis nombre de siècles , la végéta-
tion s’y est établie jusqu’au sommet
» V'
avec tant de force qu’il n’y reste plus
la plus légère trace de volcan : c’est au
, point que la sonde n’a jamais pu y
trouver le roc à six pieds de profon-?
deur^, quoique j’aie répété cette opéra**
tion dans une infinité d’endroits diffé-
rens. ' '.•'»* > '»
En approchant de la baie , on dis-
tingue dans le sud une pointe longue
et basse couverte de palmiers , cette
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( * 9 ')
pointe ferme la baie , elle repose sur
un fond de rochers de même nature
que ceux de la barre de Malembe ; ce
fondement la garantit des assauts de la
mer, souvent très-grosse dans les raz de
marée. On amène cette pointe au sud-
quart-sud-ouest et sud-sud-ouest : on est
alors par quatre brasses fond de vase
molle, à une portée de canon de terre et
Une demi-lieue de la pointe aux palmiers.
Le pain de sucre restant à est-quart-sud-
est, et est sud-est, dans cette position on
affourché nord-est, et sud-ouest, la grosse
au sud-ouest. Cette proximité de terre di-
minue le désagrément du retour à bord
tous les soirs , car ici , non plus qu'à
Loango , on ne couche point à terre.
Une petite rivière se jette dans la
mer au fond de la baie. Cette rivière
i
est si faible , qu'à peine peut-elle rece-
voir dans son embouchure les cha-
loupes qui vont faire l'eau ; 4 on la re-
monte une portée de fusil , et à cette
distance l’eau est douce , c’est une par-
(3o)
ticularité bien étonnante que les eaux
de la mer ne se mêlent pas à celles de
ce ruisseau, à une plus grande distance
du rivage ; mais on cessera d’en être
étonné quand on saura qu’à propre-
ment parler , il n’y a point de flux ni
reflux sur cette côte. Mes observations *
sur cet article , faites avec tout le soin
et la précision possibles , ne m’ont pas .
donné un résultat d’un pouce et demi
de gonflement pour le flot , et dans ce
calcul je cavais au plus fort. Les marées
y sont de six heures , s’il est possible
de déterminer l’heure de la marée,
quand elle fournit si peu matière à
observation.
Il y a encore une autre aiguade que
l’on fréquente f lorsque la mer gonflée
par des raz de marée surmonte ses li-
mites , et entre dans la rivière. Cette
aiguade est au sud de la pointe aux
palmiers , l’abord en est dangereux ;
parmi les rochers , et dans une mer très-
dure , on est contraint de conduire les
( 3i )
futailles à la nage comme à Malembe.
L'eau de cet endroit est de source , et
vaut infiniment mieux que celle de la
rivière , dont il est rare qu'on ne res-
sente pas de mauvais effets. C’est à Expédition
Cabende que les Portugais ont à diverses jf g nj. deMa *
reprises essayé de s’établir ; ils avaient
depuis long-tems bâti un fort au milieu »
de la baie , j’ignore ce qui le fit démo-
lir , on n’en voyait plus aucune trace
avant la guerre de 1778 : mais pendant
cette guerre , le gouverneur de Saint-
Paul voulut profiter de l’absence des
Français , et rétablir ce fort en meilleur
état qu’il eût jamais été. Les premiers
-▼aisseaux qui vinrent pour traiter en
ce port à la paix de 1783 , furent re-
poussés à coups de canons , à leur
grand étonnement. Le commerce en
porta des plaintes amères au ministre
de la marine; et sur ces plaintes le roi
envoya monsieur de Marigny avec tme
frégate et une gabare , pour détruire
le fort f chasser les Portugais , etren-
M A
(30
dre le commerce libre ; si la situation
heureuse de cette baie ayait décidé les
Portugais à préférer Cabende , dont le
fort protégeait et par conséquent dé-
fendait le mouillage , cette même posi-
tion leur fut contraire , en ce qu’elle
permit à M. de Marigny de s’appro-
cher avec sa gabare jusqu’à une demi-
portée de canon par trois brasses d’eau;
le gouverneur ne jugea pas à propos
d’attendre l’événement d’un siège , et
remit le fort à la seconde sommation ,
dès qu’il se vit sous le canon des vais-
seaux. M. de Marigny le fit démolir et
renvoya honorablement les Portugais
chez eux. Il est hors de doute au sur-
plus que cette nation ne manquera pas
de profiter de la première occasion do
s’emparer de rechef de tout ce pays.
Cabende sur-tout est un endroit si dé-
licieux qu’ils ne résisteront pas à la
tentation de s’y établir. »
Loin de vouloir insulter aucune na-
tion , j’ai pour principe au contraire
I
( 33 )
ïU les respecter toutes Mais cè rfespècfc
toe doit point arrêter une plume consa-
crée à la vérité, heureux si cette Vérité
peut en quoique ce soit influer sur le
bonheur du genre humain. Avec tous
les égards que je veux avoir pour la na-
tion portugaise , qu'il me soit permis
de dire que leur invasion à Cabendô
et autres ports de cette côte > sera un
fléau pour lés malheureuit habitans dé
cës contrées fertiles * et qui pourraient
si aisément se repeupler. Il leur faut
des colonies d’agriculteurs ; il faut
enseigner aux habitans les premiers
arts nécessaires > il faut les secourir
dans téiirs maladies # il faut détruira
chez eux le reste de barbarie qui se
Montré encore dans leurs mœurs ; en
tin mot, il faut tout faire pour les
enrichir et les rendre heureux. Des
établissements qui n’âuraiefit d'autres
Vues que celles-là r obtiendraient le
suffrage de tout l’univers. Helas î on
tt si long^tems détruit , ne voudra-t-on
2 * .3
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( 34 )
donc point enfin songer à conserver;
%
LesPortugais au contraire nous appren-
nent à Saint-Paul , que leurs établisse-
4
mens sur cette, côte sont gouvernés
par l’avarice et la cruauté. Cette nation
qui a fait de si grandes choses , et qui
pourrait encore en faire , s’attache à
désoler les plages de l’Afrique qui lui
sont soumises : elle n’apportera aux *
Noirs de Cabende que l’esclavage,
l’exploitation des mines , la transpor-
tation et l’inquisition , les quatre plus
grandes plaies qui puissent affliger
l’humanité. Ils savent que les mon-
tagnes de Mayombe recèlent de l’or ;
leur avidité pour ce métal ( avidité au
surplus que tout l’Europe partage ) ne
leur permettra pas de former lente-
ment une colonie d’agricoles. c Le sage
spéculateur sème pour recueillir;; ses-
succès sont lentsj mais ils sontcertains*
Les Portugais au contraire , pressés de-
jouir, sacrifiant le bonheur général à *
la fortune de* quelques particuliers *
( 35 )
ne manqueront pas d'ouvrir les mines
et d'envoyer au Brésil les bras qui leur
m anquentpour mettre ce pays en valeur.
Ainsi les malheureux Noirs congo
que la révolution française semblait
devoir affranchir d’un de leurs fléaux ,
en arrêtant leurs exportations , verront
leurs maux s’aggraver et s’augmenter
de tous' ceux qu’entraînent la soif de
l'or et le fanatisme des inquisiteurs.
Cette conduite au surplus est calquée
sur celle que les Portugais ont tenue
précédemmént pendant la guerre do
1778 à 1783.
Les Noirs de Cabende sont voisins
d’un petit état qui leur est adossé sur
les rives du Zaire , et dont le nom est
Sogne. Cette peuplade , moins accou- Lesancien*
tumée à voir des Européens , est moins ?cAven P t hea
douce ; la renommée des Portugais les Soaho ‘
a mal disposés pour tous les blancs ;
ils sont querelleurs et hargneux. Ceux
de Cabende ont pris une teinte de ce
caractère.* Les cabales y sont si fré-
1
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( 36 )
queutes entre les princes , que les
chemins de la traite sont souvent
touchés, et par conséquent le com-
mence entièrement suspendu. Le main-
bouc demeure sur la petite rivière au
fond de la baie; sa puissance -et le
voisinage de la traite l’ont souyent
porté à des excès : plus d’un vaisseau
a été contraint d’abandonner Cabende
pour aller finir sa traite à Malembe,.
Il a poussé la hardiesse jusqu’à arrêter
quelques capitaines et les faire prison-
niers, entre autres, le capitaine Rodri-
gues de la Rochelle, en 1787. Ce ne
fut pas sans peine qu’on arrangea
cette cabale. Heureusement M. Ro-
drigues était en opération liée avec
deux autres vaisseaux , qui le secou*
rurent, et le mambouc ne voulut pas
s’exposer à voir débarquer chez lui
un corps de cent cinquante matelots
animés par la vengeance : il relâcha
donc le capitaine, et l’affaire fut finie.
Mais il faut convenir qu’on a souvent
( 37 )
manqué de fermeté , et que si I*on
avait montré tirt peu de vigueur,
jamais les Noirs n’éussent osé se porter
aux insultes qu’ils ont eu l’audace de
se permettre envers les Européens. Du
resté cè port est le meilleur de la côte,
la tenue y est excellente , les équipages
y ont fort peu de fatigue , et le pays
offre des situations enchanteresses.
La traite de Cabende se composé de
Congues , qui s’écartent du chemin de
\
Malerfibe * déSogOè et Mondongués ,
que les Noirs nomment MondongoUé. ,
Les Sognes sont pour la plupart
ronges , grands , assez bien faits , mais,
traîtres ét lâches , deux défauts qui
marchent presque' toujours ensemble.
Cette peuplade habité la côté méri-
dionale du Zaire , grand fleuvè auquel
l’état de Cabende ést adossé. Je né
$ais pourquoi ce royaume de Sogno
avait attiré sur lui la préférence des;
missions apostoliques , au moins il est
certain qu’il n’a pas justifié la confiance*
cm-:
qu’on avait en ses habitans , qui n'ont
pas répondu, au zèle que l’on a mar-
qué pour leur conversion. Leur pays
n’est connu que par le tombeau de
quelques prêtres qu’ils ont empoisonnés,
ou assassinés. Leur réputation de per-
fidie , bien ou mal méritée , leur a valu
»
d’être mis aux fers, lorsqu’ils sont vea*r
dus à quelque Européen , et ils font>
leur traversée dans les chaînes. . ,
Les Mondongues ou Mondongoué
sont beaux et bons Noirs ^ mais ils:
ont, comme lesMontekés dont ils sont
voisins , la, coutume de s’inciser la.fi-
* » * . t
gure pour y faire des larges cicatrices. -
Leurs* dents sont, pareillement toutes,
limées et, d’une vilaine couleur, ce,
qui les a fait accuser comme les autres*
par les missionnaires , d’être canni-,
» i
baies ; . imputation sans fondement. Il
est vraie qu’ils sont aussi carnivores
que les Européens , et qu’ils mangenfe
plus volontiers (le la viande que. les.
** * ^
autres Noirs ; mais il ne s’ensuit pas»
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#
C 33 )
de làr qu’ils, soient an tr opophages r et
c’est pourtant sur des données aussi
légères qu’on a calomnié tout ce
pe.uplei Xes Mondongues ne se bor-
nent pas :i à se cicatriser la figure ; ils
se .déchirent encore l’estomac , en des-
seins* symétriques et font gonfler les
chairs/ avant de les , cicatriser , de
manière qu’elles surmontent les bords
de jla blessure , . ce qui leur fait sur
la,p^itrizi^ une broderie dont ils sont
très-Yaing* ,Xes . femmes sur - tout se*
déchirent !< impitoyablement la gorge
pour çette prétendue beauté.
Elles ont une autre non moins
singulière, c’est de s’inciser le ventre en
travers, de trois larges blessures , et de
faij:$ renfler les chairs de manière à
former transversalement trois gros bou-
dins sur çe£te partie. Elles ne cessent de
redéchirar et. de cicatriser la blessure /.
jusqu’à çe qu’elle ait atteint là gros-’
se.urdesirée*Une.beauié complète mon^
dongue doit avoi acheté ses charnues
par bien des souffrances.
( 4 ® )
J’ai trouvé beaucoup de Noirs cir*
concis , même parmi les enfans. Mes
observations ont d’abord eu pour but
de déterminer la peuplade chez; la*»
quelle cette pratique était en usage *
mais j’ai trouvé qu’indistinctement tous
les cantons fournissaient des Hommes
soumis à cette opération. Elle n’est pas
générale, et sur une cargaison, on
trouvera presque toujours au - delà
d’une moitié qui en sera exempte*
cependant on pourrait avancer que
les Mayombes offrent un plus grand
nombre de circoncis que: les autres
peuplades. 11 m’avait semblé que cela
pouvait s’expliquer par le voisin âge dès
pays où le mahométisme a pénétré
et que de proche en proche cette cou**
tume aurait pu par la Côte-dtOr passer
jusqu’à eux : mais en prenant des in*
formations plus exactes , j’ai trouvé
qu’ils n’y attachaient aucune idée reliât,
gieuse. Pangou -Bauman de Loango *
le mafouc Candy de Malembç , èt Tati
( 4* )
t)espont que j’ai
Lire la suite
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