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Paris : Hachette84 p. : cartes ; 38 cm
Contenu : 1902-1908 : Asie 1902, Afrique 1902, Amérique 1902, Asie 1903, Afrique 1903, Amérique 1903, Amérique 1904, Asie 1904, Afrique 1904, Europe Asie 1905, Afrique 1905, Amérique 1905, Asie 1906, Afrique 1906, Amérique 1906, Asie 1907, Afrique 1907, Amérique 1907, Asie 1908, Afrique 1908, Amérique 1908
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AMÉRIQUE
1902
AMÉRIQUE DU NORD
RÉGIONS POLAIRES
Pour les régions polaires arctiques, l'année 1902 a été marquée par ia
publication des résultats scientifiques d'un des plus fructueux voyages
qu'on ail en à enregistrer depuis longtemps.
Si, en dépit de prodiges d'énergie, les hardis mardis Scandinaves,
conduits par Sverdrup, n'ont pu vaincre la résistance des glaces polaires
et atteindre une très haute altitude, en revanche, ils ont accompli
d'excellente besogne scientifique dans rimmense inconnu situé an nord
de l'archipel polaire américain.
On sait que l'expédition norvégienne, dirigée par Sverdrup et embar¬
quée sur le bateau fameux qui conduisit Nansen lors de sa dernière ten¬
tative vers le Pôle, a abouti à la découverte de nouvelles Iles polaires
situées vers l'ouest et au delà des grandes terres qui forment les détroits
de Smith et de Kennedy, route de tant d'expéditions parties à la conquête
du Pôle, Ces terres, qui ont reçu les noms de Grant, de Grinnell, d'EIles-
mere, ISorlh Lincoln, et occupent une surrace considérable, ont été
complètement contournées, puisque P expédition Sverdrup a rejoint Je
point extrême qu’avait atteint en 187l>, parle nord, le lieutenant Aklrich,
île l'expédition du capitaine Yarcs.
Au départ d'Europe, le plan primitif élaîl de remonter le détroit de
Smith, le canal de Robeson, pour atteindre l’Océan pal.éocrystique de
.Nam; puis d'explorer la côte septentrionale du Giônland et la région
située plus au nord; dans l'espoir d'y rencontrer des terres nouvelles,
Depuis l'expédition anglaise de L’AteWet de la Discovery, en i875-7(>, aucun
navire n'avait suivi cette voie vers l’extrême nord : seul Pearv avait
essayé, au moyen de traîneaux, de gagner une haute latitude par le
Gronland sep l en tr ion al et le canal do Robeson.
Malheureusement, pendant l’été de J899, l'état des glaces dans le
détroit de Smith fut des plus défavorables, et Je chef de l'expédition,
pour ne pas s'épuiser dans une Julie stérile, renonça à son projet
d'exploration du Gronland septentrional, et, délaissant h route jusque-là
suivie, s'engagea vers l'ouest dans le détroit de Jones,
La région du Rayes Sound, sur le bassin de Kane, avait été explorée
pendant la première campagne de l'expédition Sverdrup (1898-99).
Durant les trois années suivantes, le Fram fut constamment bloqué dans
le détroit de Jones. Ou en profita pour* relever, au cours de nombreuses
reconnaissances en traîneaux, les côtes sud et ouest des terres citées
plus haut, Les pérégrinations amenèrent la découverte de grandes îles
qui ne portent d’ailleurs pas encore de noms sur la carte publiée par
i expédîtioti norvêgienne.
8ur notre carte, les côtes dues a la nouvelle expédition du Ffdm sont
indiquées par un trait noir. Ainsi l'on saisira d'un coup d'œil l'impor¬
tance scientifique de cette dernière mission qui, pendant son séjour de
quatre ans dans l'Arctique, malgré les conditions les plus défavorables,
sans jamais céder au découragement, a poursuivi l'exploration méthodique
de ces inhospitalières régions avec un magnifique sang-froid; recueilli de
très abondantes observations de toute nature avec le soin et la méthode
qui caractérisent tons les travaux des savants norvégiens : observations
des marées, du magnétisme terrestre, météorologie, etc., tout en rem¬
plissant un large blanc sur la carte de l'archipel polaire américain.
L'est par les soins du capitaine Isachsen, dont la part, dans l'œuvre
commune, a été gariiculièrcment importante, qu'ont été publiés les
résultats topographiques de la Mission,
Le point extrême atteint vers l'ouest par l'expédition a été relevé par
108° 20' de longitude occidentale de Paris, la latitude ne dépassant pas
79“ 30*. 1 1
ALASKA
.Vous avons, chaque année, par quelques lignes, attiré l'attention de
nos lecteurs sur les remarquables travaux de topographie que le Geoh-
{fical Surmy des Etats-Unis conduit dans le territoire d'Alaska, avec une
extraordinaire activité.
Un certain nombre de cartes à grande échelle ont été publiées.
Les travaux nous ont permis de dresser une carte d'ensemble du terri-
toire, qui fera voir combien sa physionomie générale se trouve déjà
modifiée et quels progrès ou a réalisés aujourd’hui dans la connaissance
topographique de ces terres.
Evidemment, il reste encore de vastes étendues à relever, notamment
dans les parties situées au delà de h Sushitna sur le versant du Pnd-
lique et sur tout le versant de l'Océan Glacial. Il est encore impossible de
iraecr avec ensemble le système montagneux qui sépare le bassin du
Hikon de ceux des rivières côtières tributaires du Pacifique, ou la rangée
des chaînes qui, au nord, forment la bordure du grand plateau alaskien.
La principale région oue nous font connaître les publications du
Iniied Siales Geological Survey est la curieuse péninsule Seward, qui
lorme, avec l'extrémité correspondante du continent asiatique, Je détroit
de Béring. Cette étude est principalement l'œuvre de M. T, G. Gerdine
( 1/250.00ÏP). La partie méridionale rie la péninsule, qui reçoit le nom de
Nome Région, a été relevée par M. E. C. Bernard (même échelle): le
bassin des rivières Koyukuk et Lhandlar, tributaires de la rive droite du
' ubon (l/l>25.0Ü0 r ), étudié au point de vue géologique par JL Y. C. Schrador,
au point de vue topographique par M. T. G. Gerdine; les vallées de la
Lopper River et île son affluent la Chiùnta avec leurs vastes glaciers qui
descendent des hautes cimes qui constituent le système alaskien, pro¬
longement des chaînes bordières du Saint-Elic (1/2ML00Ü*}; le cours des
rivières Whitc cl Tanana, affluents de gauche du Vukoit, avec leurs
parties adjacentes (topographie de W, J. Peters; 1/925.000"), etc,
Lu estime a peu près au sixième de l’étendue de l’Alaska américain
la portion, aujourd'hui levée de ce territoire; encore, pour la majeure
partie de cette surface, il ne s’agit, bien entendu, que de levés de
reconnaissance tout juste suffisants pour représenter la structure d'en-
se m b le t b* celle gra n d e péninsule.
L’activité des levés, géologiques et topographiques ne s'est pas ralentie
eu 1902, Les investigations se sont particulièrement dirigées vers les
régions du sud-est, si importantes au point de vue de la production mi¬
nière. La carte topographique du bassin entier de la Lopper River a été
complétée ainsi que la reconnaissance géologique de la majeure partie.
On a dû définir la relation des filons aurifères au nord et au sud du
groupe du mont AVrangel, Les rangées montagneuses situées au nord du
Look Jnlel, celles qui précisément contiennent le mont Mac Kinley, point
culminant de la région et qui uVlaiuit jusqu'à présent que soupçonnées,
ont été relevées par M. Brooks. On a continué aussi l'étude de la vallée
de la J anana et de ses champs aurifères avec le dessein d'attaquer ensuiLe
la région inexplorée qui va de la Taiiana River au Yukcn, dans la direc¬
tion de Circle Lit y*
Quant à la région canadienne du KJondifce et du haut Yukon, dent nous
avions donné un tracé général dans noire 8* fascicule (1897); elle
est a présent connue d’une manière satisfaisante, au moins pour eu
dresser une carte à une échelle géographique.
L'activité qui se manifeste dans ces régions, cependant peu hospita¬
lières, est en grande pariie expliquée par l'attraction des gisements auri¬
fères signalés un peu partout dans le vaste Alaska. Il faut signaler, à ce
point de vue, la carte publiée par les Mitleilungen de Gotha (mars 1902),
à l'appui d'un article du capitaine Fr. Immanuel, sur les relations réci¬
proques que présentent les péninsules terminales des continents asiatique
et américain.
ERRES CANADIENNES
Depuis les levés des côtes de la Terre de Bafûn sur le détroit de
JJudson, exécutés par le D r Rotert Bell et dont une réduction a été
insérée, en 1901, dans le Geogmphical Journal , en même temps qu'un
mémoire descriptif (le la contrée, un nombre considérable de missions
géologiques et topographiques ont été organisées dans les différentes
parties du Dominion, par !e Geological Snrsey du Canada, qui poursuit
parallèlement dans ces immenses territoires l'étude scientifique des
terrains eL leur reconnaissance au point de vue de la richesse métallifère
et des ressources agricole et industrielle.
Le rapport sommaire du Geological Suvvey du Canada pour 1901, publie
à Ottawa en 1902, résume les opérations de ces nombreuses missions.
Dans la Lolombie briiannique : commission de délimitation entre les
Etats-Unis et le Canada (bassin du Fraser, Wesl-Koolenav, etc.); dans les
régions de la haie do Hudson : exploration de la côte occidentale de la baie
James et de ses tributaires (rapport de Mr, Dowling); sur les contins
limitrophes des provinces de Québec cl d'Ontario : levés de M. W. Wil¬
son et Fr. Johnson, etc.
Mm avons parlé, l'an passé, d'une expédition sur la rôle nord-est du
Labrador, dont Mr. Réginald A. Daly avait publié îcs résultats géolo¬
giques; le professeur E.-B. Delabarre, chef de l'expédiLion, en a de son
côté publié une relation détaillée (Report ofthe Brown-Alamard Expédi¬
tion to Tiachvak) qui aura apporté de copieux renseignements de toute
sorte concernant la géologie, la végétation, l'ethnographie de celle
contrée.
A signaler encore dans la même région l'expédition dirigée par le
colonel Glazier, tant sur la côte que dans fintérieur, qu'il a naturelle¬
ment trouve désert, désolé, dépourvu d'habitants, mais dont il a rapporté
des spécimens géologiques et des collections de botanique ci de zoo¬
logie.
ANTILLES
Le continent américain a été, eu 1902, particulièrement éprouvé par
la violence et la fréquence des phénomènes sismiques qui se manifestent
d'une façon presque ininterrompue à la surface de la terre.
Les éruptions et secousses survenues aux Petites Antilles sont parmi
les plus terribles dont on ait gardé le souvenir, et c'est l'une de nos colo¬
nies, la Martinique, qui en a le plus souffert.
Jlans la matinée du 8 mai, eut lieu le paroxysme de Féruplion de la
Montagne Pelée qui, vers Je nord-csl, domine de ses 1550 mètres la ville
de Saint-Pierre, la plus considérable des Antilles françaises. Cette ville
comptait environ 50 01)0 habitants. En quelques minutes, elle fut complè¬
tement détruite par une pluie de feu eL un tourbillon de gaz irrespira¬
bles, qui consumèrent en même temps des milliers de maisons dans la
campagne environnante et firent disparaître les navires en rade. Tonte
I extrémité septentrionale de 1 île, en un instant transformée en une mer
de feu, fut ensuite recouverte d'un épais manteau de cendres grises.
Des cendres et des pierres tombèrent jusque sur Fort-de-France, à plus
de 25 kilomètres du foyer de l'éruption et une obscurité intense envahit
toute la région d’alentour.
Plusieurs cratères s'étalent ouverts dans le flanc de la montagne, et
des rivières sorties de leur lit envahissaient de vastes espaces.
Nares
PUBLIE, par la LIBRAIRIE HACH ETTE lt G
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L ARCHIPEL POLAIRE américain
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Le volcan de h Montagne Pelée n’avait pas donné signe d’activité
depuis l'année 1851.
L'éruption de la fameuse Soufrière de Saint-Vincent, quoique moins
destructive, fut aussi une terrible calamité pour celle île, où elle lit près
de 2000 victimes. Un tiers de la partie septentrionale a été révolutionné
par le phénomène et, tandis que la soufrière présentait l'aspect d’une
fournaise ardente, des abîmes gigantesques et des nouvelles vallées Cou¬
vraient. La dernière éruption de la soufrière de Saint-Vincent datait
de 1812,
Iles signes d f agitation se sont également manifestés dans plusieurs
autres îles de la chaîne antilienne, notamment à Saint-Kilts*
Les Américains, situés à proximité, ont été les premiers à secourir les
malheureuses populations des An tilles. Six jours après le désastre, une
première expédition scientifique était organisée par la Société de Géogra¬
phie de Washington*
D'après l’élude sur le terrain poursuivie par le professeur HiLlduCco/o*
tjîcai Survcij des Etats-Unis, la destruction de Saint-Pierre aurait été
causée, non point par la Montagne Pelée, mais par un des nouveaux
cratères ouverts entre la montagne et la mer* Ce nouveau cratère était
entouré d'une centaine de petites bouches en activité émettant de la boue
et des cendres.
L'Académie des Sciences de Paris a aussi envoyé h la Martinique une
mission composée de M. Lacroix* professeur de minéralogie au Muséum
d'histoire naturelle de Paris, de M* Rollet de l'Isle, ingénieur-hydro¬
graphe de la marine, et de M. Giraud, docteur ès sciences.
Plusieurs autres missions américaines ont encore visité les Antilles,
notamment celles organisées par l'Université Harvard et Y American
Muséum of nalural hhlortj*
La mission géologique dirigée par M. Lacroix a parcouru la zone
dévastée par les éniplinns du mont Pelée; ses recherches scientifiques se
son! étendues sur 8 kilomètres au sud et 5 kilomètres au nord. Elle a
suivi la crête du cratère qui présente une cavité irrégulière de 150 mètres
de profondeur, au centre de laquelle s'est formé un cône de roches dé¬
passant l'ancien sommet de la montagne*
D’après M. Lacroix, l'éruption à la Martinique, jusqu'à îa lin de juil¬
let 1002, a consisté exclusivement dans une phase explosive; pas de
coulées de lave, pas de changement de niveau du rivage, aucun affaissement
nt soulèvement dans l’intérieur des terres, pas de modifications appré¬
ciables des fonds au voisinage de la cèle, pas de tremblements de terre.
Deux phénomènes spéciaux caractérisent Uéruplion actuelle* C’est
d’abord la formation par accumulation d’un dôme de lave solidifiée sur
l’orifice de sortie de la bouche souterraine du volcan. L’autre phénomène,
non encore observé scientifiquement, es! la production de nuées ardentes,
l'un des traits essentiels de l'éruplion de 1902. Ce sont ces nuées
ardentes ou nuages denses à haute température, produites par une pro¬
jection de gaz et de vapeurs, qui, rasant le sol, brûlent et asphyxient les
êtres vivanls, détruisant tout sur leur passage. C'est elles qui ont
caractérisé les grandes éruptions du 8 et du 20 mai, du 0 juillet
et du 50 août 1902* Elles seules expliquent la catastrophe de Saint-
Pierre*
En résumé, à la Martinique, l’éruption continue; son régime se main¬
tient constant; l'élément destructeur principal, les nuées ardentes, per¬
siste; les flancs de la Montagne Pelée et la zone avoisinante restent éva¬
cués pour un temps indéterminé* Mais la région dévastée ou dangereuse
n’esl qu'une faible partie de la Martinique : un vingtième environ, d'après
le ï apport de M. HiU, du Geologkal Survey ; le reste de Pile demeure aussi
vert que par le passé. Le sort de notre colonie n’est donc nullement dé¬
sespéré*
CENTRE AMÉRIQUE
Quoique ce ne soit pas là un fait de cartographie ou d'exploration, nous
ne saurions laisser passer sous silence, dans une revue annuelle ayant
trait aux choses d’Amérique, un événement aussi capital que celui du
rachat, par les Etats-Unis, de l'entreprise française du canal de Panama.
Au point de vue économique, cet événement aura des conséquences
incalculables, car le canal de Panama devant surtout profiter aux
Américains, ceux-ci vont avoir désormais les mains libres et, maîtres de
l'une des clés du monde, seront appelés à la domination exclusive de
l’océan Pacifique.
Les El al s-Unis rencontrent aujourd'hui quelques difficultés d’ordre
financier, avec la Colombie, au sujet de la bande de terrain qu'ils vou¬
draient se voir céder de chaque côté du canal* iSul doute que les deux
parties ne trouvent un terrain d’entente on que les Etats-Unis n'arrivent
à triompher par un moyen quelconque, si l'on considère quel intérêt ils
ont à achever promptement le canal qui rendra définitive la suprématie
de l'Amérique,
AMÉRIQUE DU SUD
Les explorations nouvelles dans le continent du Sud-Amérique sont peu
nombreuses et peu importantes.
La mission géodésique française, chargée de la mesure d'un arc de
méridien dans la région équatoriale, poursuit régulièrement ses travaux*
Les opérations de mesure d'angles dans la région du nord sont terminées;
i n 1905 et 1904 la mission abordera la région sud, de Riobamba au
Pérou*
ARBITRAGE CHILO-ARGËIMTIN
Le 25 novembre 1902, le roi de Grande-Bretagne et d'Irlande a rendu
la sentence arbitrale, relative à l'établissement de la fronlière entre le
Chili et l’Argentine au sud du 40° de latitude*
En voici le texte :
fa sentence d’arbitrage est ainsi conçue :
Art* 1. —La frontière, dans la région de la passe de San Francisco, sera formée
par la ligne de partage des eaux* allant de la borne déjà érigée sur le col*
jusqu'au sommet de la montagne nommée Très Cruees.
Art. II. — Le bassin du lac Lacar appartiendra à l'Argentine.
Art. HL — De la passe Perez Rosales, au nord du lac Mme! fiuapii, jus¬
qu'aux environs du lac Yiedma (40* parallèle sud), la fronlière passera par le
mont Trunador et de là, jusqu’à La rivière Palena, en suivant une ligne qui
coupe les eaux par des points que nous avons lixés sur les rivières Man^o
Puelo, Felaleufii et Palena [ou Carrenieufû), laissant à l'Argentine les bassins
supérieurs de ces rivières au-dessus des points que nous avons fixés, y compris
les vallées de Viilegas, Jîuevo, ChoJila, Colonïa 1(5 de octobre* lluémulcset Gorce
vado, donnant au Chili tes bassins inférieurs au-dessous des mêmes points.
Du point fixé sur la rivière Palena, la frontière suivra la rivière Eneuenlro
jusqu'au pic appelé Virgen, puis ira h la rencontre de la ligne que nous avons
tracée transversalement au lac General Paz, suivra ensuite la ligne déter¬
minée par un point fixé sur la rivière Pico, d'où etie montera vers le laite prin¬
cipal de partage des eaux du continent jusqu'au borna Bagnoles, cl suivra
ensuite cette ligne de partage jusqu'au sommet appelé dans la région : la Calera.
De ce point, elle suivra certains tributaires de Ja rivière .Simpson [ou rivière
Aisén méridionale) que nous avons déterminés et atteindra le sommet appelé
Ak Iwan, d'où elle rejoindra un point que nous avons établi sur un promontoire
des rives septentrionales du ïae Buenos Aires* Le bassin supérieur de la rivière
Rico est ainsi laissé à l’Argentine, le bassin inférieur au Chili, ainsi que le bassin
1 Iota! de î'Aïsén, à l’exception d’un espace vers les sources de la branche Stid r
; comprenant un établissement appelé ïvoslovsky* lequel restera à l’Argentine*
Plus loin, la continuation de la frontière est déterminée par des lignes que
nous avons établies à travers les lacs Buenos Aires, Pueyrredon [ou Cochnme)
et San Martin, à l'effet, de laisser au Chili les portions occidentales des bassins
de ces lacs; à l'Argentine* les portions orientâtes, les chaînes divisoires portant
les pics culminants appelés San Lorenzo et Fitz-Roy.
Du Fitz-Roy au mont Stükes, la ligne de démarcation a été déterminée anté¬
rieurement*
Art. IV. — Des environs du mont Stokcs jusqu'au 52* parallèle, b frontière
suivra d'abord Ja ligne de partage continentale, définie par Ja Sierra Rognâtes,
s’en écartera ensuite vers le Sud en traversant la rivière Vizcadias, jusqu’au
Cerro Cazador* a l'extrémité sud-est duquel elle coupe la rivière Gui lier mo, pui^
rejoindra b ligne de partage à L'est du mont Solitario, la suivra ensuite jus-r
qu'au 52° parallèle, le rencontrant en un point à partir duquel b Iront 1ère a élé
définie antérieurement par un arrangement mutuel entre les deux Etats inté¬
ressés*
Art. V. — On trouvera une description plus détaillée de la ligne frontière
dans ïe rapport à nous soumis par notre tribunal et sur les cartes fournies par
les experts des Républiques Argentine et du Chili, sur lesquelles b frontière
que nous avons arrêtée a été tracée par les membres de notre tribunal et
approuvée par nous*
Nous avons plusieurs fois expose ici l’origine du conflit; nous n'y rc^
viendrons pas*
L'arrêt de l’arbitre n’a d'ailleurs pas résolu la question géographique
tpie posait ce conflit; la frontière d'aujourd'hui, d'une façon générale, ne
passe ni par la ligne de partage des eaux, ni par celle des plus hauls
sommets, La plupart des bassins hydrographiques réclamés par l’Argen¬
tine ou par le Chili se trouvent partagés entre les deux états. Même les
grands lacs se trouvent coupés en deux! Dans son souci de contenter
en même temps les deux parties, l’arbitre n'a-t-il pas créé là des raisons
nouvelles de contestations futures?
Quoi qu’il en soit, des 92090 kilomètres carrés nui étaient en litige {le
sixième environ de la superficie de la France) 57000 sont dévolus à l'Ar¬
gentine et 55090 au Chili* Mais l’avantage apparent donné à ce dernier
état est compensé par la valeur des terrains laissés à l’Argentine, préci¬
sément sur les points où elle a déjà commencé les travaux de colonisa¬
tion*
V* lIl’ÛT*
1902
•il.
VOYAGE DU D r SVEN HEDIN
Le dernier* voyage de l'infdtigable voyageur suédois a été effectué de
1890 à 1001. Le 22 décembre le roi de Suède a reçu la dépêche suivante
datée de Kachmir: « Voyage extraordinairement important a travers
Tibet entier; déguisé en pèlerin, je me suis approché de Lhassa, ai été
reconnu, fait prisonnier, mais bien traité sur l'ordre du Datai Lama.
Nouvelle tentative empêchée par 500 soldats tibétains* Fait très impor¬
tantes découvertes, perdu partie caravane, mais sauvé résultats de rex¬
pédition. Arrivé sur territoire anglais, ai été reçu avec honneurs et
cordialité sur ordre vice-roi des Indes. »
Tels sont en quelques mots les péripéties du voyage dont nous allons
extraire tout ce qui intéresse la cartographie de l'Asie Centrale. Disons
tout ÿabord que lit, Sven lledin n’a pas encore publié de cartes détaillées
de son important voyage et que les cartes fort sommaires, jointes au
récit publie de ce voyage, ne donnent pas la moindre idée du travail
accompli* Kn effet, les levés originaux exécutés par Fintrépîdc explora¬
teur forment 1149 feuilles qui étant mises bout à bout représenteraient
une bande de plus de 500 mètres de longueur ! Les observations astrono¬
miques, très nombreuses (114 points), n’ont encore été ni utilisées, ni
même réduites ou coordonnées* (Par un hasard extraordinaire, le dernier
itinéraire du D r Svedin levé de 1890 à 1909 s’étend juste sur autant de kilo¬
mètres, 10 500, que son ihnéraire du voyage de 1894 à 1807*) Environ 0000
kilomètres ont été parcourus en pays absolument inconnu, et cette éten¬
due immense a été levée à l'échelle de î : 55000, ce qui permettrait de
construire définitivement la planiméirie et l'orographie de celte région
d’àutant plus facilement que le relief du terrain est représenté sur les
minutes en courbes de niveau.
Le véritable voyage commence à Laïlîk, le 18 septembre 1890, De ce
point situé sur le Yarkend Daria jusqu’au Yajighi-Koul, où il est arrivé au
commencement de décembre, 31. Sven lied in a voyagé à bord d’un bateau
confortablement muni de tout ce qui est nécessaire pour faire de bonnes
observations. Espérons que lorsque Fexplorateur aura publié ses levés
nous aurons de ce fleuve centre-asiatique un tracé aussi exact que celui
de la Seine* Des observations autres que le levé proprement dit permet¬
tront en outre de savoir, pour chaque point du fleuve, la profondeur, la
force du courant et par conséquent le débit* Les météorologues pourront
récolter dans les documents rapportés par M* Sven lledin une ample
moisson d’observations faites a leur intention, avec une régularité et une
ténacité qui caractérisent tous les travaux du jeune explorateur*
Du Yanghi-Koul à Ta Iran, sur le Tcherlchen-Daria, le voyage s’est effec¬
tué dans des conditions tout autres que celles dans lesquelles M* Sven
lledin a passé les trois premiers mois de la véritable partie de plaisir à
bord de son bateau. L’itinéraire choisi pour passer du Tarim au Tohertchen
passe en effet par cet effroyable désert de Tukla-Makan où l’explorateur
suédois avait failli perdre la vie lors de son précédent voyage. En 1895,
M. Sven lledin avait réussi à traverser le désert entre Mazar-Tagh et le
Kholan-Daria ; comme on voit sur notre carte, la route que les voyageurs
ont eu à parcourir en décembre 1899 et janvier 1900 est deux fois plus
*oligue, que celle de 1895.
De Tcherichen, M. Sven lledin a fait une pointe vers An dore et est
enu au Yanghi-Koul par un chemin autre que celui suivi lors du
vOyage de l’aller.
Après un repos bien mérité de quelques jours à peine, l’infatigable
explorateur est reparti du Yanghi-Koul, le u mars 1900, dans la direction
du Lob-Nor,
Pendant cette excursion 31. Sven lledin a suivi le Ht délaissé du Koum-
Daria découvert par F explorateur russe Kozloff. Ce Koum-Daria avait servi
jadis à l’écoulement des eaux du Tarim dans l’ancien Lob-Nor actuelle¬
ment à sec* Au sud des AUmich-BouIak, (soixante sources), le voyageur a
lecouvert des ruines de maisons et de temples qu’il a re visitées pins lard
pour les mieux examiner. Du lieu de ces ruines M* lledin s’est dirigé vers
le Sud, a traversé l’ancien Lob-Nor sans y trouver une seule goutte d’eau
et est arrivé 5 Abdat situé sur les bords du Kara-Kochouu-Koul, le Lob-Nor
actuel. D'Àbdal il est retourné au Yanghi Koul en suivant un cours d’eau
qui n’avait jamais été cartographie avant lui et qui du reste coulait visi¬
blement dans un lit nouvellement creusé.
Au mois de mai, l’Expédition a quitté le Yanghi Koul et est arrivée, en
bateau! en suivant le bras principal du Tarim, au terminus du voyage
fluvial, le nouveau Lob-Nor. Pendant cette partie du voyage a été levée
une région extrêmement intéressante de lacs de formation toute récente.
Pour passer l’été dans les montagnes, M, Sven lledin et sa caravane se
sont dirigés vers le S.-E, et, en passant par Terniriik et le Gas-Koul, ils
sont arrivés à ïlandarlik situé dans une des vallées du Tchimen-Tagh»
appelé jusqu’à présent, improprement, « chaîne du Tsaïdam 1 a*
De Mandarlik M. Sven lledin a entrepris des excursions fort intéres¬
santes dans le Tibet septentrional. Cette partie du voyage effectuée dans
une région sinon inconnue (elle avait été traversée par fi. Sven lledin lui-
mènie en 1890 et par d'autres voyageurs avant lui, par Prjevalsky, Ron-
valot et le prince Henry d’Orléans, AVellby, Littledale et autres} du moins
cartographiée fort sommairement Lorsque M. Sven lledin aura mis au
net ses levés, cette contrée pourra être fixée d'une façon presque défini¬
tive, Revenu à Terni rlik, qui avait été choisi pour le séjour d'été de la
caravane, M* Sven lledin est reparti, en automne, pour une excursion au
K m nu-K oui (lac des sables) et à FAkato-Tagh.
Le 14 décembre 1900, l’explorateur et une partie de sa troupe ont quitté
pour la dernière fois Temirlik et se sont dirigés vers Best. Fendant ce
voyage d’hiver ont été explorés: FAkato-Tagh, FAsLyn-Tagh (montagnes
antérieures), la partie occidentale du désert de Gobi à l’ouest de Sa-Tcnéou
de Tchimen-Tagh èlnîL jusqu'à présent appliqué à une autre chaîne de
M. Sven lledin appelle Àkalo-Tagh, ou plutôt Ak-.Uy-Tagh (
LCc
et une région sans eau et sans un seul habitant située à l’est des
Altmich-Boulak où la caravane est arrivée après avoir passé douze jours
sans pouvoir renouveler sa provision d’eau.
Revenu au point de départ, M. Sven lledin a entrepris un nivellement
de précision reliant l’ancien Lob-Nor au Kara-Kochouu. Ce nivellement
non plus n’est pas encore publié et nous sommes forcés encore de nous
servir des tracés antérieurs dus à M, Kozloff et. portés sur la carte au
11 fi80 000% dile de la zone frontière sud, publiée par le Dépôt de la Guerre
russe (feuille 21). Dans l’exposé sommaire de son voyage tait par F explo¬
rateur dans le u HÏ Vil des Mitteitungen de Pcterniann, 1909, SL Sven lledin
se borne à dire, et nous le croyons sans peine, que F emplacement de
Kara-Kochoun est inexactement indiqué sur les cartes existantes.
Pendant cette nouvelle exploration du Lob-Nor, auquel M. Sven lledin
revient à chacun de ses voyages, l’explorateur a pu constater un fait fort
important, qu'il avait prévu bien des années avant. Il a acquis des
preuves des déplacements de ce lac essentiellement migrateur. Entre les
deux visites successives de M, Sven lledin, le Kara-Kochoun s’est en
effet déplacé vers le Nord, dans la direction de son ancien lit et les
voyageurs ont eu à contourner, pendant plusieurs jours, un lac nouvel¬
lement formé, situé entre le nouveau et l'ancien Lob*
Le 17 mai 1901, a commencé la tentative, échouée comme nous
Bavons dit tout au début de notre notice, de pénétrer dans le Tibet et
d’atteindre Lhassa. A une journée de voyage du Tengri-Nor, M* Sven
lledin a rencontré des Tibétains qui lui ont intimé l’ordre d’avoir à
rebrousser chemin. Ayant rejoint sa caravane, — M* Sven lledin avait
fait son excursion vers la ville interdite, accompagné de quelques indi¬
gènes seulement et sous un déguisement qui n’a pas trompé la vigilance
des autorités tibétaines, — l’explorateur s’est dirigé avec elle, escorté
de plusieurs centaines de cavaliers tibétains, dans la direction occiden¬
tale, vers Flnde, Pendant cette partie du voyage, SL Sven lledin a con¬
tinué ses levés; comme avant il enrichissait ses collections géologiques,
botaniques et zoologiqties*
Il a eu à croiseï' les itinéraires des explorateurs ayant visité le pays
avant lui, ceux de Bower et de Littledale (voir les numéros précédent
de ILJmufe Cartographique, où nous avons exposé ces voyages). Comme
il était facile de le prévoir, U. Sven lledin avait beaucoup de peine à
identifier les lieux visités avant lui, grâce à Fin suffisance des tracés qui
en avaient été faits par les voyageurs dont nous venons de citer les
noms. (Le n’est qu’à l’embouchure du Sa-Tchou qui se jette dans le
Selling-Tso, que M. Sven Lledin a pu dire avec certitude qu’il se trouvait
à un point visité par Littledale.)
Le 90 décembre 1901, l'explorateur est arrivé à Leh, en territoire
anglais, où il a reçu Faccneil dont il est question dans la dépêche citée
plus haut. De Leh, il est allé à Yarkend et de là à Kachgar, où, pour la
seconde lois, il a fermé la chaîne de ses itinéraires.
Le grand public aura bientôt le plaisir de lire la description de la
première partie du voyage que nous venons d’esquisser. Le récit de
M. Sven lledin, que l’éditeur M. Juven a eu l'amabilité de nous commu¬
niquer en épreuves, est plein d'intérêt II contient plusieurs cartes,
mais on sent bien, eu les examinant, que ee n’est pas encore la réduc¬
tion des itinéraires de l’explorateur* Nous attendons, pour ce dernier
voyage, une carte pareille à celle qui avait été dressée par IlabenicbL
avec les documents du premier voyage de R, Sven lledin. Ce n’est
qu’a lors que cette partie de l’Asie Centrale pourra être cartographiée
pour ainsi dire définitivement, si Fou admet qu’il y a quelque chose
de définitif dans la représentation du figuré du terrain.
VOYAGE DE TSYBIKOFF AU TIBET
Nous venons de voir que M, Sven lledin a échoué dans sa tentative de
pénétrer à Lhassa. Deux sujets russes, l’un, M, Narzounoff, kaltuouk de
race, bouddhiste de religion, l’autre, NI. Tsybikoff, également bouddhiste,
mais de race bouriate, ont eu le bonheur de séjourner pendant longtemps
dans la ville sainte du bouddhisme et d’en rapporter de superbes photo¬
graphies* Une des photographies faites par Narzounoff a déjà été repro¬
duite dans la «Géographie » de 1901 ; plusieurs autres du même voyageur
viennent d'étre publiées dans le fascicule III du tomexxxix des hvesüa de
la Société de Géographie de Saint-Pétersbourg, avec le compte rendu du
voyage de Tsybikoff exécuté en 1899-1900, Malheureusement, l'explorateur
n'était muni (pie de son appareil photographique, et il n’a pas enrichi de
tracés nouveaux la cartographie de cette terre prohibée.
Dans son récit fait à lu séance du 7/20 mai 1905 devant la Société de
Géographie de Saint-Pétersbourg, M* Tsybikoff passe sous silence les pre¬
mières étapes de son long voyage à travers la Mongolie, la Chine et
l’Amdo 1 . Le premier point mentionné est le pied du col de Boum-Za, sur
le San-Tchou* Nous trouvons ce nom de Boum-Za dans le récit du troisième
voyage de Prjevalsky; en effet, c’est de là que l’illustre voyageur a été
obligé par les autorités tibétaines de rebrousser chemin et de renoncer
à son idée de pénétrer dans le Tibet. Humble pèlerin, perdu parmi ses
coreligionnaires qui étaient au nombre de soixante-dix, tous des lamas
d’Âmdo ou de Mongolie, M. Tsybikoff a réussi là où avaient échoué Sven
lledin, Kozloff, Prjevalsky et tant d'autres qui avaient eu Lhassa pour
objectif de leur voyage.
Au pied de ce col, les pèlerins rencontrèrent pour la première fois des
soldats tibétains chargés de bien veiller à ce qu’aucun étranger ne
s’introduise dans le pays interdit. Ils étaient plus vigilants encore que
dû coutume ces gardes-frontière : c'est qu’ils avaient reçu un avis du
gouvernement, les informant de F arrivée possible à cet endroit de
l'explorateur russe Kozloff (voir notre précédente Année Cartographique).
1* Province du Tibet au N, dn Tcngri-Nor.
ANNEE CARTOGRAPHIQUE (Treiziéme Année) 1902
PUBLIE par la LIBRAIRIE HACHETTEetG'P
Méridien, O de Paris
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Dresse P 1
La visite des humbles bagages des bouddhistes mongols n’a évidemment
pas éveillé la méfiance des soldats cl 1*appareil photographique de
M. Tsybikolf est resté inaperçu.
Après quatre journées de marche, les pèlerins arrivent au couvent de Nam-
Tchou, au nord-est du Tengri-Nor. Là, un des compagnons de voyage a
cru devoir informer les autorités tibétaines que parmi les Mongols se
trouvaient quelques Bouriates. L’entrée du Tibet n’étant pas interdite
aux Bouriates, tout s’est arrangé, grâce à un petit cadeau en argent qui
a ouvert à Tsybikoff les portes* de la capitale.
Quelques jours après, ta caravane passe an pied du mont Sarntan-
Kansar 1 , traverse le col de Tchog-La et la vallée de Dam, habitée par
des Mongols ayant quitté leur pays au xvu* siècle. De là, la route monte
au col de Lani-La (« double coi ») et s'engage dans un défilé où Ton
trouve les premiers habitants sédentaires du Tibet central. On y trouve
déjà une certaine culture et sur le Pondo-Tchou (tchou, en tibétain,
veut dire rivière) que Ton a à traverser, ou rencontre le premier pont
tibétain en venant du nord. Sur la rive droite île la rivière, profonde et
rapide, se trouve un château fort, le Pondo-Tson (est-ce le lieu-dit
appelé Phondu sur la carte déjà citée de la Société de (Géographie de
Londres?), A quelques kilomètres au sud, les voyageurs s’engagent dans
le Tchag-La (n la » veut dire col), qui, sur la carte qui nous guide, s’ap¬
pelle Chak-Pass (le lecteur ne doit pas oublier que la carte en question
est rédigée en anglais et que par conséquent Chah se prononce Tchak),
Passé le col, on arrive au village populeux de Penbou situé sur la rivière
du même nom. De là, ou peut se rendre à Lhassa soit par une route
plus longue, mais aussi plus facile en suivant le Penbou jusqu'à son
cou Huent avec rOui-Tchou et ensuite la rive droite de ce dernier, soit
en montant au Go-La dont le sommet n’est qu’à 15 kilomètres de la
capitale fin Tibet, l’entrée dos pèlerins à Lhassa ent lieu le 15 août 1000.
Go n’est pas la place ici de donner une description du Tibet d’après le
récit de M. Tsybikolf. Complétons seulement l’itinérafrê que nous venons
d’indiquer par rénumération des principaux lieux habités visiLés par le
voyageur. C’est tout d’abord Lhassa, située sur fUiü-Tchou (ou Ri-Tchou),
bord ce au Nord par de majestueuses montagnes. Vue du haut de ces
montagnes, la ville, en été, paraît noyée dans la verdure des jardins envi¬
ronnants ; les loits dorés des principaux temples et les murs blancs de
nombreuses maisons à plusieurs étages produisent une impression impo¬
sante qui disparaît quand on s’engage dans les rues tortueuses et sor¬
dides de la capitale.
Une autre ville importante, visitée par Tsybikolf, est Ghigatsé avec le
couvent de Tachil-gounba. Mentionnons aussi tes villes de Tchaug-Tsc,
Sam-Y aï et Tsétan que nous ne pouvons pas identifier,
Tsybikolf est resté à Lhassa jusqu’au 35 septembre 1901, soit pendant
plus d’un an. Il ne nous reste qu’à regretter qu'un si important voyage
ne donne rien au point de vue cartographique. Espérons pourtant, que les
319 gros volumes rapportés par le voyageur et consacrés aux études de
philosophie, d’astronomie, crhîstoire, de géographie, etc., pourront un
jour, lorsqu’ils seront examinés par des spécialistes, jeter aussi un jour
sur la structure du pays dont l’étude directe est interdite aux Européens,
Mentionnons aussi qu’un bouddhiste japonais a, à la même époque, visité
Lhassa et qu'il se propose de publier Je récit de son voyage en japonais
et en anglais.
VOYAGE DU D r A. STElN AU TURKESTAN ORIENTAL
Accompagné d’un topographe indigène fourni par le Bureau topogra¬
phique de l’Inde, le D r Stem s’est rendu de Kachmir à Kaehgar eu passant
par Ghïlghit et Hauza dans ïe Pamir. De Kaehgar il est. allé, par une roule
bien connue, à Yarkend, à Khotan, à Keria et à Polou. Le résultat le plus
important de ce voyage consiste en ce que le D r Stein, ou plutôt le topo¬
graphe qui raccompagnait, a pu relier Khotan à la triangulation de l’Inde,
ce qui permettra de fixer avec certitude les coordonnées géographiques
de cette ville.
Ayant visité tes ruines découvertes par le ï) r Svcn lied in lors de son
1 fcimden Knnsa-Peak de la carie du Tibet publiée en 1S94 par la Société de Géogra¬
phie de Londres.
avant-dernier voyage, ïe Stein a pu se convaincre de la précision des
levés cxéciiLës dans cette partie de l’Asie par l’explorateur dont nous
avons parlé au début de cette notice. ÿ
VOYAGE DU D r K. FUTTERER AU TIBET NQRD-QRÎENTAL
Un grand nombre d’explorateurs, Prjevaîsky, Roborovsky, Loczy, Sveh
Hedin, Rockhill, Obroutchelï, Potanine, Grenard et tant d’autres avaient
visité ïe Koukou Nor et les régions avoisinant cette vaste nappe d’eau;
mais, comme chacun n’a fait des levés que Je long de son itinéraire, il
reste encore beaucoup à faire pour que l’on puisse cartographier délini-
tivement celle contrée attenant à la Chine, à la Mongolie et au Tibet.
Les levés de M. Futterer qui viennent d’être publiés dans le Supplé¬
ment n° 145 aux MiUeilungen de Petermann complètent dans une très
large mesure nos connaissances géographiques d’une bande de terrain
qui va des bords méridionaux du Koukou-Nor à la ville chinoise de Mîn-
Tchéou. Une liste de près de 300 altitudes déterminées par l’explorateur
complète le tracé.
Nous comptons revenir ïà-dessus dans le prochain numéro île l’Année
Cartographique,
EXPÉDITION DAVJES DANS LA CHINE SUD-OCCIDENTALE
Les levés exécutés par cette expédition dont le capitaine Ryder a rendu
compte devant ta Société de géographie de Londres à la séance du 34 no¬
vembre 1903 ont été publiés trop tard pour que nous ayons pu en faire
l’objet d’une carte spéciale. Il en a été néanmoins lenu compte pour le
tracé de la carte hypsométrique de l'Indo-Chine.
EXPÉDITION ANGLAISE AU POLE ANTARCTIQUE
Nous ayons profité de la publication dans le Journal de la Société de
Géographie de Londres d’une carte de Sir Cléments Markham sur les tra¬
vaux de la « National Ânlarclic Expédition »> pour donner une carie du
Pèle Sud représentant l’état de nos connaissances de cette partie de noire
globe si éloignée des terres habitées, où tant de navires anglais, alle¬
mands, Scandinaves lâchent d’élargir le cercle de nos connaissances géo¬
graphiques et où va bientôt les rejoindre te navire français tt le Français )>*
1). Aïïoff.
CARTE HYPSOMÉTRIQUE DE L’INDO-CHINE
Ce premier essai de l’hypsométrie de l’Indo-Chine a été dressé sur les
données les plus sérieuses.
Nous avons, en effet, mis à contribution tous les documents connus
pour en relever les altitudes et établir les bases d’après lesquelles nous
avons pu tracer les courbes qui figurent sur cette carte.
Les nombreux itinéraires si précis des membres de la Mission Pavie
au Tonkin, on Annam, au Laos, dans le Luang-Prabang et le Tranh-Niuh,
ont été relevés un y un. Les caries du Service géographique île l’Indo-
Chine ont été compulsées. Tons les documents rapportés par les explora¬
teurs, aussi bien en In do-Chine qu’au Yun-iïan et en Birmanie, ont été
examinés avec soin.
four U^Siam, outre les différents itinéraires de voyageurs, nous avons
util
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