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W GUIDE PRATIQUE
POUR BIEN EXÉCUTER, BIEN RÉUSSIR ET MENER A BONNE FIN
L'OPÉRATION
DE
LA CATARACTE
PAR EXTRACTION SUPÉRIEURE ,
PAn
ù. LEPORT,
MÉDEC(N-OCULISTE , A ROUEN ,
Directeur du service ophthalmltiue de l'Hôpital Satnt-Vlncent-de-Paul ,
Docieur-Médecin de la Faculté de Paris ,
Memhre et Lauréat de l'Institut médical de Valence ( Espagne ) ,
Membre de la Société des Sciences médicales de Lisbonne ( Portugal ) .
de la Société médicale de Neuchàtel ( Suisse ) ,
de la Société des Sciences et Arts de l'Eure , etc.
PRIX ; 3 FRANCS.
PARIS
GERMER BAILLIÉRE, LIBRAIRE-EDITEUR,
RUE DE l'École de médecine, 17.
LONDRES. MADRID.
H. RAILLIÈRE, 219, BESEwr-STREET. CH. BAILLY-BAILLIÈRE.
SAINT-PÉTERSBOURG. NE»'
ISSAKOFF, WOLFF. CH. Eï H. HÈRES.
ROUEM
l.iBRMlIlE NOUVELLE, RUE DES CARMES, 41.
GUIDE PRATIQUE
POUR BIEN EXÉCUTER, BIEN RÉUSSIR ET MENER A BONNE FIN
L'OPÉRATION
DE
LA CATARACTE
PAU EXTRACTION SUPÉRIEURE ,
PAR
J. LEPORT,
MÉDECIK-OCULISTE , \ ROUEN ,
Directeur du service ophthalmique de l'Hôpital Saint -Vincent-de-Paul ,
Docteur-Médecin de la Faculté de Paris ,
Membre et Lauréat de l'Institut médical de Valence ( Espagne ) ,
Membre de la Société des Sciences médicales de Lisbonne ( Portugal ) ,
de la Société médicale de Neucbâtel ( Suisse ) ,
de la Société des Sciences et Arts de l'Eure , etc.
PRIX : 3 FRANCS.
r ^<K^
PARIS
GERMER BAILLIÈRE , LIBRMRE-ÉDITEUR,
HUE DE l'école de médecine, 17.
LONDRES. MADRID,
H. BAILLIÈRE, 219, regent-street. CH. BAILLY -BAILLIÈRE.
SAINT-PÉTERSBOURG. NEW-YORK.
ISSAKOFF, WOLFF. CH. ET D. BAILLIÈRE FRÈRES.
ROUEN
LIBRAIRIE NOUVELLE, RUE DES CARMES, 41.
1860.
0
.40
OPÉRATION DE LA CATARACTE.
CHAPITRE I".
Rien qu'à l'aperçu du titre de cet opuscule , on . me
trouvera peut-être" bien hardi de vouloir m'ériger en
maître dans une opération qui est si bien décrite dans
plusieurs ouvrages d'opbthalmologie moderne. Aussi
une grande partie de ce que je dirai aura été déjà dit
ailleurs. Néanmoins j'y ajouterai des remarques prove-
nant de ma pratique particulière , lesquelles tendront
à faciliter l'exécution de cette opération , qui passe , à
juste titre , pour une des plus délicates et des plus dif-
ficiles , et qu'un grand nombre de chirurgiens célèbres
et habiles, sous tous autres rapports , n'ont jamais osé
entreprendre. J'entrerai dans les détails les plus minu-
tieux sur le manuel opératoire, les pansements et les
soins consécutifs ; je ne craindrai pas les redites , m'oc-
cupant peu des qualités du style , hors celle de la clarté.
Le but que je me propose est surtout humanitaire ;
c'est-à-dire qu'en préconisant l'opération de la cataracte
par extraction supérieure , j e veux arracher aux désas-
treuses conséquences de l'opération par abaissement
les trop nombreuses victimes qu'on y sacrifie encore
tous les jours : 1" par entêtement, 2° par faux renseigne-
ments , 3° par maladresse , 4° par pansement défec-
tueux , 5° par gloriole , 6" par jalousie.
1° Enlùtement. Chirurgiens qui , ayant toujours fait
l'aliaissement à une époque où les procédés d'extraction
n'étaient pas perfectionnés comme à présent , ne veu-
lent point changer leur méthode pour adopter celle de
ciiirurgiens jjlus jeunes qu'eux.
2° Faux renseignements. Chirurgiens, hommes de leurs
'reuvr(3s , devenus opérateurs par leur propre pratique.
!
_ 4 -
n'ayant jamais suivi la pratique d'extracteurs et d'abais-
seurs renonunés , n'ayant pu faire , par conséquent ,
de comparaisons de statistique de visu. Ils ont com-
pulsé les livres , brochures et journaux , avant d'adop-
ter une méthode , et se sont hvrés exclusivement à
l'abaissement dont les preneurs étaient en majorité.
C'est à cette catégorie que j'ai appartenu longtemps. En
effet, ayant commencé les opérations oculaires très
jeune (à vingt-trois ans) , alors que je faisais en même
temps de la médecine générale , j'adoptai nécessaire-
ment ( sm-tout n'ayant pas de maître ) la méthode la plus
facile , l'abaissement. Quelques années plus tard ( envi-
ron sept ans ) , j'abandonnai complètement la médecine
encyclopédique, pour me livrer exclusivement à la méde-
cine oculaire. N'ayant pour guide que ma pratique et la
lecture , je brûlais néanmoins de l'envie de risquer une
extraction ; mais certains hvres m'en faisant un épou-
vantait , je reculais de jour en jour et d'année en année;
et pendant dix ans , je ne fis que des abaissements en
grand nombi-e. Cependant le progrès marchait; de
nouveaux champions de l'extraction entraient dans
l'arène , annonçant des succès merveilleux. Mais leurs
détracteurs les accusaient de mauvaise foi et de citer
les guérisons en cachant les insuccès. QueUe perplexité!
Finalement je décidai que je ne pourrais être fixé sm- les
avantages et les désavantages des deux méthodes qu'en
abordant l'extraction. Je commençai par l'extraction infé-
rieure , et je fus étonné moi-même du peu de difficulté
que je rencontrai et des succès que j'obtins. Les douze
ou quinze premiers malades que j'opérai recouvrèrent
tous la vue , le plus grand nombre des deux yeux , quel-
ques-uns d'un seul œil. Il est bon d'ajouter que , depuis
douze ans , j'étais habitué aux autres opérations ocu-
laires : abaissement , pupille artificielle , extraction
scléroticale secondaire , etc., etc. Dès-lors, mon opinion
fut arrêtée, et j'abandonnai complètement l'abaissement
( sauf de rares exceptions ) , qui , malgré la grande halii-
tude que j'avais de le pratiquer, ne me donnait qu'à peine
moitié de succès. En résumé, personne n'est plus apte
que moi à juger de l'avantage du couteau sur l'aiguiUe,
puisque , pendant plus de dix ans , je me suis servi
exclusivement de l'aiguille , et que, depuis environ dix
ans , je me sers presque exclusivement du couteau.
- 5 -
3° Maladresse. Chirurgiens ayant les doigts trop gros ,
un coup -d'oeil faux , manquant d'assurance et de pré-
sence d'esprit dans les cas difficiles et les événements
imprévus, fls ont manqué lem-s premières opérations
d'extraction et sont retournés à l'aiguille.
4° Pansement défectueux, Cliirurgiens très habiles, ayant
parfaitement exécuté leurs premières opérations d'extrac-
tion , mais ayant employé une mauvaise méthode de
pansement : charpie, coton, compresse, etc. Leurs nom-
breux insuccès les ont fait retourner à raiguille. Je puis
ranger dans cette catégorie un opérateur ambulant,
mort depuis peu , et dont la grande habileté n'était con-
testée par personne : le docteur Lusardi. Cet ocuhste,
célèbre par sa dextérité et Timmense quantité de per-
sonnes qu'il opéra de la cataracte (16,000) dans ses
voyages en France et à l'étranger, fut pris lui-même, à
un âge très avancé (quatre-vingts ans) , d'un affaiblisse -
ment notable de la vue. Il consulta à Paris plusieurs
confrères , et un seul parmi eux lui trouva un commence-
ment de cataracte. Je ne nomme personne ; mais tous
ceux qu'il consulta étaient des oculistes distingués (et le
vieux praticien savait à qui s'adi'esser). L'ophthalmos-
cope n'était pas encore connu , et celui des oculistes de
Paris qui diagnostiqua des cataractes était le plus jeune
et avait probablement une vue plus perçante que ses col-
lègues. Son talent, sa réputation déjà grande étaient
appréciés par Lusardi. Néanmoins U voulut avoir plu-
sieurs avis et vint me voir à Rouen. Je dilatai les pupilles
de Lusardi à l'aide de l'atropine , et je trouvai immédia-
tement des cataractes corticales postérieures commen-
çantes, constituées par deux ou trois opacités profondes,
concaves , d'un jaune doré un peu foncé , en forme de
bandelettes , se terminant en pointe. Le doute n'était
plus permis (1), et le docteur Lusardi en prit son parti,
(1) 11 est bon de noter qu'ayant une puissance très grande d'accom-
modation dans les yeux, j'ai ulilisé ce don de la nature à étudier
plus spécialement les affections des milieux transparents oculaires ,
notamment du cristallin. Avant la découverte de l'oplithalmoscope,
j'ai souvent constaté des commencements de cataracte cliez (les
personnes qui étaient traitées pour des commencements d'amau-
rose par des oculistes de Paris les plus renommés. Bon nombre
de ces personnes ont été depuis opérées par moi de leurs catarac-
tes. Ainsi , je constate encore à l'œil nu presque tous les décolle-
- 0 -
pensant bien , disait-il (et il avait raison) , mourir avant
la maturité de ces cataractes. Il voyait encore assez à
cette époque pour opérer avec précision. Lusanli resta
plusieurs jours à Rouen , assistant à mon dispensaire. Je
lui fis examiner un certain nombi-e de malades fjue
j'avais opérés avec succès par extraction , et c'est alors
qu'il me dit (ce sont ses propres expressions) : « Ayant
voulu me limer à l'extraction pour comparer avec ma
méthode d'abaissement , j'ai crevé des yeux en assez grand
nombre pour en emplir un chapeau. Je suis donc revenu
à ma m.èlhode favorite , V abaissement. i> Je questionnai
Lusardi sur sa méthode de pansement après l'extrac-
tion , et je lui fis comprendre que ses insuccès dépen-
daient de là , et non de l'opération en elle-même.
5" Gloriole. Médecins encyclopédistes et de petites loca-
lités , pensant augmenter leur réputation en opérant
une cataracte, et adoptant , bien entendu , l'abaisse-
ment , comme la méthode la plus facile. Mais le résultat
est loin de satisfaire leui-s espérances. Eu effet , ils
échouent le plus souvent , et le puljhc les blâme d'avoii*
tenté une opération que lui , public , sait mieux réussii*
dans les mains d'un oculiste. S'ils réussissent , ils ne
passent pas pom' avoir fait luie opération chfficile. Bien
mieux , les gens du pays , ignorants , il est vrai , mais
nombreux, contestent môme les cataractes opérées ; c<n-
ils ne peuvent les voir, tandis que s'ils ont assisté .
une extraction , ils ont vu les cataractes sortir des yeux ,
ou , s'ils n'y ont point assisté , l'opéré ou ses parents
lem- ont fait voir, conservées dans une fiole d'esprit-de-
vin , les petites pierres ienticulaires retirées de leurs yeu.x
par le chirurgien extracteur.
6° Jalousie. Certains chirurgiens des hôpitaux qni nr
veulent ou ne peuvent opérer par extraction , par une
ou plusieurs des raisons ci-dessus, mais qui préfère ul
ments rte la rétine. Dernièrement encore , en présence de mon
confrère et ami Vanqueiin, ociilisle à l'aris, je pouvais voir l'iieure
aune horloge pnbiiriue très éloignée: 1° avec mes yeux ,2" avci
verres biconcaves n" 12 , 3° avec verres biconvexes n" 30. .le lisais
facilement le caractère n" 5 Didot indifTércmnuml avec verres bi-
convexes et biconcaves n" 12. Je constatai à l'œil un aussi , en sa
présence , sur l'oeil d'une dame qui me consultai! , un décollement
de la rétine, ce qui fut vérifié par l'opblhalmosçope.
- 7 -
prati(p.ier rabaissement pom- diminuer d'autant la statis-
tique d'un spécialiste ou d'un autre chirurgien se livrant
à l'extraction. C'est un faux point d'honneur , et je suis
persuadé que la renommée de certains chirurgiens
habiles à opérer les cancers, ligatures, hernies, la
pierre, etc., etc., ne serait nullement ternie s'ils aban-
donnaient à d'autres les opérations oculaires. C'est à
cette sixième catégorie qu'appartenait le célèbre Dupuy-
tren. Jamais il n'osa affronter les dangers de l'extrac-
tion devant ses nombreux élèves , et il préféra abaisser
les cataractes , avec plus des deux tiers d'insuccès , plutôt
que de les envoyer à son conû'ère et collègue Roux , qui
opérait par extraction avec une rare habileté et avec
plus des deux tiers de succès (1).
Avant de commencer la description du manuel opéra-
toire de l'extraction supùriem'e et de ses suites , (;uel-
ques-uns se demanderont pourquoi je n'établis pas un
parallèle entre les deux méthodes abaissement (2) et extrac-
tion , pour faire ressortir l'avantage de cette dernière.
C'est que je préfère étabUr ce parallèle à la fin de cette
brochure , parce qu'alors le lecteur , ayant étudié toutes
les phases et toutes les circonstances de l'extraction supé-
rieure, sera beaucoup plus apte à en saisir les avan-
tages.
CHAP. II. — EXTRACTION SUPÉRIEURE.
Je pratique le plus ordinairement l'opération sur les
deux yeux dans la même séance, et quoique j'aie déjà dit
ailleurs (3) les raisons qui me font adopter cette con-
duite , je crois utile d'y revenir encore ici.
n Si Roux, qui opérait par extraction inférieure, n'avait pas eu
un détestable pansement, il eiit réussi, avec son admirable adresse,
les neuf dixièmes de ses opérations . Mais nue dire de son vésicatoire
a la nuque et de sa simple compresse sur l'œil non soumis à l'occlu-
sion? Que d'insuccès il aurait eus s'il eût fait l'e.xtraction supérieure
avec le même pansement ! combien de paupières supérieures au-
raient renversé le lambeau !
^) Je comprends , sous \q abaissement , l'opération qui
consiste a introduire une aiguille à cataracte par la sclérotique ou
la cornée, pour abaisser le cristallin quand il est dur, ou pour le
diviser ou le broyer quand il est mou.
(31 l)e la Cataracte, par .1. Leport, mémoire couronné par l'ins-
titii (le Valence (Espagne), 1851. Prix, 1 fr. 50 c, chez Germer
«aillière, rue de l'Ecole-de-Médecine, 17, Paris.
- 8 -
1° Quand un œil est cataracté et l'autre parfaitement
sain , je ne consens jamais à l'opération , sous quelque
prétexte que ce soit. En effet , si on opère avec succès ,
ia vision des deux yeux ensuite n'en est pas meilleure.
Le champ visuel est plus large , il est vrai , mais la net-
teté de la vue n'a rien gagné. Souvent même il arrive
qu'elle a beaucoup perdu , ce qui s'explique par la dif-
férence réfractive des deux yeux ; de sorte que l'opéré ,
après le succès, voit beaucoup moins distinctement
qu'avant l'opération, et qu'il regrette de s'y être soumis.
Heureusement cependant que, dans cette circonstance, le
cerveau s'habitue peu à peu à faire abstraction de l'im-
pression rétinienne de l'œil opéré . et qu'après une ou
deux années l'œil non opéré sert seul à la vision comme
autrefois.
Si , au contraire , l'opération est suivie d'insuccès , de
fonte purulente et d'atrophie , quels regrets pour l'opéré
et pour l'opérateur ! Il ne reste plus qu'à cacher la dif-
formité par un œil de verre.
2° Quand un œil est cataracté et que l'autre s'entre-
prend , je conseille toujours au malade d'attendre la matu-
rité du second œil pour se faire opérer les deux yeux en
même temps. Je ne fais d'exceptions que si la perspec-
tive d'être aveugle quelques mois influe sur la santé du
malade , qui veut à toute force être opéré de l'œil mûr.
Je fais encore exception, si la cataracte non mûre arrive
à un état voisin de la maturité qu'elle ne dépasse point .
laissant le malade dans un siotu quo intermédiaire à la
vue et à la cécité. Dans ce cas, quand je me suis assm-é
que la cataracte ne fait aucun progrès pendant six mois ,
un an , deux ans même , je me décide à opérer l'œil mûr
le premier. Enfin, on pourrait encore faire exception dans
le cas de cataractes mûres , mais dures et petites, et qui
permettent, surtout en dilatant la pupille, im certain
degré de vision périphéricfae. Certains malades dans
ces conditions redoutent l'opération, dans la cramte que.
si eUe est suivie d'msuccès , eUe ne leur fasse perdre le
peu de vision qui leur reste. Dans ce cas , on pom-rait
opérer l'œil où la vue est la plus faible , et opérer le
second quand on aurait réussi le premier. Au contraire,
si maUieureusemeut il y avait insuccès, ce serait au
malade lui-même de décider pour ou contre une seconde
opération. Je dirai que cette circonstance s'est présentée
- 9 -
très rarement dans ma pratique. D'abord les cataractes
complètement dures , petites , et permettant un certain
degré de vision périphérique , sont assez rares. Sur le
petit nombre que j'ai opérés d'un œil , j'ai toujom-s réussi
au premier œil, de sorte que j'ignore ce qu aurait pensé
le malade au second œil , si le premier eût été perdu ( 1 ).
Mais voici ce qui arrive le plus souvent : de ces malades ,
les ims sont forts de caractère , ennuyés de leur quasi-
cécité , pleins de confiance dans l'opération ; ils se font
opérer les deux yeux en même temps ; les autres sont
pusillanimes , se contentent de leur quasi-cécité , redou-
tent l'opération et restent dans cet état toute leur vie,
se contentant de dilater la pupille pour augmenter im
peu lem- faible vue.
La surdité est encore une circonstance exceptionnelle
qui nécessite l'opération sur un seul œil quand l'autre
est entrepris. En effet , la position où se trouve un sourd
qui devient aveugle est si fâcheuse , si terrible , qu'il faut
tout faire pour éviter cette catastrophe. J'ajouterai qu'il
est très difficile de bien opérer par extraction un sourd
aveugle des deux yeux, puisque, pendant l'opération,
l'ocuhste ne peut lui communiquer sa pensée , lui faire
prendre les positions convenables et l'empêcher d'exécu-
ter des mouvements pernicieux pour l'opération. Si le
sourd n'est que borgne , on peut d'avance lui écrire ou
lui faire comprendre par des signes ce qu'il s'agira de
I faire et de supporter.
Ce cpe je viens de dire s'applique à la surdité com-
plète ou très prononcée. Quand elle est faible ou modé-
j rée, c'est-à-dire que le malade peut entendre en parlant
très haut , je me conduis comme s'il n'était pas sourd.
Ainsi donc, sauf les exceptions ci-dessus , j'opère tou-
I jours les deux yeux dans la même séance (2) , et voici
I les avantages qui découlent de cette manière de faire :
Quand on opère les deux yeux en même temps , on a
_ lli Quand une cataracte est dure, il est extrêmement rare que
l'oxlraction ne réussisse pas; car si l'opération eslliicn laite, il ne
reste aucuns débris de la cataracte.
[1] Il est supertln d'ajoiifor qiie je n'opère qu'un seul œil quand
1 autre est perdu par une afleclion incurable quelconque , ou que
la cataracte commenranle dont il est atteint est accompagnée d'une
amanrose plus ou moins prononcée, que les traitements n'ont pu
améliorer.
- 10 -
des chances nombreuses de réussir sur les deux. Quel-
quefois , il est vrai , on ne réussit que d'un côté ; mais le
malade qui était aveugle se trouve très heureux d'être
borgne. L'opération étant faite dans de bonnes condi-
tions , il n'arrive pas à peine une fois sur vingt d'échouer
sur les deux yeux à la fois. Loin d'admettre que l'opéra-
tion sm* les deux yeux soit une cause d'inllammation
plus forte, j'ai toujours remarqué, au contraire, que lors-
qu'il y avait insuccès sur un œil par une vive inflamma-
tion , l'autre œil ne s'en trouvait que dégagé plus rapi-
dement ; l'œil malade , dans ce cas , joue le rôle d'un
diverlicidum. Il est bon aussi de compter pour quelque
chose le traitement consécutif, qui est assez long, et qui
serait doublement plus long si on opérait les deux yeux
séparément ( le second après la guérison du premier ) .
Quand on opère im œil seulement , on a moitié moins
de chance de rendi-e la vue ; et si on échoue , quand vien-
dra l'opération du dernier œil , le malade sera dans une
inquiétude fâcheuse , perdra le sommeil , et enfin aura
l'esprit assaini de mauvais pressentiments. Le moral
agira sur le physique , et il pourra en résulter une agi-
tation générale , finalement de la fièvre , et une inflam-
mation oculaire plus ou moins grave (1).
Si l'opération du premier œil réussit , il est très rare
que le malade consente à se faire opérer le second. Il
se trouve bien connue cela, redoute les ennuis d'un trai-
tement consécutif ; et vous , opérateur , avez le désagré-
ment de n'avoir rendu que la moitié de la. lumière,
quand vous auriez pu la rendre tout entière.
(11 Les malades cjui consultent un oculiste qui leur conseille
d'attendre la malurilé des deux cntaractes pour les faire opérer eu
même temps , doivent bien se pénétrer de la conviction et de la
probité de ce dernier, puisqu'on les opérant immédiatement d'un
œil, il touclierait assurément des honoraires qui peuvent lui échap-
per par la mort du malade lui-même , arrivée avant la maturité de
la dernière cataracle. Je suis persuadé que pour mon compte je
n'opère pas le dixième des personnes qui me consultent pour une
calaracle complète d'un œil, l'autre étant sain ou seulement nou-
vellement entrepris. Enetlct, ia plupart sont des gens d'un cer-
tain âge; ceux qui ont encore un œil sain peuvent aller ainsi
toute leur vie. Ceux qui n'ont (pi un commencement meurent sou-
vent avant la maturité de leur catarac'.e. J'ajouterai que quelques-
uns s'en vont trouver un autre opérateur qui n'a pas la même
conviction et qui consent à n'opôrcr qu'un œil.
- 11 -
CHAP. III. — CONTRE-INDICATIONS A L'OPÉILVTION PAU
EXTRACTION SUPÉRIEURE.
A. Albugo OU leucoma supérieur au-delà delà pupille.
Je préférerais l'extraction inférieure , parce qu'après la
supérieure, s'il y avait lésion de l'iris ou hernie de cette
membrane , la pupille se trouverait déplacée et entraî-
née en haut.
B. Albugo ou leucoma supérieur couvrant une partie ou la totalité
de la pupille. '
Je ferais encore l'extraction inférieure , en faisant une
perte de substance dans l'iris, de manière à agrandir la
pupille par en bas (1).
C. Synéchies postérieures plus ou moins nombreuses.
Il faut encore faire l'extraction inférieure , à cause de
la difficulté de rompre les adhérences et d'amener le cris-
taUin par la section supérieure (2).
D. Tumeurs lacrymales.
J'ai fait , il y a quelques années , une double opération
par extraction supérieure , sur un homme atteint de
tumeurs lacrymales. Les deux yeux furent perdus par
infiltrj^tion piu-uleute du lambeau et finalement atro-
phiés. Quoiqu'un seul cas (3) ne puisse servir de règle,
j'ai lieu de penser que la matière des tumeurs lacry-
males , reiluant dans les yeux , entre dans les chambres
antérieures et détermine les accidents ci-dessus. Peut-
être par la section inférieure le malheur ne serait pas
arrivé. La déclivité de l'incision et l'humeur aqueuse
(1) Le nommé Tribouillard , opéré par moi àl'liApital Saint-Vin-
cent, nous oflre un exemple de cette particularité. Cet homme, âgé
de soi.\anlc- seize ans, était atteint de deux cataractes ItMiticulalres ;
en outre . le centre de la cornée gauche portait un albugo depuis
1 enfance du malade , laquelle infirmité l'avait exempté du service
militaire sous le nremier Empire. J'opérai l'œil droit par extrac-
tion sui)éricure l'œil gauche par extraction intérieure et iridcc-
lomie inférieure. La vue est très bonne des deux côtés.
l2| Voir, chapitre 12, l'observation Richomme.
(3) Un deuxième événement tout semblable, arrivé cette année,
ne parait pas me laisser de doute à cet égard; aussi je suis
bien décidé à ne plus opérer par en haut cruand il y aura iumeur
lacrymale.
- 12 -
sortant de l'œil jusqu'à la réunion de la plaie se seraient
probablement opposées à l'entrée de la matière lacr^^-
male dans l'œil. Quand les tumeurs lacrymales sont assez
graves pour être opérées , on commence par là , et on
attend leur guérison pour attaquer les cataractes.
E. Ptosis.
Il faut faire l'extraction inférieure avec perte de subs-
tance de l'iris , afin que la pupille se trouve la plus infé-
rieure possible.
F. Simple synéchie antérieure sans opacité marquée, ou avec
opacité légère de la cornée.
On fera l'extraction inférieure. Je reviendrai plus loin
sm* cette complication. (Voir chapitre
GHAP. IV. — CONTRE-INDICATIONS COMMUNES A l'EXTRAC-
TION SUPÉRIEURE ET INFÉRIEURE.
A. Entropions , tricliiasis , granulations , paunus, etc.
Toutes ces affections doivent être traitées et guéries
avant de faire l'opération.
B. Sj'nchisis , iridodonésis.
Contre-indication formelle : faire l'abaissement, le
broiement par la sclérotique ou la cornée , suivant les
circonstances d'âge, d'espèce de cataracte, etc..
C. Tic ou spasme considérable et incurable de l'orbiculaire.
— Nystagmus.
Heureusement cette complication est rare chez les gens
âgés. Le nystagmus accompagne assez souvent la cata-
racte con géniale ; mais comme celle-ci s'opère toujours
à l'aiguille, ce n'est pas un inconvénient: il est toujoui-s
facile de fixer l'œil pendant l'opération.
D. Yeux très saillants.
Assurément, dès que les paupières recouvriraient l'œil,
elles le comprimeraient de manière à le vider plus ou
moins complètement. Je dis assurément , quoique je n'aie
Jamais pratiqué une extraction dans ces conditions; ce-
pendant j'ai la conviction qu'il en serait ainsi. On a re-
- 13 -
cours alors à l'aiguille ou à l'extraction Knéaire , si la
cataracte était assez molle (1) .
E. Absence traumatique ou congéniale de l'iris.
(Voir page 30 de ma brochure 1852 De la Cataracte.
Observation troisième de l'absorption traumatique de
l'iris : M'"^ Gosselin.) Cédant aux instances de cette dame,
j'ai opéré son œil droit , il y a quelques années , par
abaissement. Le cristallin abaissé en masse est remonté
au-dessus del'équateur de la cornée , et la vision était peu
assurée , de sorte que M^^ Gosselin me tourmentait sans
cesse pour l'extraction du cristallin. Je n'ai pas consenti,
et avec raison ; car peu à peu la résorption du cristallin
s'est opérée en quelques années , et actuellement c'est
cet œil qui est le meilleur. Cette dame est un exemple
magnifique de ce que peut faire la nature pour réparer, ou
du moins amoindrir, certaines défectuosités morbides.
Ainsi, l'absence complète des iris faisait voir une énorme
pupille qui donnait à M™« Gosselin un aspect oculaire
singuUer. En outre, il y avait un éblouissement très pro-
noncé ; mais peu à peu la circonférence des cornées de-
(1) Néanmoins, M. Desmares a institué, pour les yeux saillants,
une méthode qu'il appelle extraction sous-conjonctivale, et qui con-
siste à prolonger le lambeau supérieur jusque derrière la con-
'onctive que le couteau continue a inciser, sans toutefois terminer
a section, de manière que le lambeau cornéen ne fait qu'un avec
cette languette de la conjonctive qui le soutient , tout en lui per-
mettant de s'écavter assez pour donner passage au cristallin. Je ne
puis juger cette méthode , ne l'ayant pas mise en pratique ; mais
puisque le lambeau peut s'écarter assez pour laisser passer les
cataractes, n'est-il pas à craindre aussi qu'il laisse passer le corps
vitré ? J'éprouve une certaine hésitalion à entreprendre ce genre
d'oiiération, du reste toute nouvelle. Néanmoins, à cause de la fré-
quence des insuccès des opérations à l'aiguille chez les gens âgés,
s'il se présentait un malade à yeux très saillants et à opérer des
deux yeux, fort de l'expérience de M. Desmares, je pourrais tou-
jours tenter celte opération sur le premier œil , sauf à opérer le
second par un autre procédé en cas de sortie du corps vitré, seul
accident à redouter , car, admettons que la bride conjonctivale
empêche la sortie entière du cristallin et même l'empêche com-
plclemcnt, l'opération sera toujours convertie en opération par
broiement ou division (a).
(a) Depuis que ceci est écrit, le liasard (voir chapitre 13 ) me fit faire
une extraction sous-conjonctivale sans le vouloir. Cet événement m'a
conduit a faire quelques extractions sous-conjonctivales sur des veux
saillants. .le n'ai point perdu d'humeur vitrée; j'ai eu du succès mais
aussi quelques revers. Je donnerai à la fin de cette brochure la descrip-
tion de celte opération. (Voir chapitre 15.)
- 14 -
vint opaque , en laissant le centre transparent, à peu près
large comme une pupille normale, et la vue se maintient
assez bonne pom* lii'e et coudi'e ; et pourtant M""' Gosselin
a une spintéropie très marquée , visible à Toeil nu ; et à
Fopbthalmoscope , Thumeur vitrée est remplie d'une my-
riade de paillettes brillantes.
Ainsi, voici des yeux qui n'ont ni cristallin , ni iris, qui
sont atteints de nystagmus et de spintéropie ; et ces
yeux voient ! ! !
F. Enfance.
L'extraction ne doit jamais être pratiquée chez les en-
fants, à cause de leur indocilité et de la contraction de
leurs paupières, qui amènerait presque toujours la sortie
de l'humeur vitrée. J'en ai opéré de douze à quinze ans,
quand j'étais sûr de leur fermeté. Au reste , l'opération à
l'aiguille et l'extraction linéaire réussistent très bien chez
les enfants.
G. Cataractes congéniales.
Même chez les cataractés de naissance , quoique d'un
âge mûr, rabaissement réussit bien , parce que le cristal-
hn est toujours réduit à un très petit volrnne.
H. Surdité.
Je n'ai jamais opéré de la cataracte des personnes com-
plètement sourdes, mais j'en ai opéré atteintes de surdité
très prononcée, et j'ai éprouvé beaucoup de difficultés ,
parce que les malades n'entendant pas , ou entendant mal
mes paroles , n'exécutaient pas les mouvements oculaires
que je lem- ordonnais, ou en exécutaient d'autres nui-
sibles à la manœuvre opératoire. Quoicp.ie je n'aie jamais
échoué complètement , néanmoins je n'ai eu que des
demi -succès permettant aux opérés de se conduire seuls
et de vaquer à des occupations grossières. Les accidents
survenaient après l'opération , et étaient constitués le
plus souvent par des hernies de l'iris , des suppm-ations
de la plaie , résultat de pression sur les yeux ou de con-
tractions violentes des paupières. Voici les règles que la
prudence me ferait un devoir de suivre dans les nuances
diverses de surdité accompagnant la cataracte :
1° Si la surdité n'est pas telle qu'on ne puisse entendre
une conversation à haute voix , je ne tiens pas compte de
cette infirmité et j'opère comme si elle n'existait pas.
- 15 -
2° Si la surdité était complète ou à peu près , de ma-
nière qu'on ne pût se faire entendre que par des cris , et
que le malade me lut amené pour la première fois avec
les deux yeux cataractés , je ne pourrais alors me décider
à faire l'extraction et j'aurais recours à l'abaissement.
3° Avec ime surdité comme le n° 2, si le malade n'é-
tait cataraclé que d'un œil , le second œil peu avancé et
permettant même une certaine vue , je crois que l'on
pom-rait encore faire l'extraclion , surtout si le malade,
pouvant lire ou comprendre par signes, était assez intel-
ligent pour bien saisir toutes les recommandations qui
lui seraient faites sur son maintien pendant et après
l'opération (l). Cette circonstance est encore une excep-
tion à l'opération des deux yeux à la fois. Il est évident
qu'on ne peut conseiller à un malade de ce gem^e d'at-
tendi-e qu'il soit aveugle pour être opéré. Est-il , en effet,
une position plus pénible qu'un homme complètement
soiu-d et aveugle ? Mais si le malade ne voit pas assez du
second œil, ou n'est pas assez intelligent, il faut se ré-
soudre à opérer par l'aiguille.
4° La surdi-mutité avec cataracte doit être un castrés
rare. J'ai été consulté , il y a trois ans , par un tenem* de
livres âgé de quarante ans , sourd -muet de naissance et
atteint d'un commencement de cataractes. Il est très in-
telligent , et je crois qu'on pourra opérer par extraction
l'œil qui arrivera le premier à maturité , pourvu que
l'autre jouisse d'une vue assez précise pour que l'opéré
puisse comprendre les signes.
5° Si un sourd m'était amené avec deux cataractes in-
complètes au même degré et faisant des progrès iden-
tiques, il faudrait bien se résoudre à le laisser devenir
aveugle pour opérer ensuite les deux yeux à l'aiguille.
6° Enfin, si j'avais affaire à un enfant atteint de surdi-
mutité et de cataractes congéniales , je l'opérerais à l'ai-
gmlle ( sans sa permission , mais, bien entendu, avec
l'assentiment des parents).
Finalement , il est très important d'examiner avec at-
tention l'appareil auditif des sourds de ces catégories, et
(I) 11 y aurait toujours là un inconvénient çiui pourrait nuire
V'"- ou moins à riiciircux résultai de l'opération : c'est que l'on
il obligé (11- ne panser que l'œil opéré ivoir chapitre 18) et de
.■r libre l'œil non opéré, puisque le malade n'aurait pas d'autre
i;n de communication.
1
- 16 -
de s'assurer de leur curabilité ou de leur iiicurainlité. Il
vaut mieux tenter un traitement qui peut être inutile rjue
de négliger d'employer des moyens qui peuvent réussir,
rarement il est vrai , mais quelquefois heureusement. Il
m'est arrivé j)lus d'une fois de rendre l'ouïe à des som-ds
qui venaient me consulter pour des cataractes , amau-
roses , ou autres alléctioiis des yeux , et qui , habitués
à leur état de surdité qu'ils croyaient incmable , ne
demandaient même pas que je visitasse leurs oreilles.
I. Affeclions du cœur et des voies respiratoires.
Si le malade est atteint d'une affection curable ou seu-
lement améliorable , on attend la guérison ou l'amého-
ratiôn pom^ pratiquer l'opération. Mais si le malade est
atteint de suffocation , dyspnée , quintes convulsives ,
permanentes et incurables, il faudrait d'abord avoir
égard à l'âge du malade et à l'espèce de cataracte. Jusqu'à
quarante-cinq et cinquante ans et avec des cataractes
plus ou moins molles , on pourrait employer l'aiguille.
Passé cinquante ans, il faudrait faire l'extraction. L'âge
que je donne ici n'est qu approximatif, et c'est à l'opéra-
teur à juger avec discernement; car tel individu bien
conservé est plus jemie avec ses cinquante-cinq à
soixante ans que tel autre usé avec sés quarante-cinq ù
cinquante ans (1).
J. Épilepsie , liystcric.
Si les attaques ne se succèdentqu'àplusdequinze jours,
il faut opérer par extraction et faire l'opération le lende-
main d'une attaque. Mais si les attaques se succèdent à
moins de douze jours , il faut renoncer positivement ù
l'extraction et recourir à l'aiguille. On comprend que
(!) J'ai fait cpielques opérations cliez des malades atteints de
bronchite chronique (catarrhe), mais je n'en ai pas encore opéii-
avec les mauvaises conditions que je viens d"cnonccr. J'ai été der-
nièrement consulté par un propriétaire, M. Amory, soi-xantc-
quinze ans, a 13érengeville-la-Campagne (Eurei, pour des cataractes
dures. Ce monsieur est alleclé d'un asthme avec toux, qui l'oblif^c
de fumer dnsiramonium une parlie de la unit et de se tenir sur son
séant. Après avoir pesé les mauvaises chances d'un abaissement et les
inconvénients que peut avoir l'aslhme sur les suites de l'extraction,
j'ai décidé consciencieusement que j'aurais recours à l'extraction
supérieure [a].
{n) Depuis que ceci est. écrit, j'ai opéré M. .-Vmory pur exlracLiou supc
rieureeii décembre ISjS, cMe succès a clé des plus satisfaisants am
deux yeux.
- 17 -
lans une attaque d'épilepsie , le lendemain ou quelques
ours après une extraction , la contraction convulsive
les muscles oculaires ouvrirait la plaie de la cornée , vi-
ierait l'œil , ou déterminerait une hernie considérable
le l'iris, etc., etc.
K. Névrose, fluxion et carie dentaire.
On ne doit faire l'opération qu'après la cessation de
:es accidents , et si une dent laissait des soupçons , on
ievrait en faire pratiquer l'avulsion. Ceci est très impor-
-ant , surtout si on se rappelle que les nerfs dentaires
3roviennent du même tronc nerveux, la cinquième paire,
lui fournit aussi l'ophtlialmique. Tout dernièrement, une
lame d'Evreux , M'°« Roger , âgée de soixante-seize ans ,
'ut opérée par moi. Le premier œil (le gauche) présenta
es circonstances suivantes pendant l'opération: bles-
mre de l'iris en haut avec perte de substance, d'où
ieux pupilles. Je divise le pont avec mon couteau- ser-
Dette, pour ne faire qu'ime pupille de la naturelle et de
'artificielle. La cataracte, étant moUe, ne sort qu'en par-
.ie; il faut aller chercher le reste avec la curette. Aucune
nflammation ne sm'vient dans cet œil, la vue est excel-
ente, et M"^« Roger ht le plus lin imprimé. Le second
Eil (le droit) fut opéré sans aucune lésion et avec la plus
p?ande précision. Quelques jours après l'opération , une
lent gâtée devient douloureuse , une fluxion dentaire
survient; irradiation vers l'œil, iritis, et formation ulfcé-
ieure d'une fausse cataracte qui rend la vue de cet œil
.rès imparfaite. Cet œil néanmoins est susceptible d'une
)onne vision par l'extraction de la fausse membrane ou
a formation d'une pupille artificielle. J'ajouterai que
'iritis ne céda qu'après l'avulsion de la dent gâtée.
L. Névralgies frontales , faciales, etc.
Ces affections sont une contre-indication encore plus
)0sitive pour l'abaissement que pour l'extraction ; car
a présence du cristallin déplacé dans l'œil augmenterait
«rtainement la névralgie, qui, eUe-même, s'étendrait à
'œil, qui deviendrait presque à coup sûr glaucomateux
îtamauro tique. Néanmoins, pour l'extraction , on devra
nettre en usage les traitements appropriés aux névral-
gies, et si on ne peut les guérir radicalement, on fera
/opération dans un moment de rémission.
- 18 —
M. Vomissemenls , éternùments.
accidents ne pouvaient être éloignés, il faudrait
■ a lextraction.
N. Corps étrangers.
Quoique la présence d'un corps étranger soit une
contre-indication pom^ n'importe quel procédé opéra-
toire, et à plus forte raison pour l'extraction , puisque
après cette opération les yeux restent presque constam-
ment plusieurs jours sans être visités , eUe poiu-rait cer-
tainement être placée hors de la ligne de compte ; car
aucun chirurgien , sachant un corps étranger dans la
cornée , la conjonctive ou les paupières, ne s'avisera
d'opérer la cataracte avant de l'avoir extrait. Cepen-
dant , quand on aura lu la fâcheuse , quoique drôle .
observation suivante , on sera convaincu de l'utihté
d'un examen minutieux préalable à l'opération, afin
de s'assurer si les yeux du futur opéré sont , oui ou non,
exempts de corps étrangers.
M. Thierry, cinquante- cinq ans , cultivateur à Crestot
(Eure), aveugle depuis plusiem-s années par deux cata-
ractes demi-moUes , se décida enfin à me consulter, et
jour fut pris pour l'opération. Arrivé chez le malade , je
trouvai les yeux en bon état , sans aucune inflammation
et bons à opérer. J'entrepris l'extraction supérieure, mal-
gré leur petitesse et leur enfoncement exagéré , tel
même que je n'en avais jamais observé. Je commençai
par l'œil gauche. Arrivé à la contre-ponction, malgré ma,
fourchette fixatrice , la cornée se cacha en entier dans|
l'angle interne ; je dus retirer mon couteau , j'en intro-i
duisis un autre boutonné (voir chapitre 13); je ponc-;
tionnai la cornée avec la pointe d'un autre couteau tenu/
de la main gauche sur la pointe mousse du boutonné ,
et je pus ainsi terminer la section de la cornée. Mais il
fallut une pression considérable (1) pour faire sortir le
cristaUin , à tel point que je craignais qu'il ne fût sui\ i
delà sortie instantanée du corps vitré. Néanmoins l'opé-
ration fut suivie d'un heureux résultat de ce côte .
(1) Dans toute opération par extraction , pins l'œil est enfoncé,
plus la pression doit cire forte pmn' l'aire sortir le cristallin ; cela
dépend de ce (lue le muscle orbicuiaire a moins de prise sur lo
globe, de même que les muscles droits, qui eniboitcnl davantage un
œil saillant.
- 19 -
M. Tliierry pouvant lire et se livrer à ses travaux ordi-
naires. Après avoir procédé au pansement de l'œil gauche,
j'attaquai l'œil droit, et, averti par ce qui venait de m'ar-
river, j'enfonçai la fourchette fixatrice plus près de
l'angle interne', de manière à dé^der l'œil passable-
ment en dehors. La section de la cornée fut faite avec
la netteté et la précision la plus exacte ; la capsule fut
ouverte, et j'établis une pression assez forte pour faire
sortir le cristalhn, qui , cependant, ne se présentait pas.
Tout-cà-coup , le voilà ! fut l'exclamation de tous les
assistants et du confrère qui me servait d'aide. En effet,
une masse opaline , ovale et écrasée venait d'apparaître
au-dessus du bord supérieur de la cornée ; cette masse
ressemblait à s'y méprendre à un cristallin aplati et
allongé ; mais moi , qui étais plus proche de l'œil que
les assistants , et qui étais sûr que la plaie cornéenne
n'avait pas bâiUé , et que , par conséquent , la masse
présente ne sortait pas du globe, je m'écriai que ce n'était
pas la cataracte. Je saisis cette substance avec la cm-ette,
et je montrai aux spectateurs étonnés un grain de blé
germé et gonflé que le malade avait conservé pen-
dant plusieurs semaines dans le cul-de-sac rétro-tarsien
^supérieur, sans en être nullement incommodé. (Il se
[rappela parfaitement qu'en battant du blé il lui en était
pauté dans l'œil , mais il pensait bien qu'il n'y était
plus. ) Je retournai à l'œil , et, après plusieurs pressions
graduées et faites avec ménagement , je fis enfin sortir
pla v&riiable cataracte. Eh bien ! cet œil , qui fut beaucoup
femieux opéré que le premier, fut atteint de phlegmon ,
et finalement d'atrophie. Voici comment j'exphque cette
malheureuse terminaison : pendant les quelques semaines
qu'avait séjourné le grain de blé au cul-de-sac oculo-
palpébral , il avait fait son trou et s'était sans doute
mkysté ; après sa sortie , il en était résulté une plaie qui
avait suppuré ; le pus avait passé dans la chambre anté-
rieure et amené fatalement la fonte purulente.
Cette observation nous montre qu'il est important de
retourner les paupières et d'examiner les culs-de-sac
oculo-palpôbraux avant de faire l'opération ; et si. im
cas semljlable au précédent se présentait , après avoir
extrait le corps étranger, on remettrait l'opération à
luelques semaines plus tard.
- 20 -
0. Tonnerre et éclairs.
Si , au moment de pratiquer l'opération , il survenait
un orage avec tonnerre et éclairs, il faudrait en attendre
la fm, ou remettre l'opération à un autre jour ; car, outre
(pie pendant l'opération l'apparition brusque d'un éclair
pourrait faire faire à l'opéré des mouvements brusques
préjudiciables à la bonne exécution du manuel opéra-
toire , il pourrait aussi arriver que , chez un malade
pusillanime , l'émotion et les secousses nerveuses pro-
duites par la foudre occasionnassent une contraction
spasmodique des muscles , susceptible d'amener une
sortie du corps vitré ou une hernie de l'iris , même
quelques heures après l'opération.
P. Staphylômes pellucides.
Cette affection , rare par eUe-même , devient d'une
rareté exceptionnelle quand elle est accompagnée de
cataractes , et je ne me souviens pas d'en avoir vu d'ob-
servations dans les livres. Quoiqu'un seul fait prouve
généralement peu de chose , cependant j'y attache une
certaine importance , puisque , sur une série de qua-
rante et quelques individus (1) opérés par moi de la .
cataracte aux deux yeux , le seul malade qui perdit la ,
vue est la malheureuse femme qui fournit l'observation
suivante :
jVIme Goret , cinquante- quatre ans , à Quincampoix;
( Seine -Infériem'e ) , était venue à mon dispensaire plu- -
sieurs années auparavant, au sujet d'une difficulté
extraordinaire pour reconnaître les objets , quoique les
yeux reçussent une grande quantité de lumière. Les
staphylômes translucides étaient si prononcés , que je
les reconnus au premier aspect. Les cornées avaient
toui-à-fait la forme conique de ces clous qui garnisse ut
les fauteuils antiques. La myopie était si prononcée , que
(l) Sur ces cpiaranlc cl quelques opérés, un petit nombre, ne
voyant que d'un œil, pourront recouvrer la vue dans l'autre par nue
pupille arlilicielle. Trois ou quatre environ ont un œil comploto-
meut perdu ; mais comme je l'ai dit ailleurs , quand un uvtmjlr
deviinl borgne, il doit. s'<slwicr heureux.
J. LEl'ORT : De h\ Gatahacte , mémoire couronne par 1 Institut
de Valence (Espagne), page 9 (i/eo<S'- concours) ; ou traduction
espagnole : De la Catarata , por D. Julio LEPORT, preraiuda por
cl Institulo medico Valenliano, pagina 1.
- 21 -
les verres biconcaves n° 3, les plus forts que je possé-
dais , amélioraient à peine la vue. (Je crois que , dans
cette circonstance , des verres plans du côté de l'œil , et
façonnés en cône creux à l'extérieur , auraient rendu la
vue nette; mais il eut fallu avoir un habile fabricant
sous la main , rempli de bon vouloir et de charité , et
qui ne serait arrivé fpi' après plusieurs tâtonnements.)
En examinant les yeux de plus près (l'oplithalmoscope
n'était pas encore découvert ) , je découvris un com-
mencement de cataracte dans chaque œil. Finalement ,
après plusieurs années, les cataractes arrivèrent à matu-
rité ; elles étaient lenticulaires demi-molles. Les staphy-
lômes étaient les mêmes. A la fin de mars 1858 , je fis
l'opération sm- les deux yeux. Tout se passa bien pour
le moment ; mais au bout de cinq jours , levée du pre-
mier appareil , je trouvai les cornées entièrement infil-
trées de pus , et nécessairement la fonte oculaire fut la
terminaison malhemmise de cette double opération. La
femme qui gardait l'opérée avait eu l'imprudence ,
malgré mes recommandations, de tenir les rideaux tout
grands ouverts. Mais je ne puis attribuer assurément la
suppuration à cette cause, vu que l'opérée avait la face
tom-née à l'opposé de la fenêtre, et qu'en outre elle avait
sa cravate noire par dessus les bandelettes (1).
Le changement de structure et de forme des cornées
dans cette afléction a-t-il été la cause de la fonte ocu-
laire ? Je ne puis répondre que peut-être , puisque l'on
voit quelquefois cet accident survenir après les opéra-
lions les mieux faites , sur des yeux les mieux condi-
tionnés , et chez des opérés qui ne font aucune impru-
dence.
Toujours est- il que, si jamais pareil cas se représentait
(1) Le funeste résultat de celte opération est doublement à re-
gretter : 1" pour le sujet de cette observation, dont la vue est per-
due pour toujours; 2° pour l'opbthalmologie, qui se trouve privée
de la connaissance d'un fait peut-être unique dans les annales de
la science. Il ei'it été exirèmenient curieu.x^ d'observer l'étal de la
vision chez cette femme , si l'opéiation eût éU. suivie de succès.
L'absence du cristnliin, au lieu do porter préjudice à la vision, l'eût
sensiblement améliorée, et on aurait ou l'exemple d'une opérée de
la cataracte se servant de verres concaves. En effet, l'extrême
conicilé des cornées, jointe à ce fait que le u" 3 biconcave amélio-
rait à peine la vision (avant la formation des cataractes), donne lieu
de supposer que la myopie eût clé encore très considérable après
l'extraction des lentilles.
- 22 -
dans ma pratique , je me conduirais de la manière sui-
vante : avant de faire l'opération , je ferais part du cas
âmes confrères ophthalmologues dans les Annales d'Ocu-
listiquc ., afin que si un ou plusieurs ji' entre eux avaient
par devers eux des observations semblables , ils eussent
la bonté de m'éclairer de leur expérience. Si aucun n'en
avait de concluante , j'opérerais un seul œil encore par
extraction supérieure. Si je réussissais , j'en ferais de
même pour l'autre œil; sinon , j'emploierais l'aiguille à
la dernière opération.
Quant à certaines contre-indications indiquées dans
certains livres , telles que : gerontoxon , défaut de
chambre antérieure , enfoncement prononcé des yeux ,
elles n'en sont pas pour moi. J'ai opéré bon nombre de
cataractés en même temps porteurs de gerontoxons
( entre autres M™^ Lafosse , d'Elbeuf , âgée de soixante-
seize ans , dont les gerontoxons étaient si prononcés ,
qu'il ne restait de transparent à la cornée que s
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