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Pour son second recueil, Daniel Lenoir vous entraine dans les aventures de Plume d Or et Plume d Argent. L une est gaie et pleine de vie, l autre est triste et traine sa misere. Plume d Or et plume d Argent vous entrainent dans un univers d amour et de melancolie, de tristesse et de joie. Ce theme se retrouve tout au long des poemes qui constituent ce recueil. Des textes poignants, droles, graves ou sensuels. Il y en a pour tous les gouts. Apres L en vers vaut l endroit, l auteur signe la des textes d une grande beaute qui, une nouvelle fois, touchent le coeur et l ame. Laissez-vous donc griser et enivrer par les aventures de Plume d Or et Plume d Argent. - GUY BOULIANNE, editeur
Printed: 112 pages, 6.00" x 9.00", perfect binding, 60# cream interior paper, black and white interior ink , 100# exterior paper, full-color exterior ink
ISBN: 978-1-4116-5718-2
Publisher: Mille Poetes LLC
Copyright: 2006 Daniel Lenoir
Language: French
Website : Télécharger gratuit Plume d Argent - Plume d Or pdf
Daniel Lenoir
Plume d'Argent
Plume d'Or
Guy Boulianne, éditeur
Editeur en chef : GUY BOULIANNE
Lulu Press Inc.
© Copyright
tous droits réservés à DANIEL LENOIR
Toute reproduction interdite pour tous les pays
Du même auteur :
L'EN VERS VAUT L'ENDROIT - poésie, éd. Mille Poètes
A paraître :
Petit Ange (Poésie)
PAULA (Sciences-fiction)
Pour toute communication :
Mille Poètes LLC
1901 60th Place E., Suite L9516
Bradenton, Florida 34203
USA
http://www.miUe -poètes, com
info@mille-poetes.com
Plume d'Argent
Plume d'Or
A mon épouse, Annie, douce et tendre muse qui embellit ma vie,
A mes enfants qui sont ma joie et mon bonheur.
A Caroline, Stéphanie et Véronique des amies chères à mon cœur sous d'autres cieux, sur le
vieux continent.
A Nathalie et Dominique, Jacques et Christine, Annie et Christian des amis comme j'en souhaite
à beaucoup.
Une pensée particulière à Cyrael sans qui ce recueil n'aurait pas eu ce titre.
(Que ceux qui ne sont pas dans cette liste ne s'offusquent pas, c'est qu'ils n'ont pas orbite
autour de nous pendant l'écriture de ces textes. Si je mettais la liste de tous les gens que j'aime,
ce recueil ressemblerait à un annuaire).
Enfin, une pensée émue à Guy Boulianne, directeur des Mille-Poètes. Sa générosité et son
altruisme ont permis à nombre d'auteurs de sortir de l'anonymat. Longue vie à toi, Guy !!!
Introduction
Mon ami,
Si tu as lu le premier et que tu lis ceci,
Tu n'es plus l'inconnu que j'aurais pu croiser
Mais, un être cher que je retrouve ici,
Et pour qui j'éprouve du plaisir à poétiser.
Tu l'auras compris que ce n'est pas l'argent
Qui fait naître ces vers sur le papier.
N'ayant, avec lui, aucun rapport dérangeant
L'or ne pourrait entacher le moindre de mes pieds.
C'est mon cœur ou le tien qui s'étale sur les pages
Exposant au jour des sentiments sincères
Des idées, des rêves pas toujours sages
De mondes meilleurs, d'une plus belle terre.
Ton sommeil...
Tu dors à mes côtés, le sommeil me fuit.
Je regarde s'agiter tes yeux d'ambre clos,
Avec ce sourire sur tes lèvres éclôt,
On dirait un ange sous la lune qui luit.
Ces lèvres que j'admire et que j'aime goûter,
Dont les « je t'aime » souvent franchissent l'entrée,
Combien de baisers ont-elles perpétrés ?
J'y viens fréquemment sans jamais être débouté.
Belle lèvres charnues au joli ton rosé,
Mon cœur elles accaparent, mon âme retiennent,
Mieux que cadenas sur un monceau de chaînes
Quand sur mon corps doucement elles se posent.
Ces lèvres qui ne laissent passer les mensonges,
Je les frôle délicatement, elles s'arquent.
Ton sourire s'accentue, adieu les Parques !
Là, j'ai l'impression que c'est moi qui songe.
Dans la nuit interminable qui s'étire
Ressens-tu cet amour qui coule vers toi ?
Dans mon coeur Cupidon a vidé son carquois
Pas question qu'une seule flèche je retire.
Ensemble je veux nous voir vieillir lentement
Ta main diaphane dans mes cheveux blancs
Semer encore des sentiments troublants
Couple soudé de jeunes et vieux amants
Naissance d'un poète
Un jour, dans mon esprit j'étais descendu,
Sans bruit, en cachette, pour ne pas me déranger.
J'avais suivi des allées plus ou moins bien rangées.
Ca et là, sur les murs, des souvenirs étaient pendus.
Il y en avait partout, des archives empoussiérées,
Tout ce que, jusqu'ici, je croyais avoir oublié.
Là, mon doux doudou adoré sur le sol, bien plié,
Ici ce martinet qui aimait tant mes fesses serrées.
J'avais vu, empilé, imposante colline, ce que j'avais lu.
J'avais marché sur le sable des plages de mon enfance.
J'avais vu dans un com, de mes cauchemars, l'essence.
Puis pêle-mêle jeté, tout ce dont je ne voulais plus.
J'avais vu enfin, la porte, bien cachée dans l'obscurité.
Je m'en étais approché, sans hésiter j'avais tourné la clef.
Quel capharnaùm, des idées sauvages, des rimes bâclées
Côtoyaient des vers bien tournés, des rêves, des vérités.
Puis la porte a claqué ! Sous le choc, la clef avait tourné.
Je suis prisonnier depuis. Je vis au milieu de mes songes,
De mon imaginaire, de demi vérités, de bouts de mensonges.
Dans le monde réel, votre monde, je ne puis retourner.
Je ne rêve depuis que de pouvoir, un jour, revoir le ciel.
J'ai empilé mes rimes. Mes vers sont tous bien rangés.
Des fois... Dans mon dos, j'entends quelque chose bouger. . .
Enfermé dans sa poésie, c'est ainsi qu'est né Darkpixel
Naissance de Plume d'or et Plume d'argent
Une aventure de Plume d'Or et Plume d'Argent
Chacun écrivait dans son com
Des poèmes d'amour sentis.
Ils y mettaient leur âme,
Et y livraient leur coeur.
Noircissaient des pages
Pour atténuer la douleur.
S'offrir un peu de douceur,
Se donner un petit peu d'altitude,
Du baume à leur romantique solitude.
Mais le destin les tenait séparés, déchirés
Terre et île, par un immense océan, éloignés
Deux âmes soeurs qui s'ignorent, siamois isolés.
Un, écrit des vers aux chaudes sonorités, troublants.
L'autre, des poèmes de grisailles, ni tout noir, ni blanc
Un jour le destin les met en présence. Coup de foudre !
Se découvrir si semblables leur procure du grain à moudre
Ils tressent les mots, en tissent les phrases, affinent le sens
Ils se trouvent des similitudes, se lient des attaches solides
Leur sentiment naissant vient combler une espèce de vide
Quel bonheur, leurs coeurs n'étaient qu'un maintenant
Leurs jours de lumière étaient remplis. Que du nanan !
Les mots s'écoulaient sans fin, flot de poésie infini,
Leur amour éclatait ainsi dans le grand jour
En arrière plus d'espoir de retour
Plume d'or et plume d'argent
Au monde des gens
par l'amitié
Etaient liés
en poésie
là aussi
leur amour
est un secours
Argent dit : Or
Je t'adore
Or : Oui
Unis
Mon épouse
Dans mon esprit grouillent les mots d'amour
Et quand je te vois, que j'admire ton corps,
Ils s'ordonnent avec parfois, un peu d'humour,
Ô ma muse, digne fille de Terpsichore.
Je compose des poèmes en ton honneur.
Même si certains semblent à d'autres destinés,
Ils puisent en toi leur force, pour ton bonheur
Et s'envolent au loin, par les vents, disséminés.
Dans mon cœur vibre cet amour que je te voue.
Il alimente ma plume ou plutôt, mon clavier
De la chaleur d'août, aux frimas de janvier.
Je ne cesse d'écrire t'aimant plus que je ne l'avoue.
Chaque pensée en dérive revient vers toi.
Chaque rêve en partance me ramène en ton port.
Chacun de tes regards ranime mes transports.
Est un joyau, un jour passé sous ton toit.
Maman
Tu as porté en ton sein ma vie naissante,
J'y ai sûrement vécu les meilleurs moments,
Et pour cela je tiens à te remercier maman,
Mais je n'étais pas encore une tête pensante.
Si entre tes bras l'amour n'était pas chaud,
J'aimais pourtant m'y blottir quand j'avais peur.
Brefs instants de joie, petits bouts de bonheur,
Qui n'étaient pourtant la brûlante caresse de la chaux.
Quand j'ai dit que j'aimais, j'ai vu briller tes yeux,
Et que je ferais mien ce merveilleux don du ciel,
Mon rayon de soleil, mon doux bonbon au miel.
Tu étais heureuse quand nous avons prononcé les vœux.
Un enfant parmi nous est venu, douce mésange,
Mais déjà ta chair contre elle-même se battait,
Et tandis que ma petite fille babillait et s'ébattait,
Tu glissais doucement vers le pays des anges.
Quand enfin pour son premier anniversaire,
Nous devions couper le gros gâteau en parts
Mes yeux rougis de larmes pleuraient ton départ
Tandis que doucement tu descendais en terre.
Comme tu serais heureuse aujourd'hui
De voir ton fils aussi bien réussir sa vie.
J'aurais ainsi pratiquement comblé mes envies,
Mais sur ton souvenir, jamais je n'ai fermé l'huis.
10
Dans le froid de l'hiver.
La neige tombe en gros flocons scintillants.
Aucun son ne perce à travers les nuées.
De vie, le paysage blanchi semble dénué.
Seuls, quelques glaçons lancent des reflets brillants.
Mais la nuit tombe bien tôt aujourd'hui.
Avec elle arrive le froid, son vaillant général
Qui va transformer tout, ici bas, en minéral.
Mais par endroit, doucement, la vie ressuie
Aux fins fond du terrier, grotte obscure,
L'animal endormi semble mort, empaillé.
Il se cache ainsi de l'hiver, effrayé,
Se protégeant dans la moindre fissure.
Au petit matin tout est devenu glace.
Les bruits portent au loin, en sons cristallins,
Tandis que la lune et la nuit se font un dernier câlin.
Les ténèbres, peu à peu, cèdent la place.
Dans les bras l'un de l'autre tendrement enlacés,
Nous fêtons notre amour, ce brasier puissant,
Qui enflamme nos cœurs, fait bouillir notre sang,
Puits de chaleur dans l'immensité glacée.
11
Ballade en forêt
Une aventure de Plume d'Or et Plume d'argent
Une plume d'or se promenait au soleil.
Étincelante de rayons de lumière,
Reflets de sa vie pleine de merveilles,
Elle entra dans la forêt la première.
Plume d'argent cheminait en rêvant,
Sur son corps se reflétaient les nuages.
Soudain il vit un éclat loin devant.
Qui brillait autant dans les parages ?
Sous les arbres, plume d'or tremblait,
La nuit tombant, il faisait déjà sombre.
Elle trébucha au sommet d'un remblai
Et tomba évanouie parmi les décombres.
Plume d'argent vit la belle meurtrie
Et, à genoux, tenta bien de la ranimer.
Mais rien n'y faisant, s'en remit à Latrie.
Une larme roula sur la belle inanimée.
La goutte légère, sur sa joue, s'écoula.
Plume d'or ouvrit un oeil et lui sourit
Plume d'argent, enfin rassuré roucoula,
Sous les arbres deux coeurs furent épris.
12
Animale fratrie
Une tortue s'en va flottant sur les flots qui scintillent,
Les courants l'emportant au gré de leurs envies.
Eh oui, un de vos sacs en plastique lui a ôté la vie.
Ce n'est plus qu'une coquille vide où les chairs pétillent.
Un dauphin, là bas, fait le clown entre deux eaux.
Il s'agite frénétique, s'excite, pathétique, tragique !
C'est coincé dans un filet qu'il est pris de panique,
Dans les fonds obscurs et froids, bientôt ses os.
Elle avance, vaisseau tranquille, habile planeur.
Son chant traverse les mers, fait vibrer l'océan.
Soudain, elle sursaute, fait une volte, un fil au flanc.
Ta conscience est donc muette, harponneur ?
Sur la croûte de glace glissent les bébés phoques.
Avenir de leur race, ils jouent. Mais, c'est l'époque.
Les bêtes arrivent ! Que de sang pour des défroques
Que d'horreurs on commet pour une simple toque.
Que d'animaux on assassine, bâtons, pièges, fusils.
Tout ce sang qu'on fait gicler pour ce Dieu Argent.
Ne pose donc pas ainsi, sur moi, ce regard dérangeant
Animale fratrie, en ce monde j'essaie d'être le gentil.
13
Les arènes
Des cris de joie, des musiques entraînantes,
L'arène est pleine, le drame peut commencer.
Soudain l'ovation, des chapeaux sont lancés,
Le toréador arrive de sa démarche lente.
Son costume pailleté au soleil étincelle.
Il arbore un sourire fier, le menton est levé,
A son épaule, la rouge muleta est lovée.
Dans les gradins se pâment les pucelles.
La foule hurle, le fauve noir est lâché.
Il cligne des yeux dans la brutale clarté
Qui l'inonde une fois le portillon écarté.
Que doit-il faire ? Il ne semble pas fâché.
Des cavaliers se précipitent et le blessent.
Ils se protègent derrière leurs montures.
Les banderilles se plantent dans l'encolure,
Le sang se répand devant la foule en liesse.
Les picadors réitèrent leurs sanglantes caresses,
Tandis que la bête affolée se met à paniquer.
Pendant que les autres continuent à piquer,
Le torero, cambré, agite la muleta avec adresse.
Le taureau charge, ivre de souffrance et de colère.
Il rêve de l'encorner, le rouler dans la poussière,
Il sent que c'est de là que viennent ses misères,
Tandis que sur son dos le sang fuit des artères.
Le combat dure longtemps sur le sable rougi.
L'animal s'affaiblit, il est temps d'en finir.
L'épée luit, le taureau meurt dans un soupir
Le matador sourit. Au paradis le taureau mugit.
Toi qui pleures, quand aux phoques on casse la tête,
Qui souffres devant les condamnés aux abattoirs.
Quel plaisir retires-tu de voir mort l'animal noir ?
Quand je vois ces hommes, je préfère les bêtes !
14
Tapie au fond de moi.
Je contemple l'horizon sous le soleil couchant.
Le ciel est une plaie saignante sous les étoiles
Qui naissent tandis que l'ombre couvre les champs.
L'araignée frileuse quitte le centre de sa toile.
Le hibou ouvre un oeil, puis l'autre, c'est son heure
Alors que les mulots dans leurs galeries se terrent.
Dans mon esprit se met à bouger, quel malheur
l'Ombre démoniaque venue d'en dessous la terre
Toute clarté étant partie, elle s'ébroue avec force
Faisant s'envoler mes certitudes et ma confiance.
La mi-nuit approche et son pouvoir se renforce
Elle se dresse devant-moi en un geste de défiance.
Puis tout doucement, elle s'infiltre dans mon âme.
Rampe sur mes pensées pour en corrompre le sens.
Enveloppe mon amour pour en éteindre la flamme
Cherche à me submerger de sa démoniaque essence.
Alors, dans un ultime sursaut, je pense à toi ma belle,
A tes lèvres, ton regard, ta peau, tes mots tendres
Soudain se ranime la braise en milliard d'étincelles,
Tandis que mon esprit commence à se détendre.
L'obscurité, comme à regret, cède enfin la place
A cette lumière grandissante qui illumine ma vie.
L'ombre retourne en enfer sans laisser de trace.
Mais... Elle reviendra quand lui en prendra l'envie.
15
Plume d'Argent à la chasse...
Une aventure de Plume d'Or et Plume d'Argent
Plume d'Argent est invité à une chasse.
En Afrique il va affronter l'éléphant,
Que sonne le cor, que résonne l'oliphant,
Au safari, il réserve donc une place.
Avec ses amis, sur le vieux continent,
Ils débarquent bientôt avec leurs bagages.
Le soleil est chaud et la piste plutôt large,
Dans l'auto ils se tassent et partent incontinent.
Des heures de poussière rouge plus tard,
Ils arrivent enfin au campement des chasseurs.
Plume pense avec tendresse à Or, son âme sœur,
Tandis que tous s'amusent. Argent n'est pas fêtard.
Dans la nuit monte le chant des grillons
Avec, parfois au loin, un vibrant feulement bas.
Autour du feu s'élèvent haut des fumées de tabac,
Pendant que s'amusent en riant les petits négrillons.
Il est tard, les chasseurs s'en vont se coucher,
Demain il faudra être prêt pour le carnage.
Plume s'endort, vers les rêves il part en voyage.
Des cafards en silence, arpentent le plancher.
Au matin des cris retentissent qui invitent au réveil,
Les chasseurs se rassemblent et puis déjeunent.
Ils sont songeurs autour des cendres, surtout les jeunes,
Beaucoup moins rigolards et fanfarons que la veille.
Derrière les pisteurs, en file, ils se mettent en route.
Ils marchent ainsi longtemps dans la brousse,
Croisent parfois un félin dont les babines se retroussent,
Leurs pas sur la terre craquelée en brisent la croûte.
16
Soudain un des pisteurs lève le bras, silence !
Les éléphants sont là qui prennent leur repas.
Aucun ne se doute qu'est si proche son trépas,
Il est loin le temps où on les affrontait à la lance.
Plume arme son fusil et porte à son oeil la lunette.
Il vise l'animal qui remplit son champ visuel,
Le doigt sur la détente n'a rien de virtuel.
Le temps brusquement autour de lui, s'arrête.
Leurs regards se croisent, mais l'éléphant l'ignore.
Plume y voit plus d'humanité que chez certains,
Qui se croient philosophes mais ne sont que pantins.
Argent pense au bibelot d'ivoire pour Plume d'Or.
Mais son doigt reste figé, il ne peut tirer.
Il imagine, sans peine, cette grande carcasse
Livrée aux vautours et aux pies qui jacassent.
Chaque pensée naissante, fait, son doute, empirer.
Le fusil se détourne, le coup part, le troupeau itou.
Argent est tancé d'importance, on lui fait des reproches.
Chacun râle qu'il est floué, qu'il y est de sa poche,
Mais Plume n'en a cure, il ne regrette rien du tout.
A son retour il conte à Plume d'Or son aventure.
Elle lui saute au cou et l'embrasse fougueusement.
« Si tu avais tiré et tué cet animal, mon cher amant,
Je t'aurais quitté, ne pouvant plus te voir en peinture !
Je t'aime poète et tendre, le cœur sensible,
Pas l'âme impure, cruelle et impitoyable !».
Plume d'Argent sourit à ces mots admirables,
Seul l'amour de Plume d'Or est sa cible.
17
Amour facétieux
L'amour, à pas de loup, s'avançait en silence,
Il guettait deux humains occupés à écrire.
L'un parlait de feu, l'autre de son enfance.
L'un offrait des larmes, l'autre prêtait à rire.
Leurs plumes sur le papier virevoltaient,
Aucun ne pressentait venir le danger,
Ces changements que l'amour apportait.
Ils avaient tous les deux une vie rangée.
L'encre bleu océan parlait de larmes
D'amours impossibles, de souffrances.
L'encre rose murmurait ondes, charme,
Caresses, tout en sauvant les apparences.
Mais l'amour mutin, d'un sort facétieux,
Attacha les deux âmes d'un lien solide
Et depuis ce temps, ce jour précieux,
Des rimes d'or et d'argent ils dévident.
Des couleurs, du miel, de l'amour.
Du bleu, du jaune, du rouge, que de couleurs
Notre peintre suprême a utilisées
Pour parer de beauté les innombrables fleurs
Qui, dans nos jardins, sont si prisées.
De velours, de satin, corolles ouvertes,
Elles attirent les regards émerveillés
Par ces tissus dont elles semblent couvertes
Et qui brillent dans les journées ensoleillées.
De la peau, du sang et de la chair mélangés,
Pour te faire toi, bel ange que j'adore.
De l'or, de l'émail, de l'ambre pour tout arranger
Pour me faire faire le beau, tendre cador.
De l'eau et du sel pour fabriquer tes larmes,
Du miel et de l'amour pour les effacer,
Un peu d'éclat dans l'œil pour rehausser ton charme,
Du carmin à tes lèvres pour les faire embrasser.
Voilà pourquoi, de toi, je suis tant épris.
Chaque jour au réveil je te redécouvre,
Oublieux de ce que, la veille, j'avais appris.
Le soir je te perds, le matin je te retrouve.
19
Plume d'Or inquiète...
Une aventure de Plume d'Or et Plume d'Argent
Plume d'Or a un peu peur qu'Argent ne se lasse.
Sa jeunesse qui fuit entraînant son désir pour elle.
Il pourrait bien être capturé par une jeune gazelle
Abandonner sa famille atterrée, quitter la place.
Pourtant Argent, bien qu'ayant un cœur d'amadou
N'envisage pas une seule seconde pareille solution
Son âme est à Plume, à qui il offre toute sa passion,
Même s'il voit celles qui lui font les yeux doux.
Si parfois dans son cœur s'élèvent des flammes
C'est qu'il est romantique, il aime les femmes.
Pour une pourtant, parfois, il bout, il s'enflamme,
Un brandon luit alors en son honneur dans son âme.
Mais Qu'Or se rassure, elle est son idole sacrée,
Sur l'autel de l'amour il lui a sacrifié sa vie
Et s'il reniait son serment, ou qu'il en dévie,
Son cœur serait ravagé et son âme massacrée.
Plume d'Or et Plume d'Argent traversent la vie.
Leur encre mêlée écrit leur magnifique histoire,
Autour d'eux les petites Plumes font la foire.
Continuer ainsi, c'est tout ce dont Argent à envie.
20
û
Plume d'or au bain
Une aventure de Plume d'Or et Plume d'Argent
Sur un rayon de soleil elle est descendue,
Belle Plume d'or, la trop bien nommée,
Avec sa langue fort joliment pendue
Qui lui a valu sa très belle renommée.
Sur un rayon de lune s'en va glissant
Plume d'argent le pauvre écorché.
De la mélancolie, les traits puissants
Lui ont été trop souvent décochés.
Suivant le chemin des fées, va chantant,
La jolie plume aux chauds reflets dorés
Quand elle avise soudain un lac devant.
Elle plonge nue dans les eaux mordorées.
Le cœur lourd de tristesse, le pas lent,
Le pauvre argent n'a pas de joie en tête
Et, s'il sourit, c'est qu'il fait semblant
Son pauvre cœur n'est pas à la fête.
Il débouche soudain sur une étendue d'eau.
Pour étancher sa soif, il s'approche alors,
Quand surgit de l'onde une fée nue, de dos.
Il détaille ses charmes chatoyants d'ors.
La belle se retourne, voit sa bouche béante,
Elle l'invite alors à le rejoindre dans les flots
Dans la vie, Plume d'or n'est pas méchante.
Argent accepte, arborant un air un peu pâlot.
Les deux plumes s'enlacent, se caressent,
L'eau s'illumine d'éclats de rire, de lumière.
Les deux s'embrassent. Est dite la messe,
Unis ils crient leur amour à la terre entière.
21
Une si grande force.
Je l'ignore, ce qui pousse mon coeur vers toi.
Je sais pourtant la puissance de cette force,
Qui coule dans mes veines et se renforce
A ta vue, à ton contact, juste en pensant à toi.
Je la sens dans mon corps se débattre si fort.
Aveugle et sauvage elle palpite,
Au fond de moi tapie, vivante pépite
Que je ne peux contenir, malgré mes efforts.
Elle jaillit dans mes mots, dans mes pensées,
Blanche fontaine aux remous si puissants,
Torrent intarissable qui va grandissant,
Amour démesuré, sentiment insensé.
Je la croyais canalisée. A jamais domptée
Et puis la voilà qui s'échappe soudain.
Agile et légère comme un jeune daim,
Libérée des contrôles sur lesquels je comptais.
Elle est si impétueuse, si violente.
La voilà qui me chahute, me bouscule,
Me presse vers toi pendant que je gesticule,
Me jette à tes pieds, l'âme ruisselante.
Je lève alors les yeux vers les tiens.
J'y vois beaucoup d'amour, un peu de détresse,
De l'intelligence et pour moi de la tendresse.
Plus un petit éclat qui désormais me retient.
Un lien ténu nous unit, qu'un rien romprait.
Mais il va en se renforçant au fil du temps.
Le filet se resserre, la toile se tend.
Quand nous sommes proches, l'amour est bien près.
22
Corsaire,
Je traverse les océans sur mon fier voilier,
Ma proue les fend et ma poupe les fuit.
L'étrave coupe les flots, le vent est mon allié.
Que j'aime cet espace où il y a si peu de bruit.
J'ai vu au loin la forme de ton vaisseau.
Mon sang n'a fait qu'un tour. Je te chasse !
Je sais que je sortirai vainqueur de cet assaut
Et si je faiblis un peu, que mon âme trépasse !
J'ai remonté au vent, masqué par le soleil.
Tu ne me voyais pas, tu continuais à voguer,
M'ignorant encore dans le couchant vermeil.
Je me prépare au combat. Oh gué ! Oh gué !
Pour toi c'est la fin de ce long voyage,
Mon étrave pénètre en force ton bastingage,
Nos deux vaisseaux en subissent le tangage,
Nous sommes deux, liés, dans ce naufrage.
J'arpente ton pont, ma rapière à la main.
Je pille ton trésor, je fouille tes bagages
Et si jamais contre toi je perds demain,
J'irai me noyer dans ton sirupeux sillage.
23
Un air ancien...
(Et son haïku associé)
L'air résonne d'une triste note ancienne,
La brume estompe les couleurs du monde.
N'est audible que cette mélodie aérienne
Qui flotte, au gré du vent, sous les frondes.
On perçoit des fantômes de voix affaiblies,
Secrets murmurés à l'oreille qui s'éteignent,
Doux soupirs étouffés teintés de mélancolie.
Des sensations qui sur mon âme déteignent.
Il y a longtemps des drames, ici, se sont joués.
Des danseurs virevoltaient en toutes saisons.
Dans l'air vibrant montaient des rires enjoués
Qui s'enlaçaient jusque sous les frondaisons.
Le temps a passé et n'en sont restés que soupirs,
Le souffle d'Éole en colère les emporte au loin.
Ne reste que moi, mon grand amour pour empire
Et les ombres spectrales du passé pour témoin.
Ombres estompées
Mélodies vite étouffées
Instant de tristesse
Spectres du passé
Frissons dans le dos
L'âme est mélancolique
Amour si puissant
Cœur plein de larmes sucrées
Plume d'argent dort
24
Tu n'es pas mon port
Mon coeur, frêle esquif, vogue sur l'océan de l'amour.
Il ne craint ni les déferlantes, ni les coups de tabacs.
Me rendent plus fort les hauts, me blindent les bas.
Et ma yole sur les ondes limpides suit son cours...
J'ai vu ta terre dans ma vieille lunette en cuivre,
Ce joli havre de paix pour mon âme en torture.
J'ai hissé la grand'voile, le foc, renforcé la mâture,
Pour rejoindre cette lointaine île au fin sable de givre.
J'ai navigué ainsi durant des jours et des jours,
L'espoir instillait dans mes veines son poison.
Le doute, maintenant, me ramène vers la raison.
Je vole sur les eaux, mais tu t'éloignes toujours.
Le tonnerre gronde et roule, tombent les trombes,
Sous la quille la mer luit d'une obscure clarté.
Dans mon coeur un sanglot à le faire éclater.
Ton port n'est pas mien. Les yeux clos, je sombre.
25
Doutes.
Si je n'étais qu'un amant de papier ?
Si ma flamberge n'était que canif ?
Cruel est le doute qui me ronge ce soir.
Quand la nuit je rampe sur ton corps.
Quand mes mains volètent sur lui
Comme deux oiseaux blessés.
Quand je pose mes lèvres sur les tiennes
Pour y puiser ce nectar qui affole mes sens.
Suis-je un homme ou suis-je la bête ?
Si je n'étais pas l'image que j'ai de moi ?
Si ma chaleur te laissait froide ?
L'anxiété me gagne, que suis-je pour toi ?
Un homme qui te comble, un étalon ?
Un pantin mal articulé, un amant de chiffon ?
Quand tu me sens au fond de toi.
Quand je te sens autour de moi.
Quand nos souffles se mêlent.
Quand s'accélère le rythme des ressorts.
Suis-je un homme ou bien la bête ?
Quand nos corps se tordent de plaisir.
Que des sons inarticulés sortent de nos bouches.
Que tes ongles griffent mes flancs.
Que crissent mes dents sous la tension.
Sommes nous humains ou bien des bêtes ?
26
Des amis perdus...
Des amis nous en avons laissés en chemin.
Certains se sont éloignés, d'autres sont morts.
On s'est perdus de vue avec un peu de remord,
Se promettant tous les jours d'écrire demain.
Pourtant, on les aimait, avec eux on était bien.
On partageait les instants de joie ou de doute,
Mais à un moment nous avons changé de route.
Parfois on s'est fâché, souvent pour presque rien.
Au fil des mutations on en a trouvé d'autres
Qu'on a appris à connaître et à apprécier.
Avec qui on sortait, cinéma, restau, glaciers,
Ils avaient les mêmes passions que les nôtres.
Puis à nouveau nous sommes partis, eux non.
Avec eux est resté un morceau de notre cœur,
Peut-être est-ce pour cela qu'un jour on meurt
Quand, peu à peu, on a oublié jusqu'à leurs noms.
27
Plume d'Argent et l'aigle
Une aventure de Plume d'Argent et Plume d'Or
Plume d'Argent dans la montagne se promène.
En ce doux printemps, il cherche la morille.
C'est qu'il y en a beaucoup dans les Alpilles.
A une bien belle provende son chemin mène.
Il aime bien ces champignons, qui le tentent.
Il les transformera en espèces sonnantes
Quand aux marchés il en fera la vente.
L'hiver a été une bien longue attente.
Au détour du sentier, près du ruisseau,
Il aperçoit un aigle au sol, l'aile tendue.
L'animal affolé semble un peu perdu,
Argent un peu inquiet pose son seau.
Il s'approche de l'animal qui le fixe,
Tend les mains pour les montrer nues.
L'aigle le regarde lui, puis les nues,
Il voit qu'il ne cherche pas la rixe.
Plume caresse alors le cou du rapace.
Celui-ci observe cet humain bizarre,
Qui au lieu de le laisser en pâture aux busards,
S'occupe de remettre son aile en place.
L'homme fabrique une toute petite attelle
Et la fixe avec délicatesse sur l'aile.
Soudain un cri ! Là haut un aigle appelle.
Le pauvre blessé répond alors à sa belle.
28
Plume attendri prend l'oiseau dans ses bras,
Il laisse son seau et ses beaux champignons.
Tout en faisant attention à son compagnon,
Il dévale la longue pente jusqu'en bas.
L'aiglonne a suivi le manège, des cieux.
Elle rejoint dans la vallée son doux amant,
Cet aigle à la fois si fort et si charmant
Qui en son cœur est un cadeau si précieux.
Après deux longs mois de convalescence,
Voici notre ami ailé prêt à prendre son essor.
Ayant, grâce à Plume, contré le mauvais sort,
A son égard, il est rempli de reconnaissance.
Il arrache une rémige à son aile valide
Et la tend dans son bec à argent qui la prend.
« Cette plume est magique, je te l'apprends,
Si tu as le cœur pur, elle comblera un vide ! »
Sur ces mots, d'un coup d'ailes, l'aigle s'élève.
Plume les regarde un moment dans leur vol,
Dans les blancs nuages, là haut, ils convolent.
C'est si beau ! Plume a l'impression qu'il rêve.
Dans sa main, la plume en or s'est transformée.
Quand elle s'approche d'une feuille de papier
S'alignent alors des rimes et des vers à pieds.
Des poèmes lourds de sens et joliment formés.
La compassion est une vertu, plus que la pitié.
Argent, pour l'oiseau ayant sacrifié son trésor,
A reçu en récompense sa belle plume d'or.
S'il avait ignoré, il n'en aurait pas eu la moitié.
Le grand vide qu'a comblé la magnifique plume
Ce n'est ni l'estomac, ni la bourse d'Argent.
C'est son cœur qu'il partage avec les gens
Et son âme, chaque poème, un feu y allume.
29
Entrelacs de mots
Dans mon reflet glacé j'ai vu un inconnu.
De l'autre côté du miroir j'ai meilleur teint,
Sans doute un effet du matin sur le tain en étain.
Sur ma peau nue de satin se reflétaient les nues.
Un silex posé tout à côté de moi, silencieux
Tentait d'attirer mon attention en restant immobile
Je l'ignorais délibérément, je sais, c'était débile.
Sur ma peau j'ai pris la pierre d'un air licencieux.
Je l'ai frottée sur mes cors, mais tintin et bernique.
La froide et lisse pierre les cors, ne m'use
Sur une aire de repos j'ai donc jeté cette muse
Car j'ai de l'athlète l'excellente technique.
Depuis, en vain, je cherche toujours l'inspiration,
J'aspire pourtant à faire de bonnes compositions.
Les vers grouillent dans mon esprit en décomposition
Tandis que les vers s'arrachent ma future concession
Où mes potes iront pleurer sur ce beau carré de gazon.
Mais soyez assuré que je le suis pour les dégâts des eaux.
Puis mon esprit ira flotter ailleurs, se détachant des os,
Tandis que mon corps restera dans sa sordide maison.
30
Plume d'or endormie
Une aventure de Plume d'Or et Plume d'Argent
Plume d'Or, dans ses bras tu t'endors,
Ton visage sourit, tu reposes tes ors.
Plume d'Argent contemple son amie,
Comme il aime sa belle endormie.
Plume d'Or dans son rêve tressaille,
Argent met une main sur sa taille.
L'amour est très fort entre les deux,
Pourvu que la vie ait pitié d'eux.
Plume d'Or soupire, remue les lèvres,
Argent sent en lui monter la fièvre.
Sa vision se trouble sur ce corps adoré
Le transformant en jolis halos dorés.
Plume d'Or soudain, contre lui se blottit.
Argent avec un peu de difficulté déglutit,
Mais il ne veut pas réveiller son amour.
Ah ! Si l'instant pouvait durer toujours.
Plume d'Or, dans son rêve pourtant,
Fait l'amour à Argent tout le temps.
Mais Argent ne le sait pas, il l'aime
Et ne veut brusquer sa douce gemme.
31
Le chaman
J'ai secoué entre mes mains quelques pierres gravées,
Puis, jeté d'un grand geste ces messagers sur la travée.
J'ai étudié ces puissantes runes durant toute une matinée.
A genoux j'ai imploré les dieux de changer ma destinée.
A ces divinités des moissons de têtes sont consacrées.
Dans ce monde obscur régnent l'or, le fer et le feu sacré
L'un achète les autres et apporte la vraie puissance.
Pour qui en possède, la vie est une bien autre jouissance.
Je n'ai rien demandé. Je voulais juste trouver l'amour.
J'ai parcouru bien des lieues, fait bien des détours
Sans jamais le découvrir, sans jamais l'apercevoir
Les pieds en sang et las je me suis arrêté à un lavoir.
Elle était là, magnifique, sur son linge penchée.
Ses grands yeux de saphir les miens ont accrochés,
Je voyais briller dedans les reflets du ruisseau.
Je l'ai aidée jusqu'à sa demeure à porter son seau.
Nous nous sommes unis dans un même transport.
Soudain... Ils sont entrés, braillant comme des porcs.
Ils l'ont emmenée en pleurs et m'ont roué de coup.
J'étais leur sorcier, le roi m'en voulait beaucoup.
Ce vil personnage m'a fait mandé et imposé sa loi :
Faire presto aux Dieux cruels une offrande de bon aloi.
Il sourit et me montre du doigt ma tendre et douce mie,
Aie laissant comme choix : Mourir ou tuer mon amie.
Mon âme est noire et mon coeur sec, mon dessein arrêté.
Dans son ventre de malade mon épée je vais planter
Je tuerai quiconque osera me barrer le chemin
Puis, on verra bien ensuite de quoi sera fait demain...
Ces monstres m'avaient lié les mains et ôté mon épée.
Je n'ai pu éviter son trépas, je n'ai pas pu les tromper.
De mon poing taillé le sang s'écoule sur le sol noirci,
Je sens déjà la mort me frôler, chérie me voici...
32
De l'autre côté de la fenêtre
Derrière la vitre tout paraît si beau.
Ils ont l'air si heureux d'être tous ensemble,
Comme ils s'aiment alors que moi, je tremble
Sous le regard des milans, les cris des corbeaux.
Derrière la moustiquaire je les contemple,
Moi, pauvre vagabond abandonné de tous.
Eux, ils m'ignorent ayant déjà un matou.
Je les regarde vivre dans leur temple.
Ils me donnent quelquefois un peu à manger
Et me prodiguent parfois quelques caresses.
Mais je ne peux entrer dans la forteresse
Car pour eux je suis avant tout un étranger.
Puis un beau jour ils m'ont laissé franchir le seuil
Ils m'ont couvert de baisers, m'ont dénommé.
Maintenant je fais partie de la maisonnée,
Parfois, derrière la vitre, je jette encore un oeil.
33
Un joyau
J'ai trouvé un joyau dans l'écrin de mon coeur,
Puis tissé une chaîne de mots pour l'y accrocher.
La main vers toi tendue, je te demande d'approcher
Afin de t'offrir ce modeste présent, mon âme soeur.
Si tu le portes au grand jour, aux yeux du monde,
Si tu l'entraînes en plongée au fond des mers,
Si tu l'arbores sur le pont et si tu en es fière
Alors je regarderai le ciel pour y capter tes ondes.
Si tu le laisses tomber ou le jettes dédaigneuse.
Si tu le trouves trop laid, insignifiant ou mesquin,
Alors mon âme pâlira, je deviendrai un vil faquin
Et j'irai tutoyer le danger, espérant la faucheuse.
Mon destin entre tes mains je remets maintenant
Souhaitant être ton ami plutôt qu'un amant
Morale :
Ami pour la vie vaut mieux qu'amant d'un instant
34
Dans tes mains serrées.
Dans mon cœur sont nichés mes amours d'antan.
Ces perles précieuses que je garde en dedans
Comme autant de bonheurs qui défient le temps,
Un peu de baume pour quand j'en prends plein les dents.
Cet amour échangé avec force états d'âme.
La passion partagée par nos corps à l'unisson.
Je ne vous oublierai jamais, mesdames,
Pour m'avoir offert ces agréables frissons.
Maintenant mon cœur prisonnier du tien
Se complait entre ces doux liens enserrés.
C'est mon âme qu'en tes mains tu maintiens,
Ne les ouvre pas, garde-les bien serrées.
35
Engagé
De mes rimes assassines je redresse les torts,
Je relève les corps qui jonchent le décor.
Sonnez de l'oliphant, faites résonner les cors,
Je soutiens le malingre pour affronter les forts.
Je veux dans ma vie très peu de compromis.
Je ne flatte pas l'encolure de qui me saigne,
Je ne tape pas sur qui, dans son sang, baigne.
Je méprise mes ennemis, et j'aime mes amis.
Quand je vois toutes ces ombres qui bougent,
Silhouettes courbées pataugeant dans la fange,
J'en viens à maudire cette lumière qui dérange
Car, sans elle, je ne verrais grouiller les bouges.
Alors dans un sursaut, ultime pirouette magique,
J'aiguise ma plume et sors mon encre sympathique
Pour écrire un message aux charmes poétiques
Qui transformera le monde en un lieu magnifique.
36
Mon corps est mon vaisseau
Mon amour, mon corps est mon vaisseau.
A la barre le poète, l'homme en est le mousse.
Il va où bon me semble, où le vent le pousse
Qu'il vente, qu'il grêle ou qu'il pleuve à seaux.
J'arrime les amarres quand le bateau fait relâche
Dans ta calanque, je me baigne dans l'eau pure.
De mon pinceau de soie je refais tes peintures,
Ton corps est mon rivage. Le port où je m'attache.
Dans les vents dominants, je me laisse griser
Par cette liberté qui m'est chère, sans entrave.
L'onde est séparée par le soc de mon étrave.
Pour courir les mers, mes chaînes j'ai brisées.
Mais tu me manques déjà, j'ai mal de toi.
Je ferle le foc, sous le vent, et vire de bord
Vers toi je reviens vite, je tire des bords.
Je m'en vais me pelotonner sous ton toit.
Je serai ton esclave, je ramperai vaincu !
Je brûlerai mon navire pour garder ton coeur
Puis je danserai de joie, ivre de ta liqueur
Et je mourrai pour toi, sois en convaincue.
Au soir de notre vie, quand tombera la nuit
Quand les étoiles viendront pour nous dire adieu
Et nous accompagner vers un hypothétique dieu
Nous fermerons les yeux ...et dirons bonne nuit.
37
Ne me laisse pas...
Dans la neige fraîche tes pas se dessinent.
Poussé par le désir je les suis en courant.
Me voici maintenant au milieu des géants,
Ces vieux pins où tu te caches libertine.
Mais les traces les dépassent vers l'horizon.
Je ne vois plus maintenant qu'un tapis blanc,
Où se déplace un petit point seul et tremblant.
La nuit est déjà là sans lumières ni maison.
Le clair de lune, fantomatique et froid,
Guide mes pas en me montrant les tiens.
Ton beau visage me réchauffe et me soutient,
Mais dans mon coeur, peu à peu, naît l'effroi.
Je n'en peux plus, j'ai mal de ton absence
Je me meurs tout seul au milieu des glaces
Aide-moi, ne me laisse pas mourir sur place
Sans ta plume à mes côtés, la vie n'a pas de sens.
38
Tentatives...
J'ai écrit ton nom sur le sable de la plage
Pour dire au monde combien je t'aime.
Mais une vague, s 'écrasant sur le rivage,
A effacé de la page mon petit anathème.
Dans un flacon, j'ai glissé un parchemin
Sur lequel j'ai dessiné ton beau visage.
Las, la bouteille a cassé sur le chemin
Tailladant mon esquisse, un carnage.
Dans le ciel ton doux prénom j'ai inscrit
Sur les nuées bleues en lettre de fumée.
Mais le vent polisson a balayé mon écrit
Ne laissant que poussières parfumées.
Sur la pierre j'ai gravé un serment d'amour
Pour crier à l'univers combien je suis épris.
Mais le temps l'a usé, rien ne dure toujours.
Pourquoi donc ai-je été aussi surpris ?
Alors sur mon âme j'ai tracé ma promesse
En runes incandescentes et aussi en larmes
Pour proclamer envers toi ma tendresse
Et aux Dieux l'ardeur de ma flamme.
39
Dans les couloirs du temps...
Je me suis perdu dans les couloirs du temps.
Aujourd'hui j'ai vieilli, j'ai perdu ma jeunesse.
Où sont passées ma fougue et mon allégresse
N'ont-elles laissé que douleurs en partant ?
Mes cheveux noirs, devenus grisonnants,
Encadrent des rides qui n'étaient pas là hier.
Et même si de ma silhouette je peux être fier
Mon cœur, dans sa cage, moins fort va résonnant.
N'étant pas devin, je ne connais pas l'échéance
De mon dernier soupir sur mon lit de mort,
Dans lequel s'enfuiront mes joies et mes remords.
Je ne sais pas l'heure de l'ultime déchéance.
Mais peu m'importe pourquoi, l'instant ou le lieu,
Je t'ai toi, toi qui porte mon âme aux nues
Quand se chevauchent et se mêlent nos corps nus
Je sais que je t'aurai aimée de mon mieux.
40
L'accident
Dans mon bolide d'acier je fonce dans la nuit.
Le moteur vrombit et je chante avec lui,
Sur l'asphalte la lumière des phares luit.
Ma mécanique tourne sans aucun ennui.
Dans ma fusée sur roues, j'accélère encore.
Collé sur mon siège j'apprécie la vitesse,
De cette puissance je goûte l'ivresse.
Devant mes yeux semble brouillé le décor
Dans mon véhicule je suis un dieu.
Je défie Hermès dans ma course folle,
Dépassant même en vitesse les vents d'Eole.
Je file dans l'obscurité, lieue après lieue.
Dans mon cercueil d'acier je suis encastré.
J'ai voulu aller vite pour me sentir viril,
Je m'aperçois que c'était plutôt puéril
Et qu'en moi, le mâle, l'accident a castré.
Dans ma caisse en bois j'attends maintenant.
Tous autour de moi pleurent à chaudes larmes,
Si j'avais su avant, j'aurais rendu les armes
Et en freinant, j'aurais évité le firmament.
41
Le trois mâts
Un bout de croissant paraît sur l'horizon scintillant,
En son coeur on peut voir un voilier à contre-jour.
Le bruit du ressac berce mon coeur, voici l'amour !
Dans sa cage en os mon pauvre coeur va sautillant.
Le soleil monte maintenant, le bateau s'approche.
Je fais les cent pas dans le sable blanc, impatient.
Des nuages apparaissent, je n'en suis pas conscient
Je ne
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