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Gustave Flaubert
DICTIONNAIRE
DES IDÉES REÇUES
Œuvre posthume
(publication en 1913)
Table des matières
A.
.3
0 .
.47
B.
. 6
P.
.48
c.
.9
Q.
.51
D.
. 16
R.
.51
E.
. 20
s.
.53
F.
.24
T.
.54
G.
. 28
U.
.55
H.
.31
V.
.55
I.
.35
w.
.56
j.
.38
Y.
.56
K.
.40
À propos de cette
L.
M.
N.
.40
.42
. 46
édition électronique
.57
2
A
ABELARD : Inutile d’avoir la
moindre idée de sa
philosophie, ni même de
connaître le titre de ses ouvra¬
ges. Faire une allusion discrète
à la mutilation opérée sur lui
par Fulbert. Tombeau d’Eloïse
et d’Abélard : si l’on vous
prouve qu’il est faux, s’écrier :
« Vous m’ôtez mes illusions. »
ABRICOTS : Nous n’en au¬
rons pas encore cette année.
ABSALON : S’il eût porté per¬
ruque, Joab n’aurait pu le tuer.
Nom facétieux à donner à un
ami chauve.
ABSINTHE : Poison extra¬
violent : un verre et vous êtes
mort. Les journalistes en boi¬
vent pendant qu’ils écrivent
leurs articles. A tué plus de sol¬
dats que les Bédouins.
ACADÉMIE FRANÇAISE :
La dénigrer, mais tâcher d’en
faire partie si on peut.
ACCIDENT : Toujours déplo¬
rable ou fâcheux (comme si on
devait jamais trouver un mal¬
heur une chose réjouissante...).
ACCOUCHEMENT: Mot à
éviter ; le remplacer par évé¬
nement. « Pour quelle époque
attendez-vous l’événement ? »
ACHILLE : Ajouter « aux
pieds légers » ; cela donne à
croire qu’on a lu Homère.
ACTRICES : La perte des fils
de famille. Sont d’une lubricité
effrayante, se livrent à des or¬
gies, avalent des millions, finis¬
sent à l’hôpital. Pardon ! il y en
a qui sont bonnes mères de
famille !
ADIEUX : Mettre des larmes
dans sa voix en parlant des
adieux de Fontainebleau.
ADOLESCENT : Ne jamais
commencer un discours de dis¬
tribution des prix autrement
que par « Jeunes adolescents »
(ce qui est un pléonasme).
AFFAIRES (Les) : Passent
avant tout. Une femme doit
éviter de parler des siennes.
Sont dans la vie ce qu’il y a de
plus important. Tout est là.
AGENT : Terme lubrique.
3
AGRICULTURE : Une des
mamelles de l’Etat (l’Etat est
du genre masculin, mais ça ne
fait rien). On devrait
l’encourager. Manque de bras.
AIL : Tue les vers intestinaux
et dispose aux combats de
l’amour. On en frotta les lèvres
de Henri IV au moment où il
vient au monde.
AIR : Toujours se méfier des
courants d’air. Invariablement
le fond de l’air est en contradic¬
tion avec la température ; si
elle est chaude, il est froid, et
l’inverse.
AIRAIN : Métal de l’antiquité.
ALBÂTRE : Sert à décrire les
plus belles parties du corps de
la femme.
ALBION : Toujours précédé
de blanche, perfide, positive. Il
s’en est fallu de bien peu que
Napoléon en fît la conquête. En
faire l’éloge : la libre Angle¬
terre.
ALCIBIADE : Célèbre par la
queue de son chien. Type de
débauché. Fréquentait Aspasie.
ALCOOLISME : Cause de
toute les maladies modernes (v.
absinthe et tabac).
ALLEMAGNE : Toujours
précédé de blonde, rêveuse.
Mais quelle organisation mili¬
taire.
ALLEMANDS : Peuple de
rêveurs (vieux). Ce n’est pas
étonnant qu’ils nous aient bat¬
tus, nous n’étions pas prêts !
AMBITIEUX : En province,
tout homme qui fait parler de
lui. « Je ne suis pas ambitieux,
moi ! » veut dire égoïste ou
incapable.
AMBITION : Toujours précé¬
dé de folle quand elle n’est pas
noble.
AMÉRIQUE : Bel exemple
d’injustice : C’est Colomb qui la
découvrit et elle tire son nom
d’Améric Vespuce. Sans la dé¬
couverte de l’Amérique, nous
n’aurions pas la syphilis et le
phylloxéra. L’exalter quand
même, surtout quand on n’y a
pas été. Faire une tirade sur le
self-government.
AMIRAL : Toujours brave. Ne
jure que par « mille sabords ! »
4
ANDROCLÈS : Citer le lion
d’Androclès à propos de domp¬
teurs.
ANGE : Fait bien en amour et
en littérature.
ANGLAIS : Tous riches.
ANGLAISES : S’étonner de ce
qu’elles ont de jolis enfants.
ANTÉCHRIST : Voltaire, Re¬
nan...
ANTIQUITÉ et tout ce qui
s’y rapporte : Poncif, embê¬
tant.
ANTIQUITÉS (les) : Sont
toujours de fabrication mo¬
derne.
APLOMB : Toujours suivi de
infernal ou précédé de rude.
APPARTEMENT de gar¬
çon : Toujours en désordre,
avec des colifichets de femme
tramant ça et là. Odeur de ciga¬
rettes. On doit y trouver des
choses extraordinaires.
ARBALÈTE : Belle occasion
pour raconter l’histoire de
Guillaume Tell.
ARCHIMÈDE : Dire à son
nom : « Eurêka ! Donnez-moi
un point d’appui et je soulève¬
rai le monde. » Il y a encore la
vis d’Archimède, mais on n’est
pas tenu de savoir en quoi elle
consiste.
ARCHITECTES : Tous
imbéciles. Oublient toujours
l’escalier des maisons.
ARCHITECTURE: Il n’y a
que quatre ordre
d’architecture. Bien entendu
qu’on ne compte pas l’égyptien,
le cyclopéen, l’assyrien,
l’indien, le chinois, le gothique,
le roman, etc.
ARGENT : Cause de tout le
mal. Auri sacra famés. Le dieu
du jour (ne pas confondre avec
Apollon). Les ministres le
nomment traitement, les
notaires émoluments, les mé¬
decins honoraires, les em¬
ployés appointements, les
ouvriers salaires, les
domestiques gages. L’argent ne
fait pas le bonheur.
ARMÉE : Le rempart de la
Société.
ARSENIC : Se trouve partout
(rappeler Mme Lafarge). Ce-
5
pendant, il y a des peuples qui
en mangent.
ART : Ca mène à l’hôpital. A
quoi ça sert, puisqu’on le rem¬
place par la mécanique qui fait
mieux et plus vite.
ARTISTES : Tous farceurs.
Vanter leur désintéressement
(vieux). S’étonner de ce qu’ils
sont habillés comme tout le
monde (vieux). Gagnent des
sommes folles, mais les jettent
par les fenêtres. Souvent invi¬
tés à dîner en ville. Femme ar¬
tiste ne peut être qu’une catin.
Ce qu’ils font ne peut s’appeler
travailler.
ASPIC : Animal connu par le
panier de figues de Cléopâtre.
ASSASSIN : Toujours lâche,
même quand il a été intrépide
et audacieux. Moins coupable
qu’un incendiaire.
ASTRONOMIE : Belle
science. N’est utile que pour la
marine. A ce propos, rire de
l’astrologie.
ATHÉE : Un peuple d’athée
ne saurait subsister.
AUTEUR : On doit
« connaître des auteurs » ; inu¬
tile de savoir leur nom.
AUTRUCHE : Digère les pier¬
res.
AVOCATS : Trop d’avocats à
la Chambre. Ont le jugement
faussé. Dire d’un avocat qui
parle mal :« Oui, mais il est
fort en droit. »
B
BACCALAURÉAT : Tonner
contre.
BADAUD : Tous les Parisiens
sont des badauds quoique sur
dix habitants de Paris il y ait
neuf provinciaux. A Paris on ne
travaille pas.
BADIGEON dans les égli¬
ses : Tonner contre. Cette co¬
lère artistique est extrêmement
bien portée.
BAGNOLET : Pays célèbre
par ses aveugles.
BAGUE : Il est très distingué
de la porter au doigt indicateur.
La mettre au pouce est trop
oriental. Porter des bagues dé¬
forme les doigts.
6
BÂILLEMENT : Il faut dire :
« Excusez-moi, ça ne vient pas
de l’ennui, mais de l’estomac. »
BAISER : Dire embrasser,
plus décent. Doux larcin. Le
baiser se dépose sur le front
d’une jeune fille, la joue d’une
maman, la main d’une jolie
femme, le cou d’un enfant, les
lèvres d’une maîtresse.
BALLONS : Avec les ballons,
on finira par aller dans la lune.
On n’est pas près de les diriger.
BANDITS : Toujours féroces.
BANQUET : La plus franche
des cordialité ne cesse d’y ré¬
gner. On en emporte le meil¬
leur souvenir et on ne se sépare
jamais sans s’être donné ren¬
dez-vous pour l’année pro¬
chaine. Un farceur doit dire :
« Au banquet de la vie, infor¬
tuné convive... » , etc.
BANQUIERS : Tous riches.
Arabes, loups, cerviers.
BARAGOUIN : Manière de
parler des étrangers. Toujours
rire de l’étranger qui parle mal
français.
BARBE : Signe de force. Trop
de barbe fait tomber les
cheveux. Utile pour protéger
les cravates.
BARBIER : Aller chez le fra-
ter, chez Figaro. Le barbier de
Louis XI. Autrefois saignait.
BAS-BLEU : Terme de mépris
pour désigner toute femme qui
s’intéresse aux choses intellec¬
tuelles. Citer Molière à l’appui :
« Quand la capacité de son es¬
prit se hausse... » , etc.
BASES de la société : Id est,
la propriété, la famille, la
religion, le respect des autori¬
tés. En parler avec colère si on
les attaque.
BASILIQUE : Synonyme
pompeux d’église. Est toujours
imposante.
BASQUES : Le peuple qui
court le mieux.
BATAILLE : Toujours san¬
glante. Il y a toujours deux
vainqueurs, le battant et le bat¬
tu.
BÂTON : Plus redoutable que
l’épée.
BAUDRUCHE : Ne sert qu’à
faire des ballons.
7
BAYADÈRE : Mot qui en¬
traîne l’imagination. Toutes les
femmes de l’Orient sont des
bayadères (v. odalisques).
BEETHOVEN : Ne prononcez
pas Bitovan. Se pâmer quand
même lorsqu’on exécute une de
se œuvres.
BERGERS : Tous sorciers.
Ont la spécialité de causer avec
la Sainte Vierge.
BÊTES : Ah ! si les bêtes pou¬
vaient parler ! Il y en a qui sont
plus intelligentes que des
hommes.
BIBLE : Le plus ancien livre
du monde.
BIBLIOTHÈQUE: Toujours
en avoir une chez soi, principa¬
lement quand on habite la
campagne.
BIÈRE : Il ne faut pas en
boire, ça enrhume.
BILLARD : Noble jeu. Indis¬
pensable à la campagne.
BLONDES : Plus chaudes que
les brunes (v. brunes).
BOIS : Les bois font rêver.
Sont propres à composer des
vers. A l’automne, quand on se
promène, on doit dire : « De la
dépouille de nos bois... » , etc.
BONNES : Toutes mauvaises.
Il n’y a plus de domestiques !
BONNET GREC : Indispen¬
sable à l’homme de cabinet.
Donne de la majesté au visage.
BOSSUS : Ont beaucoup
d’esprit. Sont très recherchés
par des femmes lascives.
BOTTE : Par les grandes cha¬
leurs, ne jamais oublier les
allusions sur les bottes de
gendarmes ou les souliers des
facteurs (n’est permis qu’à la
campagne, au grand air). On
n’est bien chaussé qu’avec des
bottes.
BOUCHERS : Sont terribles
en temps de révolution.
BOUDIN : Signe de gaieté
dans les maisons. Indispensa¬
ble la nuit de Noël.
BOUDDHISME : « Fausse
religion de l’Inde » (Définition
du Dictionnaire Bouillet, i re
édition).
8
BOUILLI (le): C’est sain.
Inséparable du mot soupe : la
soupe et le bouilli.
BOULET : Le vent du boulet
rend aveugle.
BOURREAU : Toujours de
père en fils.
BOURSE (la) : Thermomètre
de l’opinion publique.
BOURSIERS : Tous voleurs.
BOUTONS : Au visage ou ail¬
leurs, signe de santé et de force
du sang. Ne point les faire pas¬
ser.
BRACONNIERS : Tous
forçats libérés. Auteurs de tous
les crimes commis dans les
campagnes. Doivent exciter
une colère frénétique : « Pas de
pitié, monsieur, pas de pitié ! »
BRAS : Pour gouverner la
France, il faut un bras de fer.
BRETONS : Tous braves
gens, mais entêtés.
BROCHE : Doit toujours en¬
cadrer une mèche de cheveux
ou une photographie.
BRUNES : Plus chaudes que
les blondes (v. blondes).
BUDGET : Jamais en équili¬
bre.
BUFFON : Mettait des man¬
chettes pour écrire.
c
CACHET : Toujours suivi de
« tout particulier » .
CACHOT : Toujours affreux.
La paille y est toujours humide.
On n’en a pas encore rencontré
de délicieux.
CADEAU : Ce n’est pas la va¬
leur qui en fait le prix, ou bien
ce n’est pas le prix qui en fait la
valeur. Le cadeau n’est rien,
c’est l’intention qui compte.
CAFÉ : Donne de l’esprit.
N’est bon qu’en venant du Ha¬
vre. Dans un grand dîner, doit
se prendre debout. L’avaler
sans sucre, très chic, donne
l’air d’avoir vécu en Orient.
CALVITIE : Toujours pré¬
coce, est causée par des excès
de jeunesse ou la conception de
grande pensée.
9
CAMARILLA : S’indigner
quand on prononce ce mot.
CAMPAGNE : Les gens de la
campagne meilleurs que ceux
des villes : envier leur sort. A la
campagne tout est permis ; ha¬
bits bas, farces, etc.
CANARDS : Viennent tous de
Rouen.
CANDEUR : Toujours adora¬
ble. On en est rempli ou on
n’en a pas du tout.
CANONADE : Change le
temps.
CARABINS : Dorment près
des cadavres. Il y en a qui en
mangent.
CARÊME : Au fond n’est
qu’une mesure hygiénique.
CATAPLASME : Doit tou¬
jours être mis en attendant
l’arrivée du médecin.
CATHOLICISME : A eu une
influence très favorable sur les
arts.
CAUCHEMAR : Vient de
l’estomac.
CAVALERIE : Plus noble que
l’infanterie.
CAVERNES : Habitation or¬
dinaire des voleurs. Sont tou¬
jours remplies de serpents.
CÈDRE : Celui du Jardin des
Plantes a été rapporté dans un
chapeau.
CÉLÉBRITÉ : Les célébrités :
s’inquiéter du moindre détail
de leur vie privée, afin de pou¬
voir les dénigrer.
CELIBATAIRES : Tous
égoïstes et débauchés. On de¬
vrait les imposer. Se préparent
une triste vieillesse.
CENSURE : Utile, on a beau
dire.
CERCLE : On doit toujours
faire partie d’un cercle.
CERTIFICAT : Garantie pour
les familles et pour les parents,
est toujours favorable.
CÉRUMEN : « Cire hu¬
maine » . Se garder de l’ôter
parce qu’elle empêche les in¬
sectes d’enter dans les oreilles.
10
CHACAL : Singulier de sha¬
kos (vieux, mais fait toujours
rire).
CHALEUR : Toujours insup¬
portable. Ne pas boire quand il
fait chaud.
CHAMBRE À COUCHER:
Dans un vieux château : Henri
IV y a toujours passé une nuit.
CHAMEAU : A deux bosses et
le dromadaire une seule. Ou
bien le chameau a une bosse et
le dromadaire deux (on s’y em¬
brouille).
CHAMPAGNE : Caractérise
le dîner de cérémonie. Faire
semblant de le détester, en di¬
sant que « ce n’est pas du vin »
. Provoque l’enthousiasme chez
les petites gens. La Russie en
consomme plus que la France.
C’est par lui que les idées fran¬
çaises se sont répandues en
Europe. Sous la Régence, on ne
faisait pas autre chose que d’en
boire. Mais on ne le boit pas,
on le « sable » .
CHAMPIGNONS: Ne doi¬
vent être achetés qu’au marché.
CHANTEUR : Avalent tous
les matins un œuf frais pour
s’éclaircir la voix. Le ténor a
toujours une voix charmante et
tendre, le baryton un organe
sympathique et bien timbré, et
la basse une émission puis¬
sante.
CHAPEAU : Protester contre
la forme des chapeaux.
CHARCUTIER : Anecdote
des pâtés faits avec de la chair
humaine. Toutes les charcutiè¬
res sont jolies.
CHARTREUX : Passent leur
temps à faire de la chartreuse,
à creuser leur tombe et à dire :
« Frère, il faut mourir. »
CHASSE : Excellent exercice
que l’on doit feindre d’adorer.
Fait partie de la pompe des
souverains. Sujet de délire pour
la magistrature.
CHAT : Les chats sont traîtres.
Les appeler tigres de salon.
Leur couper la queue pour em¬
pêcher le vertigo.
CHÂTAIGNE : Femelle du
marron.
CHATEAUBRIAND: Connu
surtout par le beefsteak qui
porte son nom.
il
CHÂTEAU FORT: A tou¬
jours subi un siège sous Phi¬
lippe Auguste.
CHEMINÉE : Fume toujours.
Sujet de discussion à propos du
chauffage.
CHEMINS DE FER : Si
Napoléon les avait eus à sa dis¬
position, il aurait été invinci¬
ble. S’extasier sur leur
invention et dire : « Moi, mon¬
sieur, qui vous parle, j’étais ce
matin à X... ; je suis parti par le
train de X... ; là-bas, j’ai fait
mes affaires, etc., et à x heures,
j’étais revenu ! »
CHEVAL : S’il connaissait sa
force, ne se laisserait pas
conduire. Viande de cheval :
beau sujet de brochure pour un
homme qui désire se poser en
personnage sérieux. Cheval de
course : le mépriser. A quoi
sert-il ?
CHIEN : Spécialement créé
pour sauver la vie à son maître.
Le chien est l’ami de l’homme.
CHIRURGIENS : Ont le
cœur dur : les appeler
bouchers.
CHOLÉRA : Le melon donne
le choléra. On s’en guérit en
prenant beaucoup de thé avec
du rhum.
CHRISTIANISME : A af¬
franchi les esclaves.
CIDRE : Gâte les dents.
CIGARES : Ceux de la Régie,
« tous infects » . Les seuls bons
viennent par contrebande.
CIRAGE : N’est bon que si on
le fait soi-même.
CLAIR-OBSCUR : On ne sait
pas ce que c’est.
CLARINETTE : En jouer
rend aveugle. Ex. : Tous les
aveugles jouent de la clarinette.
CLASSIQUES (les) : On est
censé les connaître.
CLOCHER de village : Fait
battre le cœur.
CLOU : V. boutons.
CLOWN : A été disloqué dès
l’enfance.
CLUB : Sujet d’exaspération
pour les conservateurs. Embar¬
ras et discussion sur la pronon¬
ciation de ce mot.
12
COCHON : L’intérieur de son
corps étant « tout pareil à celui
d’un homme » , on devrait s’en
servir dans les hôpitaux pour
apprendre l’anatomie.
COCU : Toute femme doit
faire son mari cocu.
COFFRES-FORTS : Leurs
complications sont très faciles
à déjouer.
COGNAC : Très funeste. Ex¬
cellent dans plusieurs mala¬
dies. Un bon verre de cognac
ne fait jamais de mal. Pris à
jeun tue le ver de l’estomac.
COÏT, COPULATION : Mots
à éviter. Dire : « Ils avaient des
rapports... »
COLÈRE : Fouette le sang ;
hygiénique de s’y mettre de
temps en temps.
COLLEGE, lycée : Plus noble
qu’une pension.
COLONIES (nos) : S’attrister
quand on en parle.
COMÉDIE : En vers, ne
convient plus à notre époque.
On doit cependant respecter la
haute comédie. Castigat
ridendo mores.
COMÈTES : Rire des gens qui
en avaient peur.
COMMERCE : Discuter pour
savoir lequel est le plus noble,
du commerce ou de l’industrie.
COMMUNION : La première
communion : le plus beau jour
de la vie.
COMPAS : On voit juste
quand on l’a dans l’œil.
CONCERT : Passe-temps
comme il faut.
CONCESSIONS: N’en faire
jamais. Elles ont perdu Louis
XVI.
CONCILIATION: Les prê¬
cher toujours, même quand les
contraires sont absolus.
CONCUPISCENCE : Mot de
curé pour exprimer les désirs
charnels.
CONCURRENCE : L’âme du
commerce.
CONFISEURS : Tous les
Rouennais sont confiseurs.
13
CONFORTABLE : Précieuse
découverte moderne.
CONGRÉGANISTE : Chevalier
d’Onan.
CONJURÉ : Les conjurés ont
toujours la manie de s’inscrire
sur une liste.
CONSERVATEUR: Homme
politique à gros ventre.
« Conservateur borné ! - Oui,
monsieur, les bornes servent
de garde-fou. «
CONSERVATOIRE: Il est
indispensable d’être abonné au
Conservatoire.
CONSTIPATION: Tous les
gens de lettres sont constipés.
Influe sur les convictions poli¬
tiques.
CONTRALTO : On ne sait pas
ce que c’est.
CONVERSATION: La poli¬
tique et la religion doivent en
être exclues.
COPAHU : Feindre d’en igno¬
rer l’usage.
COQ : Un homme maigre doit
toujours dire qu’un bon coq
n’est jamais gras.
COR aux pieds : Indique le
changement de temps mieux
qu’un baromètre. Très
dangereux quand il est mal
coupé : citer des exemples
d’accidents terribles.
COR de chasse : Dans les
bois fait bon effet, et le soir sur
l’eau.
CORDE : On ne connaît pas la
force d’une corde. Est plus so¬
lide que le fer.
CORDONNIER : Ne sutor
ultra crepidam.
CORPS : Si nous savions
comment notre corps est fait,
nous n’oserions pas faire un
mouvement.
CORSET : Empêche d’avoir
des enfants.
COSAQUES : Mangent de la
chandelle.
COTON : Est surtout utile
pour les oreilles.
COURTISANE: Est un mal
nécessaire. Sauvegarde de nos
filles et de nos sœurs tant qu’il
14
y aura des célibataires. De¬
vraient être chassées impitoya¬
blement. On ne peut plus sortir
avec sa femme à cause de leur
présence sur le boulevard. Sont
toujours des filles du peuple
débauchées par des bourgeois
riches.
COUSIN : Conseiller aux ma¬
ris de se méfier du petit cousin.
COUTEAU : Est catalan
quand la lame est longue.
S’appelle poignard quand il a
servi à commettre un crime.
CRAPAUD : Mâle de la
grenouille. Possède un venin
fort dangereux. Habite
l’intérieur des pierres.
CRÉOLE : Vit dans un hamac.
CRIMINEL : Toujours
odieux.
CRITIQUE : Toujours émi¬
nent. Est censé tout connaître,
tout savoir, avoir tout lu, tout
vu. Quand il vous déplaît,
l’appeler Aristarque, ou
eunuque.
CROCODILE : Imite le cri
des enfants pour attirer
l’homme.
CROISADES : Ont été bien¬
faisantes pour le commerce de
Venise.
CRUCIFIX : Fait bien dans
une alcôve et à la guillotine.
CUIR : Tous les cuirs viennent
de Russie.
CUISINE : De restaurant :
toujours échauffante. Bour¬
geoise : toujours saine. Du
Midi : trop épicée ou toute à
l’huile.
CUJAS : Inséparable de Bar-
tole ; on ne sait pas ce qu’ils
ont écrit, n’importe. Dire à tout
homme étudiant le droit :
« Vous êtes enfermé dans Cujas
et Bartole »
CURACAO : Le meilleur est
de Hollande parce qu’il se fa¬
brique à Curaçao, une des An¬
tilles.
CYGNE : Chante avant de
mourir. Avec son aile peut cas¬
ser la cuisse d’un homme. Le
cygne de Cambrai n’était pas
un oiseau, mais un homme
nommé Fénélon. Le cygne de
Mantoue, c’est Virgile. Le cy¬
gne de Pesaro, c’est Rossini.
15
CYPRÈS : Ne pousse que dans
les cimetières.
CZAR : Prononcer tzar et de
temps en temps autocrate.
D
DAGUERRÉOTYPE : Rem-
placera la peinture (v. photo¬
graphie).
DAMAS : Seul endroit où l’on
sache faire les sabres. Toute
bonne lame est de Damas.
DAME : Tout pour les dames.
Honneur aux dames. Ne jamais
dire : « Ces dames sont aux
salons. »
DANSE : On ne danse plus, on
marche.
DANTON : « De l’audace, en¬
core de l’audace, toujours de
l’audace ! »
DARTRE : signe de santé (v.
boutons).
DARWIN : Celui qui dit que
nous descendons du singe.
DAUPHIN : Porte les enfants
sur son dos.
DÉBAUCHE : Cause de tou¬
tes les maladies des célibatai¬
res.
DÉCHAÎNER: On déchaîne
ses chiens et les mauvaises
passions.
DÉCOR de théâtre : N’est
pas de la peinture : il suffit de
jeter en vrac sur la toile un
seau de couleurs ; puis on
l’étend avec un balai ; et
l’éloignement avec la lumière
fait l’illusion.
DÉCORATION de la Légion
d’honneur : La blaguer mais
la convoiter. Quand on
l’obtient, toujours dire qu’on ne
l’a pas demandée.
DÉCORUM : Donne du pres¬
tige. Frappe l’imagination des
masses. « Il en faut ! Il en
faut ! »
DÉFAITE : S’essuie, et elle est
tellement complète qu’il n’en
reste personne pour en porter
la nouvelle.
DÉFILÉ : Toujours citer les
Thermopyles. Le défilé des
Vosges sont les Thermopyles
de la France (s’est beaucoup dit
en 1870).
16
DÉICIDE : S’indigner contre,
bien que le crime ne soit pas
fréquent.
DÉJEUNER des garçons :
Exige des huîtres, du vin blanc
et des gaudrioles.
DÉMÊLOIR : Fait tomber les
cheveux.
DÉMOSTHÈNE : Ne pro¬
nonçait pas de discours sans
avoir un galet dans la bouche.
DENTS : Sont gâtées par le
cidre, le tabac, les dragées, la
glace, boire de suite après le
potage et dormir la bouche ou¬
verte. Dent œillère : dangereux
de l’arracher parce qu’elle
correspond à l’œil.
L’arrachement d’une dent « ne
fait pas jouir » .
DENTISTES : Tous men¬
teurs. Se servent du baume
d’acier. On les croit aussi pédi¬
cures. Se disent chirurgiens
comme les opticiens se disent
se disent ingénieurs.
DÉPURATIF : Se prend en
cachette.
DÉPUTÉ : L’être, comble de
la gloire. Tonner contre la
Chambre des députés. Trop de
bavards à le Chambre. Ne font
rien.
DÉRATÉ : Courir comme un
dératé. Inutile de savoir que
l’extirpation de la rate n’a ja¬
mais été pratiquée sur
l’homme.
DERBY : Mot de courses. Très
chic.
DESCARTES : Cogito, ergo
sum.
DESERT : Produit des dattes.
DESSERT : Regretter qu’on
n’y chante plus. Les gens ver¬
tueux le méprisent : « Non !
non ! pas de pâtisseries ! Ja¬
mais de dessert ! »
DESSIN (l’art du) : Se com¬
pose de trois choses : le ligne,
le grain, et le grainé fin ; de
plus, le trait de force. Mais le
trait de force, il n’y a que le
maître seul qui le donne.
(Christophe.)
DEVOIRS : Les exiger de la
part des autres, s’en affranchir.
Les autres en ont envers nous,
mais on n’en a pas envers eux.
DÉVOUEMENT : Se plaindre
de ce que les autres en man¬
quent. « Nous sommes bien
17
inférieurs au chien, sous ce
rapport ! »
DIAMANT : On finira par en
faire ! Et dire que ce n’est que
du charbon ! Si nous en trou¬
vions un dans son état naturel,
nous ne le ramasserions pas !
DIANE : Déesse de la chasse-
teté.
DICTIONNAIRE: En dire:
« N’est fait que pour les igno¬
rants. »
Dictionnaire de rimes : s’en
servir ? Honteux !
DIDEROT : Toujours suivi de
d’Alembert.
DIEU : Voltaire lui-même l’a
dit : « Si Dieu n’existait pas, il
faudrait l’inventer. »
DILETTANTE: Homme ri¬
che, abonné à l’Opéra.
DILIGENCES : Regretter le
temps des diligences.
DÎNER : Autrefois on dînait à
midi, maintenant on dîne à des
heures impossibles. Le dîner de
nos pères était notre déjeuner,
et notre déjeuner était leur dî¬
ner. Dîner si tard que ça
n’appelle pas dîner, mais sou¬
per.
DIOGÈNE : « Je cherche un
homme... Retire-toi de mon
soleil. »
DIPLOMATIE : Belle car¬
rière, mais hérissée de diffi¬
cultés, plaine de mystères. Ne
convient qu’aux gens nobles.
Métier d’une vague significa¬
tion, mais au-dessus du com¬
merce. Un diplomate est tou¬
jours fin et pénétrant.
DIPLÔME : Signe de science.
Ne prouve rien.
DIRECTOIRE (le) : Les hon¬
tes du Directoire. « Dans ce
temps-là l’honneur s’était réfu¬
gié aux armées. » Les femmes,
à Paris, se promenaient toutes
nues.
DISSECTION : Outrage à la
majesté de la mort.
DIVA : Toutes les cantatrices
doivent être appelées Diva.
DIVORCE : Si Napoléon
n’avait pas divorcé, il serait
encore sur le trône.
DIX (Conseil des) : On ne
sait pas ce que c’est, mais c’est
formidable ! Délibérait mas¬
qué. En trembler encore.
18
DJINN : Nom d’une danse
orientale.
DOCTEUR : Toujours précé¬
dé de bon, et, entre hommes,
dans la conversation, de fou¬
tre : « Ah ! foutre, docteur ! »
Est un aigle quand il a votre
confiance, n’est plus qu’un âne
dès que vous êtes brouillés.
Tous matérialistes. « C’est
qu’on ne trouve pas la foi au
bout d’un scalpel. »
DOCTRINAIRES: Les mé¬
priser. Pourquoi ? On n’en sait
rien.
DOCUMENT : Toujours de la
plus haute importance.
DOGE : Epousait la mer. On
n’en connaît qu’un : Marino
Faliero.
DOIGT : Le doigt de Dieu se
fourre partout.
DOLMEN : A rapport aux an¬
ciens Français. Pierre qui ser¬
vait au sacrifice des druides. Il
n’y en a qu’en Bretagne. On
n’en sait pas plus.
DÔME : Tour de forme (sic)
architecturale. S’étonner de ce
que cela puisse tenir tout seul.
En citer deux : celui des Invali¬
des et celui de Saint-Pierre de
Rome.
DOMICILE : Toujours invio¬
lable. Cependant la Justice, la
Police, y pénètrent quand elles
veulent. Je regagne mes péna¬
tes. Je rentre dans mes lares.
DOMINOS : On y joue
d’autant mieux qu’on est gris.
DOMPTEURS de bêtes fé¬
roces : Emploient des prati¬
ques obscènes.
DONJON : Eveille des idées
lugubres.
DORMIR : Trop dormir
épaissit le sang.
DORTOIRS : Toujours spa¬
cieux et bien aérés. Préférables
aux chambres pour la moralité
des élèves.
DOS : Une tape dans le dos
peut rendre poitrinaire.
DOUANE : On doit se révolter
contre et la frauder (v. octroi).
DOULEUR : A toujours un
résultat favorable. La véritable
est toujours contenue.
19
DOUTE : Pire que la négation.
DRAP : Tous les draps vien¬
nent d’Elbeuf.
DRAPEAU national : Sa vue
fait battre le cœur.
DROIT (le) : On ne sait pas ce
que c’est.
DRÔLE : Doit s’employer à
tout propos : « C’est drôle. »
DUEL : Tonner contre. N’est
pas une preuve de courage.
Prestige de l’homme qui a eu
un duel.
DUPE : Mieux vaut être fripon
que dupe.
DUPUYTREN: Célèbre par
sa pommade et son musée.
DUR : Ajouter invariablement
comme du fer. Il y a bien dur
comme la pierre, mas c’est
moins énergique.
E
EAU : L’eau de Paris donne
des coliques. L’eau de mer sou¬
tient pour nager. L’eau de Co¬
logne sent bon.
ÉBÉNISTE : Ouvrier qui tra¬
vaille surtout l’acajou.
ÉCHAFAUD : S’arranger
quand on y monte pour pro¬
noncer quelques mots élo¬
quents avant de mourir.
ÉCHARPE : Poétique.
ÉCHECS (jeu des) : Image
de la tactique militaire. Tous
les grands capitaines y étaient
forts. Trop sérieux pour un jeu,
trop futile pour une science.
ÉCHO: Citer ceux du Pan¬
théon et du pont de Neuilly.
ÉCLECTISME : Tonner
contre comme étant une philo¬
sophie immorale.
ÉCOLES : Polytechnique, rêve
de toutes les mères (vieux).
Terreur du bourgeois dans les
émeutes quand il apprend que
l’Ecole Polytechnique sympa¬
thise avec les ouvriers (vieux).
Dire simplement « l’Ecole »
fait accroire qu’on y a été. A
Saint-Cyr : jeunes gens nobles.
A l’Ecole de Médecine : tous
exaltés. A l’Ecole de Droit :
jeunes gens de bonne famille.
ÉCONOMIE : Toujours pré¬
cédé de « ordre » . Mène à la
fortune. Citer l’anecdote de
20
Laffitte ramassant une épingle
dans la cour du banquier Per-
régaux.
ÉCONOMIE POLITIQUE :
Science sans entrailles.
ÉCREVISSE : Marche à recu¬
lons. Toujours appeler les réac¬
tionnaires des écrevisses.
ÉCRIRE : Currente calamo,
c’est l’excuse pour les fautes de
style ou d’orthographe.
ÉCRIT, BIEN ÉCRIT : Mots
de portier, pour désigner les
romans-feuilletons qui les
amusent.
ÉCRITURE : Une belle écri¬
ture mène à tout. Indéchiffra¬
ble : signe de science. Ex. : les
ordonnances des médecins.
ÉCUME DE MER : Se trouve
dans la terre. On en fait des
pipes.
ÉDILES : Tonner contre à
propos du pavage des rues. « A
quoi songent nos édiles ? »
ÉGOÏSME : Se plaindre de
celui des autres et ne pas
s’apercevoir du sien.
ÉLÉPHANTS : Se distinguent
par leur mémoire, et adorent le
soleil.
ÉMAIL : Le secret en est per¬
du.
EMBONPOINT : Signe de
richesse et de fainéantise.
ÉMIGRÉS : Gagnaient leur
vie à donner des leçons de gui¬
tare et à faire la salade.
ÉMIR : Ne se dit qu’en parlant
d’Abd-el-Kader.
EMPIRE : « L’Empire c’est la
paix. » (Napoléon III.)
ENCEINTE : Fait bien dans
les discours officiels :
« Messieurs, dans cette en¬
ceinte... »
ENCRIER : Se donne en ca¬
deau à un médecin.
ENCYCLOPÉDIE : En rire de
pitié, comme étant un ouvrage
rococo, et même tonner contre.
ENFANTS : Affecter pour eux
une tendresse lyrique, quand il
y a du monde.
21
ENGELURE : Signe de santé :
vient de s’être chauffé quand
on avait froid.
ENTERREMENT : A propos
du défunt : « Et dire que je dî¬
nais avec lui il y a huit jours ! »
S’appelle obsèques quand il
s’agit d’un général, enfouisse¬
ment quand c’est celui d’un
philosophe.
ENTHOUSIASME : Ne peut
être provoqué que par le retour
des cendres de l’Empereur.
Toujours impossible à décrire,
et pendant deux colonnes le
journal ne parle que de ça.
ENTRACTE : Toujours trop
long.
ENVERGURE : Se disputer
sur la prononciation du mot.
ÉPACTE, NOMBRE D’OR,
LETTRE DOMINICALE :
Sur les calendriers, on ne sait
pas ce que c’est.
ÉPARGNE (Caisse d’) : Oc¬
casion de vol pour les domesti¬
ques.
ÉPÉE : On ne connaît que
celle de Damoclès. Regretter le
temps où on en portait. « Brave
comme une épée. » Quelque¬
fois elle n’a jamais servi.
ÉPÉRONS : Font bien à une
paire de bottes.
ÉPICURE : Le mépriser.
ÉPINARDS : Sont le balai de
l’estomac. Ne jamais rater la
phrase célèbre de Prud-
homme : « Je ne les aime pas,
j’en suis bien aise, car si je les
aimais, j’en mangerai et je ne
puis pas les souffrir. » (Il y en
a qui trouveront cela parfaite¬
ment logique et qui ne riront
pas).
ÉPOQUE (la nôtre) : Tonner
contre elle. Se plaindre de ce
qu’elle n’est pas poétique.
L’appeler époque de transition,
de décadence.
ÉPUISEMENT : Toujours
prématuré.
ÉQUITATION : Bon exercice
pour faire maigrir. Ex. : tous
les soldats de cavalerie sont
maigres. Bon exercice pour
engraisser. Ex. : tous les offi¬
ciers de cavalerie ont un gros
ventre. « Il monte à cheval
comme un vrai centaure. »
22
ÈRE (des révolutions) :
Toujours ouverte puisque cha¬
que nouveau gouvernement
promet de la fermer.
ÉRECTION : Ne se dit qu’en
parlant des monuments.
ÉRUDITION : La mépriser
comme étant la marque d’un
esprit étroit.
ESCRIME : Les maîtres
d’escrime savent des bottes
secrètes.
ESCROC : Toujours du grand
monde (v. espion).
ESPION : Toujours du grand
monde (v. escroc).
ESPLANADE : Ne se voit
qu’aux Invalides.
ESPRIT : Toujours suivi
d’étincelant. Court les rues. Les
beaux esprits se rencontrent.
ESTOMAC : Toutes les mala¬
dies viennent de l’estomac.
ÉTAGÈRE : Indispensable
chez une jolie femme.
ÉTALON : Toujours vigou¬
reux. Une femme doit ignorer
la différence qu’il y a entre un
étalon et un cheval.
ÉTÉ : Toujours exceptionnel
(v. hiver).
ÉTERNUEMENT : Après
qu’on a dit : « Dieu vous bé¬
nisse » , engager une discus¬
sion sur l’origine de cet usage.
ÉTERNUER : C’est une raille¬
rie spirituelle de dire : le russe
et le polonais ne se parlent pas,
ça s’éternue.
ÉTOILE : Chacun a la sienne,
comme l’Empereur.
ÉTRANGER : Engouement
pour tout ce qui vient de
l’étranger, preuve de l’esprit
libéral. Dénigrement de tout ce
qui n’est pas français, preuve
de patriotisme.
ÉTRENNES : S’indigner
contre.
ÉTRUSQUE : Tous les vases
anciens sont étrusques.
ÉTUDIANT : Portent tous des
bérets rouges, des pantalons à
la hussarde, fumant la pipe
dans la rue et n’étudie pas.
23
ÉTYMOLOGIE : Rien de plus
facile à trouver avec le latin et
un peu de réflexion.
EUNUQUE : N’a jamais
d’enfants... Fulminer contre les
castrats de la chapelle Sixtine.
ÉVACUATIONS : Les éva¬
cuations sont souvent copieu¬
ses et toujours de mauvaise
nature.
ÉVANGILES : Livres divins,
sublimes, etc.
ÉVIDENCE : Vous aveugle,
quand elle ne crève pas les
yeux.
EXASPÉRATION : Cons¬
tamment à son comble.
EXCEPTION: Dites qu’elle
confirme la règle. Ne vous ris¬
quez pas à expliquer comment.
EXÉCUTIONS CAPITA¬
LES : Se plaindre des femmes
qui vont les voir.
EXERCICE : Préserve de tou¬
tes les maladies : toujours
conseiller d’en faire.
EXPOSITION : Sujet de dé¬
lire du XIX e siècle.
EXTINCTION : Ne s’emploie
qu’avec paupérisme.
EXTIRPER : Ce verbe ne
s’emploie que pour les hérésies
et les cors aux pieds.
F
FABRIQUE : Voisinage dan¬
gereux.
FACTURE : Toujours trop
élevé.
FAÏENCE : Plus chic que la
porcelaine.
FAISAN : Très chic dans un
dîner.
FAISCEAUX : A former, est
le comble de la difficulté dans
la garde nationale.
FANFARE : Toujours joyeuse.
FARCE : Il faut en faire lors¬
qu’on est en partie de campa¬
gne avec des dames.
EXPIRER : Ne se conjugue FARD : Abîme la peau,
qu’à propos des abonnements
de journaux.
24
FATALITÉ : Mot exclusive¬
ment romantique. Homme fa¬
tal se dit de celui qui a le mau¬
vais œil.
FAUBOURGS : Terribles
dans les révolutions.
FAUTE : « C’est pire qu’un
crime, c’est une faute. » (Tal-
leyrand.) « Il n’y a plus une
seule faute à commettre. »
(Thiers.) Ces deux phrases doi¬
vent être articulées avec pro¬
fondeur.
FAUX-MONNAYEURS :
Travaillent toujours dans les
souterrains.
FÉLICITATIONS: Toujours
sincères, empressées, cordiales,
etc.
FÉLICITÉ : Toujours parfaite.
Votre bonne se nomme Félici¬
té, alors elle est parfaite.
FEMELLE : A n’employer
qu’en parlant des animaux.
Contrairement à ce qui existe
dans l’espèce humaine, les fe¬
melles des animaux sont moins
belles que les mâles. Ex. : fai¬
san, coq, lion, etc.
FEMME : Personne du sexe.
Une des côtes d’Adam. Na dites
pas : « ma femme » , mais
« mon épouse » , ou mieux en¬
core, « ma moitié » .
FEMMES DE CHAMBRE:
Plus jolies que leur maîtresses.
Connaissent tous leurs secrets
et les trahissent. Toujours dés¬
honorées par le fils de la mai¬
son.
FÉODALITÉ : N’en avoir au¬
cune idée précise mais tonner
contre.
FERME ( adjectif) : Toujours
suivi de « comme un roc » .
FERME ( subst .) : Lorsqu’on
visite une ferme, on ne doit y
manger que du pain bis et ne
boire que du lait. Si on ajoute
des œufs, s’écrier : « Dieu !
comme ils sont frais ! Il n’y a
pas de danger pour qu’on en
trouve de comme ça à la ville. »
FERMÉ : Toujours précédé de
hermétiquement.
FERMIER : Toujours lui
dire : Maître un tel. Les fer¬
miers sont tous à leur aise.
FEU (subst.) : Purifie tout.
Quand on entend crier « au
feu ! » on doit commencer par
perdre la tête.
25
FEU (adj.) : Feu mon père, et
on soulève son chapeau.
FEUILLE DE VIGNE : Em¬
blème de la virilité dans l’art de
la sculpture.
FEUILLETONS : Cause de
démoralisation. Se disputer sur
le dénouement probable. Ecrire
à l’auteur pour lui fournir des
idées. Fureur quand on y
trouve un nom pareil au sien.
FIDÈLE : Inséparable d’ami
et de chien. Ne pas manquer de
citer les deux vers : Oui puis¬
que je retrouve un ami si fi¬
dèle », Ma fortune, etc.
FIÈVRE : Preuve de la force
du sang. Est causée par les
prunes, le melon, le soleil
d’avril, etc.
FIGARO (Le Mariage de) :
Encore une des causes de la
Révolution !
FIGURE : Une figure agréable
est le plus sûr des passeports.
FLAGRANT DÉLIT : Pro¬
noncer flagrante delicto. Ne
s’emploie que pour les cas
d’adultère.
FLAMANT : Oiseau ainsi
nommé parce qu’il vient des
Flandres.
FLATTEUR : Ne jamais man¬
quer la citation : Détestables
flatteurs, présent le plus fu¬
neste - Que puisse faire aux
rois la colère céleste ! ou bien :
Apprenez que tout flatteur -
Vit aux dépens de celui qui
l’écoute.
FLEGME : Bon genre, et puis
ça donne l’air anglais. Toujours
suivi de imperturbable.
FŒTUS : Toute pièce anato¬
mique conservée dans l’esprit
de vin.
FOLLICULAIRES : Les
journalistes. Quand on ajoute
de bas étage, c’est le comble du
mépris.
FONCTIONNAIRE: Inspire
le respect quelle que soit la
fonction qu’il remplisse.
FONDEMENT : Toutes les
nouvelles en manquent.
FONDS SECRETS : Sommes
incalculables avec lesquelles les
ministres achètent les cons¬
ciences. S’indigner contre.
26
FORÇATS : Ont toujours une
figure patibulaire. Tous très
adroits de leurs mains. Au ba¬
gne, il y a des hommes de gé¬
nie.
FORCE : Toujours hercu¬
léenne. La force prime le droit
(Bismarck).
FORNARINA : C’était une
belle femme ; inutile d’en sa¬
voir plus long.
FORT : Comme un Turc, un
bœuf, un cheval, comme Her¬
cule. Cet homme doit être fort,
il est tout de nerfs.
FORTUNE : Audaces fortuna
juvat. Ils sont heureux les ri¬
ches, ils ont de la fortune.
Quand on vous parle d’une
grande fortune, ne pas man¬
quer de dire : « Oui, mais est-
elle bien sûre ? »
FOSSETTES : On doit tou¬
jours dire à une jolie fille
qu’elle a des amours nichés
dans ses fossettes.
FOSSILES : Preuve du dé¬
luge. Plaisanterie de bon goût,
en parlant d’un académicien.
FOUDRES du Vatican : En
FOULARD : Il est « comme il
faut » de se moucher dedans.
FOULE : A toujours de bons
instincts. Turba ruit ou ruunt.
La vile multitude (Thiers.)
Le peuple saint en foule inon¬
dait les portiques... , etc.
FOURCHETTE: Doit tou¬
jours être en argent, c’est
moins dangereux. On doit s’en
servir avec la main gauche,
c’est plus commode et plus dis¬
tingué.
FOURMIS : Bel exemple à
citer devant un dissipateur.
Ont donné l’idée des caisses
d’épargne.
FOURRURE: Signe de ri¬
chesse.
FOUTRE : N’employer de mot
que pour jurer, et encore ! (v.
Docteur).
FRANÇAIS : Le premier peu¬
ple de l’univers. « Il n’y a qu’un
Français de plus » , a dit le
comte d’Artois. Ah ! quon est
fier d’être Français, - Quand
on regarde la colonne !
FRANC-MACONNERIE :
Encore une des causes de la
Révolution ! Les épreuves de
rire.
2 7
l’initiation sont terribles. Cause
de dispute
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